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Covid-19 : l’absence de l’État et la mobilisation citoyenne 

REGARD

Covid-19 : l’absence de l’État et la mobilisation citoyenne 

Le pays est tétanisé par la pandémie. Le variant Delta de la Covid-19 fait des dizaines de morts. Non préparés, les centres de santé et hôpitaux ont été pris d’assaut par un grand nombre de patients contaminés par ce virus.

D’abord un constat : le manque d’oxygène dans ces structures a démontré les limites de la gestion de notre système de santé.

Malheureusement, de nombreux citoyens ont perdu la vie à cause de l’absence d’équipements respiratoires pouvant les aider à supporter cette terrible pandémie. C’est une situation qui a provoqué une grande panique à l’échelle du pays, certains médecins l’ont qualifié de climat de guerre.

C’est surtout le résultat d’un laisser-aller du gouvernement et la société en général qui a permis au virus (variant Delta) de faire autant de dégâts.

Malgré les alertes qui ont été émises quelques semaines auparavant par les spécialistes de la santé pour le maintien et respect du protocole sanitaire et les mesures de distanciation, les citoyens ont repris à leurs dépens une vie normale. Des points de rassemblement comme les fêtes, les manifestations, les marchés et d’autres circonstances ont favorisé la propagation de la maladie.

Avec les réseaux sociaux, il est presque impossible pour le gouvernement de contenir cette tragédie. Des scènes désolantes et de mauvaises nouvelles qui nous arrivent de partout alimentent d’heure en heure une peur indescriptible. Les Algériens sont devant un véritable problème : vivre ou mourir ! 

Certainement, avec l’absence de l’État, le citoyen algérien est livré à lui-même, il voit la mort partout. Chacun se débrouille à sa façon pour se procurer de l’oxygène. Pour certaines régions, à l’exemple de la Kabylie, dans l’urgence, il faudrait bien s’organiser pour épargner des vies. Le personnel médical et les proches des victimes qui ont donné l’alerte ont provoqué une véritable mobilisation pour sensibiliser les citoyens à respecter le protocole sanitaire et équiper les centres de santé en équipements liés à la fourniture de l’oxygène. 

Des comités de villages assistés par les maires ont décidé de confiner leur population sans attendre les décisions du gouvernement qui tardent à venir. Comme Larbaa Nath Irathen, en Kabylie

Des opérateurs économiques de cette région comme Cevital, Soummam et d’autres donateurs anonymes ont annoncé de fournir des centrales de production d’oxygène dans les jours à venir. Il faut aussi saluer l’implication de Yassine Aissiouene, l’ancien député, d’avoir finalisé la commande de deux centrales pour l’EPH (établissement public hospitalier) de Michelet et la clinique de Bouzeguène.  

L’inquiétude a touché la diaspora, des quêtes ont été organisées en France, au Canada et USA pour acheter des générateurs d’oxygène. 

L’exemple des citoyens de la daïra de Mekla (Mekla, Aït-Khellili et Souama) établis dans ces pays qui sont en train de faire le nécessaire afin de pouvoir acheminer du matériel médical pour la clinique située à Djemaa-Saharidj. Au bout de 72 heures, un montant de plus 23 000 euros a été amassé. 

Pour aider à alimenter cette cagnotte cliquez ici

Dans une rencontre tenue par zoom, une vingtaine de personnes tous originaires de la région ont répondu à un appel de solidarité. Dirigée par Mhand Nait-Djoudi, ils ont discuté longuement sur les modalités pour la réussite de l’opération de solidarité. 

La célèbre chanteuse Noria qui est impliquée elle aussi à cette mobilisation est présente à partir d’Algérie à cette rencontre. Très inquiète et affectée, elle affirme que la situation est dramatique. Les membres du personnel médical avec qui elle a eu des discussions concernant le fonctionnement de cette clinique lui ont confirmé qu’ils sont impuissants devant le nombre de patients qui se présentent avec des symptômes de Covid-19. 

Pour elle, il est très urgent d’équiper le centre avec des lits et des générateurs d’oxygène pour éviter d’autres décès. D’ailleurs, Mohand Medkour de Montréal, un habitué de ce genre d’initiatives, insiste sur le fait d’agir et de bien s’organiser sans attendre pour leur envoyer ces générateurs d’oxygène à partir de France ou d’un fournisseur présent en Algérie.

Noria ajoute que malheureusement les campagnes de vaccination sont aussi une occasion de faire propager le virus : «Un monde fou qui se présente à la clinique pour se vacciner, et les mesures de distanciation ne sont guère respectées ».

Une opération similaire est en train de se faire du côté de la daïra de Tigzirt à l’instar des autres régions de la Kabylie comme Larbaa Nath-Iraten, AKbou, Boghni, Aokas,.., leur diaspora cotise via cette plateforme électronique.

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Rappelons-le, le Covid-19 ne s’attaque pas seulement aux personnes vulnérables et particulièrement les vieux, le variant Delta menace même les plus en forme. Nous avons bien vu des jeunes qui ont perdu la bataille face à cette terrible épidémie. 

Dans cette tragédie, nombreuses leçons à retenir. Apprendre à se prendre en charge sans l’aide d’un État qui dépense des milliards pour construire des mosquées, des casernes, des prisons en lieu et place des hôpitaux et des cliniques; l’absence de la prise de conscience des gestionnaires et élus qui n’ont rien prévu à l’avance pour gérer la pandémie.

Au lieu d’écouter les cris d’alarme du citoyen, le pouvoir cultive le nihilisme, la négation des réalités et préfère à maintenir la pression autoritaire sur la population et les détenus d’opinion en prison.

Mais cette pandémie nous pousse à renouer avec les schémas traditionnel. Il y a lieu de reprendre le modèle de l’organisation villageoise pour la gestion du bien-être du citoyen; etc. La liste est longue.
 

Auteur
Mahfoudh Messaoudene

 




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