Le 6 octobre courant, vingt-cinq minutes et douze secondes on suffis pour que la chaîne « arabe » Al-Hurra du gouvernement américain diffuse en direction d’Afrique du Nord et des pays du Proche-Orient sont « enquête » sur la lutte identitaire des « peuples amazighs au Maroc et en Algérie ».
L’émission d’investigation élaborée par Nesrine Ajjab présente « les Berbères comme descendants des Maghrébins qui existaient bien avant l’arriver des Arabes ». ce sont donc les habitants de l’Afrique du Nord vivant en communautés dispersées entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Lybie, l’Egypte, le Mali, le Niger et la Mauritanie parlant différents dialectes amazighs, qui sont confortés à une lutte identitaire.
Douze minutes et cinquante seconds sont consacrés aux Amazighs du Maroc et on démarre d’une citadelle tamazight située dans les environs d’Agadir (sur l’Atlantique) pour arriver à la carte du « monde amazigh » d’un des Congrès mondiaux amazigh. Pour cela on interroge l’Egyptien et membre de l’Union des historiens arabes, Muhammed Rifaat Al-Imam qui estime que « les Amazighs comptent parmi les peuples les plus anciens de la planète » et qu’ils ont été exposés au risque d’extinction de leur identité, une menace qui leur a été imposée par les différentes civilisations et Empires successifs et qui « perdure encore aujourd’hui », selon ce que croient dires les observateurs.
Les douze minutes soixante-douze secondes qui suivent forment le second volé de l’émission arabe de la chaîne qui émet depuis la ville de Springfield « capitale des Simson », sont consacrées à la lutte pour l’identité amazigh en Algérie depuis 1980 jusqu’à ce jour.
Pour illustrer cette question on fait appel au rapport de l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient en date du 17/6/2017, émanant d’une institution pro-israélienne et qui considère que « la culture berbère a souffert de restrictions et de déni, et de tentatives de l’intégrer dans le groupe national arabe formé, ce qui est semblable à l’expérience kurde au Proche-Orient ».
L’investigation en question donnant la parole à Mohamed Handayen, un marocain à la tête d’un Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique, qui considère que « les Romains ont essayé de romaniser le peuple amazigh, les Français ont essayé à leur tour de le franciser, et les nationalistes arabes ont également essayé de l’arabiser idéologiquement » mais, n’en demeure que ces derniers sont restés un peuple ouvert à l’assimilation de toutes les cultures sans pour autant abandonner leur identité originelle.
Amani El-Washahi, la vice-présidente d’un des CMA et dans un arabe bien machreqi, déclare de son côté que « ce mouvement amazigh est venu afin de faire revivre l’identité amazighe, pour lutter contre l’assimilation au sein de l’identité arabe, qui nous a été imposée par la force.» Et d’ajouter que « nous luttons pour nous imposer. Nous luttons pour dire : Non, j’existe. J’ai bien une identité bien distincte. Je suis Amazigh et c’est mon droit. Je ne suis pas arabe. »
Le clou de l’émission a été certainement le passage de Brahim Belabaci « Axel », présenté comme un conseiller du GPK et triplement condamné par la justice en Algérie et qui depuis son exil en France raconte dans un parfais arabe que, « quand je suis entré à l’école pour la première fois, j’ai découvert l’existence d’une langue appelés l’arabe. J’ai moi-même vu des élèves battus en classe parce qu’ils parlaient la langue kabyle ». Avant d’ajouter qu’il est difficile « de contrôler ses sentiments quand on est jeune. Oui, parfois on se sent inférieur, on a aussi l’impression d’être complexé ». pour lui, « l’Algérie a essayé par tous les moyens, et essaie encore aujourd’hui, d’abolir cette identité amazighe en Algérie » et que sans la lutte et la détermination des peuples amazighs, « en particulier le peuple kabyle, je pense, précise-t-il, nous ne serions pas encore là à perler aujourd’hui d’une question appelée la question amazighe ».
Pour Al-Hurra, l’Algérie a été témoin de nombreux affrontements entre l’Etat et les Amazighs et c’est au professeur-associé marocain auprès du Williams College du Maine, Ibrahim El-Guabli de déclarer dans un arabe littéraire de comparatiste, que « l’indépendance de l’Algérie a été une indépendance très sanglante, ce qui signifie qu’elle a été un très lourd héritage et que le mouvement amazigh en Algérie est parti en premier… de Paris. Cela suffit, à mon avis, pour que la réaction des autorités à son égard soit caractérisée par la force, la violence et le rejet ».
On rappelle aussi les événements des différents « Printemps » amazighs à coup de documents des associations anglo-américaines des droits de l’homme et du Washington-Post du 8/4/1980, à travers un reportage de terrain où la police algérienne de l’époque a violemment dispersé 400 manifestants et arrêtés environ 200 personnes à Tizi-Ouzou, mais aussi à l’est de l’Algérie, « au cœur de la race et de la culture berbères », peut-on lire dans le même numéro.
On évoque les années 1990, la grève de 94-95 lorsque « toute la Kabylie a donnée en un an son sacrifice pour la cause amazighe et sa langue » (Belabaci, sic), en passant par l’assassinat de Matoub Lounes jusqu’au « Printemps noir » de 2001, et c’est au professeur en communication de l’Université de Médéa, Hakim Boughrara de considérer que depuis le « Printemps » amazigh de 1980 jusqu’aux événements de 2001, « il y a eu une exploitation politique par une direction idéologique, causée par certains éléments qui avaient des idées extrémistes et essayaient de régler leurs comptes avec les autorités (…) sur ordre de l’extérieur ». Et c’est le MAK qui a été « condamné par la justice algérienne après avoir promu une idéologique séparatiste depuis l’étranger, et sans obtenir de mandat de l’intérieur, face à l’unité nationale qui est une ligne rouge », précise l’intervenant de Médéa.
Après la chaîne arabophone I24 de Tel-Aviv et son « leader » de la guérilla touareg d’Algérie, voici que le lobby médiatique des révoltes printanières bien jaunes, tente d’arabiser une mobilisation pour la question amazighe en Algérie en changeant d’acteurs.
Mohamed-Karim Assouane, universitaire