Pour une première signature d’un contrat d’association entre l’italienne ENI et Sonatrach en application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures 19-13, peut-on parler d’un début prometteur ?
En effet, après plusieurs mois de négociation dans le cadre des Memorandum of Understanding(MoU), il n’est pas exagéré de qualifier cet événement « d’une montagne qui a accouché d’une souris » Pourquoi ? Cette loi qui avait coulé tant d’encre était censée ramener des investisseurs dans des zones non encore explorées pour augmenter le taux de prospection et de recherche et, partant occuper la partie du domaine minier évalue à 1,750 millions de km2 et qui n’est exploitée qu’à peine 40% soit 60% de libre.
Ce premier contrat s’est limité comme d’habitude à se rapprocher des champs et des installations existants. Ainsi Sonatrach après avoir exploré, précisé évalué des réserves et les portées dans son portefeuille d’activité, cède une partie « tout bénef » pour des broutilles de quelques forages et d’un raccordement aux installations dont elle est à 51% propriétaire. Ce n’est pas la première fois mais s’ajoute au fameux accord sur Menzel Ledjmet Est (MLE).
Il s’agit maintenant de la partie Sud du gisement de Berkine lui-même considéré comme zone d’activité fortement prisée notamment par les italiens pour augmenter leur production en Algérie.
Qu’en est-il dans les faits
D’abord relevant ces curieuses nuances de taille : Sonatrach parle d’un nouveau contrat d’hydrocarbures sous l’égide de la nouvelle loi sur les hydrocarbures 19-13. Il vise selon le communiqué de Sonatrach « la réalisation d’un ambitieux programme pour la relance des activités d’exploration et de développement dans la région du bassin de Berkine et prévoit la réalisation d’un hub de développement de gaz et de pétrole brut à travers une synergie avec les installations existantes du périmètre 405b. »
En revanche, celui de l’italienne ENI parle lui « de mettre en œuvre un programme ambitieux de relance des activités d’exploration et de développement dans la région du bassin de Berkine et prévoit la création d’un pôle de développement de gaz et de pétrole brut en synergie avec les installations MLE-CAFC existantes. Cet accord s’inscrit dans le cadre du processus de finalisation d’un nouveau contrat d’hydrocarbures dans le bassin, sous l’égide de la nouvelle loi pétrolière algérienne entrée en vigueur en décembre 2019. »
Cela voudra dire que Sonatrach qui s’adresse à l’opinion publique tente de montrer que la nouvelle loi commence à ramener des investisseurs en exploration et le second lui qui s’adresse à ses actionnaires leur fait savoir qu’il s’agit de mettre en œuvre un accord déjà discuté par le passé afin de l’adapter aux nouvelles dispositions fiscales très favorables au groupe Italien. Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a rien à explorer au bloc 405b, toutes les réserves sont déjà comptabilisées dans le portefeuille de Sonatrach et cet accord qui vise à créer un Hub (nœud) pour capter les gaz associés va encore les affaiblir.
Il est donc difficile de voir ici où se situe le gain de Sonatrach pendant que celui d’ENI sans un effort d’investissement conséquent partagera la rente du gaz ainsi capté que Sonatrach à mis des années pour le développer en effort propre.
Dans les faits cette action coordonnée des services que les deux communiqués appellent « synergie » consiste à un simple branchement de la partie Ouest (MLES) qui appartient entièrement à Sonatrach à MLE ( Menzel-Ledjmet Est ) qui appartient à ENI dans son unité de séparation de la partie liquide du gaz associé et partager le tout avec Sonatrach pour l’exporter au détriment de la réinjection pour le maintien du gisement MLES tout en profitant de faire fonctionner les installation d’ENI à MLE qui manque de pression nécessaire.
Rappelons juste pour mémoire qu’en 2016, Sonatrach avait entamé le raccordement de 6 puits qui ont mis en évidence du gaz 100% lui appartenant. Ils sont situé à l’Ouest du champ MLSE et satellites du bloc 405 dans le cadre de l’association Sonatrach /Pertamina et voulait utiliser la « spare capacité » du train MLE qui dispose d’une capacité de traitement de 9 millions de m3 /jour mais ne traite que 3,5 millions/jour. Or ces 6 puits allaient donner une production de l’ordre de 4 millions de m3 / jour de gaz appartenant à 100% à Sonatrach.
Cette dernière allait prendre en charge tous les travaux de raccordement et payer uniquement les frais de traitement. Aujourd’hui dans ce contrat signé qui vient d’être signé, Sonatrach va plutôt partager avec ENI, laquelle société ne va rien ramener de particulier car tous les travaux, études et forage ont été déjà réalisés. Alors ! De quelle exploration et développement parle t- on ?
Rabah Reghis
Lecture Complémentaire sur le sujet
https://sonatrach.com/presse/sonatrach-et-eni-renforcent-et-diversifient-leur-cooperation
https://www.aps.dz/algerie/107308-communique-de-la-reunion-du-conseil-des-ministres