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Coronavirus : khawa-khawa… vers une fraternité humaine effective ?

TRIBUNE

Coronavirus : khawa-khawa… vers une fraternité humaine effective ?

Que la terre paraît belle en ces temps de confinement de la moitié des hommes ! Elle se repose de nous, la pauvre, qui l’avons mise à rude épreuve en un demi-siècle plus qu’elle n’en a connu depuis le Déluge (le plus grand tsunami de l’histoire).

Nous sommes vraiment peu de chose quand on considère ce à quoi nous a réduits le Covid-19. Mais nous sommes de dangereux coupables au vu de ce que nous avons fait à la Terre en si peu de temps. Censés être les successeurs de Dieu sur la terre selon une expression coranique, nous œuvrions vaillamment à la rendre inhabitable contre des avantages calculés à hauteur de vue d’un Donald Trump. Quatre à huit ans. 

Combien de temps tiendrions-nous si Covid-19 s’entête à nous confiner chez nous pour l’empêcher de prendre possession de nos poumons et de notre planète ? A partir d’un certain délai, inférieur à une année, les chances de mourir d’autre chose que de ce virus (enrayement de tous les mécanismes économiques, dislocation sociale, désordre mondial, recours à la violence des individus et des Etats…) contraindront le monde à vivre avec lui quel que soit le prix à payer qui sera, en tout état de cause, inférieur à celui engendré par un chaos universel.

On ne sait pas si on est à la veille de la fin du monde, mais tout le monde espère au fond de son lit une nouvelle chance, un nouveau départ, et rêve d’être bientôt à l’aube d’une renaissance qui verrait l’espèce humaine se repentir de son deuxième péché capital et se lancer dans l’édification d’un nouveau monde sur de nouvelles bases morales, économiques, politiques et internationales que celles du monde d’avant Covid-19.

Le Coronavirus est, de ce point de vue, une aubaine pour les hommes. Il est en train de changer leur manière de vivre et de penser : comment concilier à l’avenir intérêt collectif et chacun pour soi à l’intérieur des sociétés et dans les relations internationales ? Peut-on vivre avec le capitalisme, le nationalisme et la démocratie tels que pratiqués jusqu’ici ? L’ancienne vision de Dieu, de la raison d’être de l’homme sur la terre et de la relation aux autres peut-elle perdurer encore ?

Les Chrétiens, les hindouistes (chez qui se fabriquent la chloroquine, notamment), les Bouddhistes, les Israélites, les « Infidèles », les savants sans religion, tous travaillent sans relâche à mettre au point le moyen de sauver l’humanité. Quand ils l’auront trouvé, quand le danger sera passé, nous autres musulmans devrions certes remercier Allah mais aussi cesser de le prier dans nos « dou’âtes » de précipiter en enfer les non-musulmans. Ce sera notre premier apport à cet idéal prôné par chaque religion en parole mais combattu par chacune dans les faits.

Il n’y a finalement pas que les tremblements de terre, les tsunamis, les éruptions volcaniques, les météorites et les plaies infligées à l’Egypte au temps de l’exode des Juifs comme modes opératoires de Dieu pour précipiter la fin du monde. Il y a aussi Covid-19 et demain peut-être un autre de ses congénères.

Le monde n’en est vraisemblablement pas à sa fin mais il est engagé dans un tournant qui, s’il n’est pas bien négocié, s’achèvera en embardée. Si nouveau départ il y aura, il devra s’élever sur un ordre éthique universel qui unifiera les hommes en faisant converger leurs représentations mentales, leurs religions, leurs cultures, leurs enseignements, leurs intérêts, leurs droits et leurs devoirs vers de mêmes idéaux et une fraternité universelle. L’«Enrichissons-nous de nos mutuelles différences » du siècle dernier a vécu, il faut au contraire s’en corriger. Une telle tâche pourrait être accomplie avant la fin du siècle.

Auteur
 Nour-Eddine Boukrouh

 




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