Site icon Le Matin d'Algérie

Controverse sur la libération de Sansal : Ahmed Attaf minimise l’impact sur les relations algéro-françaises

Boualem Sansal

Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison, a été gracié il y a quelques jours.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi pour la première fois à la controverse suscitée par la libération de l’écrivain Boualem Sansal, tentant d’en désamorcer la charge politique et d’en minimiser les effets sur les relations entre Alger et Paris.

S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue, mardi 18 novembre,  à Alger, M. Attaf a appelé à « ne pas donner à cet homme plus qu’il ne mérite », en référence à la polémique née de son élargissement le 12 novembre. Il a insisté sur le fait que les liens entre l’Algérie et la France sont « plus grands que cette personne », estimant que ce dossier judiciaire ne saurait infléchir la nature du dialogue diplomatique entre les deux pays.

Cette prise de position constitue la première réaction publique d’un haut responsable algérien depuis la remise en liberté de Sansal, incarcéré près d’un an. Elle intervient au moment même où l’écrivain, accompagné de son épouse, était reçu au Palais de l’Élysée par le président Emmanuel Macron.

Cette réception, en plaçant la figure du romancier franco-algérien au centre de l’attention présidentielle, renforçait le message adressé à Alger : si Paris salue la décision algérienne, elle entend également rappeler l’enjeu des libertés — liberté d’opinion, dissidence intellectuelle, droits fondamentaux — qu’elle estime avoir été au cœur de cette affaire.

Dans son communiqué, l’Élysée s’est dit « heureux » de cette libération qualifiée de « moment d’émotion et de joie, rendu possible par une méthode faite de respect, de calme et d’exigence ». Le texte, empreint de finesse diplomatique, salue la dignité et la force morale d’« un grand écrivain » et adresse ses « plus sincères remerciements » à ceux qui ont contribué à ce dénouement, tout en rendant hommage à « la décision prise par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune de lui accorder sa grâce ».

Dans la foulée, l’Elysée insiste  sur un dénouement heureux de l’affaire du journaliste Christophe Gleizes incarcéré a Tizi-Ouzou et dont le procès pour « apologie de terrorisme » est prévu le 3 décembre prochain à la Cour de justice de la même ville.

Le geste du chef de l’Etat algérien, valorisé par Paris, apparaît comme un signal de détente dans un contexte où les deux capitales cherchent à préserver un processus de dégel engagé depuis plusieurs mois. Ahmed Attaf a d’ailleurs tenu à rassurer sur l’état du dialogue bilatéral, affirmant qu’un « processus de communication » demeure actif malgré les tensions latentes. Il a ainsi tenté de relativiser l’ampleur des répercussions que pourrait engendrer l’affaire Sansal sur la trajectoire des relations algéro-françaises.

Rappel des faits

Boualem Sansal avait été interpellé le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, après des déclarations accordées au média en ligne d’extrême droite Frontières, jugées attentatoires à l’intégrité territoriale de l’Algérie, notamment concernant l’ouest du pays. Il avait été placé en détention provisoire.

Le 27 mars 2025, le tribunal d’Alger l’a condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à l’unité du territoire national, une peine confirmée en appel le 1er juillet.

Une libération à dimension diplomatique

La remise en liberté de l’écrivain résulte d’une intervention diplomatique : le président Tebboune a accordé la grâce en réponse à une requête de son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, afin de permettre à Sansal de bénéficier de soins médicaux en Allemagne. 

Aussitôt élargi, Boualem Sansal a quitté l’Algérie pour Berlin avant de rejoindre Paris, où il a été reçu par le président Macron.

Tous ces  faits ont été largement commentés en Algérie,  suscitant des commentaires sur fond de controverse et d’incompréhension sur les réseaux sociaux.

Samia Naït Iqbal

Quitter la version mobile