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Comores : Me Saïd Larifou suspendu, il dénonce une manœuvre politique du régime Azali

Me Saïd Larifou

Le climat politique aux Comores s’alourdit encore. Le Conseil de discipline du barreau de Moroni a suspendu pour deux ans l’avocat comorien Me Saïd Larifou, ancien bâtonnier par intérim et ex-membre du Conseil de l’Ordre. L’intéressé dénonce une décision motivée par des considérations politiques et accuse directement le président Azali Assoumani d’être derrière cette sanction.

Selon la décision, il est reproché à Me Larifou d’avoir utilisé, sur son papier à en-tête, ses anciens titres professionnels et de s’être absenté trop longtemps du territoire. L’avocat rejette ces arguments. Il affirme être à jour de ses cotisations ordinales, rappelle avoir été élu au Conseil de l’Ordre alors qu’il vivait déjà à l’étranger, et précise avoir régulièrement donné procuration pour participer aux élections internes.

Dans un communiqué publié depuis Paris, où il réside actuellement, Me Larifou parle d’« accusations fallacieuses » et d’une sanction qui « n’a rien de disciplinaire ». Selon lui, l’Ordre des avocats est instrumentalisé pour faire taire les voix critiques. Il rappelle également avoir échappé à une tentative d’assassinat en mars 2019 et considère que cette nouvelle décision s’inscrit dans « la continuité des manœuvres du régime ».

L’avocat souligne qu’il a saisi des juridictions contre le chef de l’État et certains de ses proches pour « crimes économiques et assassinats ». Il estime que la sanction porte « la marque d’Azali Assoumani ». Face à cette suspension, il a interjeté appel et se dit déterminé à poursuivre son combat « pour la justice, la liberté et la démocratie ».

En parallèle, Me Larifou prépare son inscription au barreau de Paris ainsi que dans un autre barreau africain, afin de poursuivre son activité « au service des Comoriens partout dans le monde ».

Cette affaire survient alors que l’opposition accuse le régime Azali de dérive autoritaire et d’instrumentaliser les institutions à des fins de répression. Pour les soutiens de l’avocat, cette suspension illustre une nouvelle tentative de museler les voix dissidentes. En attendant l’issue de son appel, Me Larifou affirme que « rien ne [le] fera reculer ».

Mourad Benyahia 

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