Samedi 5 janvier 2019
Comment l’Europe et la Libye laissent mourir les migrants en mer (Vidéo)
[Attention : certaines images pourraient heurter la sensibilité des spectateurs.]
Il y a un peu plus d’un an, le 6 novembre 2017, une fragile embarcation sombre en mer avec à son bord 150 migrants partis de Tripoli pour tenter de rejoindre l’Europe. La plupart d’entre eux sont morts. Avec l’aide de Forensic Oceanography – une organisation créée en 2011 pour tenir le compte des morts de migrants en Méditerranée – et de Forensic Architecture – groupe de recherche enquêtant sur les violations des droits de l’homme –, le New York Times a retracé le déroulement de ce drame, dans une enquête vidéo extrêmement documentée.
Depuis l’accord passé en février 2017 entre la Libye et l’Italie, confiant aux autorités libyennes le soin d’intercepter les migrants dans ses eaux territoriales, le travail des ONG intervenant en mer Méditerranée avec leurs bateaux de sauvetage est devenu extrêmement difficile. Ces dernières subissent les menaces constantes des gardes-côtes libyens, qui, malgré les subventions européennes et les formations qu’ils reçoivent, n’ont pas vraiment pour but de sauver les migrants de la noyade. Ainsi, en fermant les yeux sur les pratiques libyennes régulièrement dénoncées par les ONG, l’Europe contribue à aggraver la situation et précipite les migrants vers la noyade, s’attache à démontrer cette enquête vidéo publiée dans la section Opinions du New York Times. Un document traduit et sous-titré par Courrier international.
Selon les auteurs de la vidéo, les gardes-côtes n’ont pas vraiment pour objectif de sauver les migrants proches de la noyade et compliquent l’intervention d’ONG de sauvetage en mer, comme Sea-Watch, une organisation allemande, présente ce jour-là. La vidéo montre ainsi le bateau des gardes-côtes se rapprocher trop près du canot, si bien que des migrants meurent noyés entre les deux embarcations. Aucun canot de sauvetage n’est mis à l’eau. Puis les marins libyens jettent des projectiles contre les humanitaires venus sur les lieux, avant de maltraiter les rescapés montés à bord. Parmi ces derniers, certains choisissent même de repartir dans l’eau plutôt que de rester sur le bateau, tandis que les autres seront ramenés en Libye, où ils seront maintenus dans des camps de détention, dans des conditions généralement déplorables.