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Covid-19 : baromètre de l’interdépendance économique et de la pauvreté  

TRIBUNE

Covid-19 : baromètre de l’interdépendance économique et de la pauvreté  

Enterrement d’une victime du Covid-19 en Algérie.

La crise sanitaire a fait apparaître encore une fois les défaillances et la négligence de nos gouverneurs vis-à-vis de leurs peuples. Il se trouve que le simple citoyen est cloîtré entre la famine et sa propre santé. 

A priori, dans des pays sans prévention ni prise en charge, le citoyen préfère mourir par un virus invisible que de mourir de faim à l’image des pays africains et l’Extrême-Orient. On peut que dire le confinement pour contrer la propagation de coronavirus sera une rude épreuve pour les peuples et leurs gouvernements. À l’exemple de l’Inde et les pays de l’Afrique subsahariens qui abritent des centaines de millions de personnes vivantes dans les bidonvilles. Désormais, le confinement facilitera davantage la propagation que de l’arrêter en cas de contagion.

Beaucoup de peuples sont livrés à eux-mêmes, ils ne trouvent pas d’autres issus que de s’organiser à leur façon, à l’exemple de la Kabylie, là où les traditions ancestrales ont fait surface avec l’arrivée de la pandémie, telles que la solidarité et le sens de l’organisation pour faire face aux dangers qui guettent nos portes.

En vérité, la crise sanitaire est généralisée à l’échelle planétaire, admirablement l’être humain est mis à l’épreuve de ses capacités morales et intellectuelles pour s’en sortir. Toutefois, la bigamie sanitaire et économique se complique davantage. Hélas, la mondialisation a récolté ses fruits sur le plan économique et sanitaire.

Aussitôt, l’occident a eu une gifle inattendue suite à la négligence d’une part et par des calculs politiciens d’autre part, depuis le mois de novembre 2019, la Chine combat sans cesse cette pandémie. Depuis la propagation du Covid-19 le made in china refait surface au grand jour.

Vraisemblablement la guerre des masques est lancée sur les tarmacs, par ailleurs l’interdépendance égoïste générée par la mondialisation nous informe sur la nécessité de réorganiser cette machine mondialiste qui n’épargne aucun secteur. Les États-Unis se trouvent épinglés par une propagation exponentielle qui a fait givrer les anciennes organisations internationales, par conséquent le discours de la première puissance mondiale ne fait plus consensus.

Donald Trump ne trouve pas des solutions adéquates à la crise sanitaire qui ravage les USA, en revanche il fustige et responsabilise l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en la menaçant de suspendre la contribution américaine, sous prétexte d’une attitude trop favorable à Pékin. Peut-être, une nouvelle architecture organisationnelle fera naitre un nouvel ordre mondial. Par ailleurs, plusieurs pays seront appelés à revoir leur feuille de route après la fin de la pandémie.

Le cas de l’Algérie est très alarmant, sachant que ce pays vit une crise politique et économique depuis 1962. Sans-doute la précarité a pris plus d’ampleur pendant les vingt ans de règne de Bouteflika.

Il y a deux ans déjà le pouvoir dictatorial de Bouteflika a réprimé d’une manière sanglante une manifestation de médecins qui demandaient une amélioration de leurs conditions de travail. Le président de conseil national de l’ordre des médecins en Algérie a alerté sur la fuite des praticiens dont souffre l’Algérie. « Le médecin algérien croule sous les difficultés pour se réaliser professionnellement, il lui souvent difficile de suivre son malade de façon correcte et d’avoir le sentiment du travail accompli. IL faut ajouter à cela le statut social du praticien qui n’est pas à la hauteur ».

Selon les chiffres du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), au total, ce sont plus de 14.300 médecins algériens inscrits au niveau de l’ordre qui exercent en France.  Cette conjoncture sanitaire a beaucoup plus fragilisé le pays, on peut dire le positionnement géopolitique et stratégique de l’Algérie sur l’échiquier politique mondial remettra en cause le jacobinisme dans un pays qui fait cinq fois la superficie de la France.

Soudain, le monde se retrouve dans une incertitude face à cette crise sanitaire mondiale, aujourd’hui tous les pays s’occupent en premier lieu de leurs peuples, probablement les béquilles de la dictature algérienne sont effondrées, nous sommes plus dans les schémas de l’après-1945.

Sans doute, l’autosuffisance alimentaire et sanitaire est plus que nécessaire pendant le confinement pour contrer la propagation de cette pandémie, un peu partout dans le monde la production locale et la solidarité entre citoyens ont refait surface.  Tout de même, la solution de confinement adapté par les pays développés pour contrer la propagation de la pandémie a vite trouvé écho dans la région de Kabylie, bien avant les décisions des officiels.

En effet, l’auto-confinement a pris part dans la vie quotidienne des Kabyles, assurément la région est très distinguée par ses traditions ancestrales. Il est nécessaire de signaler la période de l’épidémie de typhus en pleine seconde guerre mondiale pendant l’hiver de 1942-43 qui a frappé la Kabylie en plein fouet, cependant la solution était l’auto-confinement malgré la misère sociale et la pénurie de dorer alimentaire la Kabylie a vaincu sur l’épidémie.

L’urgence d’aujourd’hui est d’absorber l’impact sans laisser de séquelles pour les générations futures, cela nous exigera un passage par la réorganisation du système politique algérien. Probablement, l’autosuffisance alimentaire et la réorientation du monde vers les produits locaux divulgueraient les fissures d’un système complètement révolu, certes colmatés par la rente pétrolière depuis un demi-siècle.

Certainement, il s’agit de libérer les énergies intellectuelles et du savoir-faire sur le plan régional, précisément une régionalisation modulable permettra aux Algériens de s’oxygéner. 

Par contre, c’est dans la douleur et tristesse que la mondialisation et l’interdépendance nous renseignent sur l’étroitesse de la planète terre qui n’arrive pas à subvenir aux besoins de sa population.

Le nombre d’êtres humains vivants sur terre est estimé à 7.55 milliards. À peu près 702 millions de personnes, soit 9,6 % de la population mondiale, devraient vivre sous le seuil de pauvreté selon FMI-Banque mondiale. Apparemment le Covid-19 est une sorte de baromètre qui indique le degré de pauvreté à travers le monde.

Auteur
Saiki Khelifa

 




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