Seuls six crânes remis par les autorités françaises à l’Algérie sont ceux d’authentiques résistants algériens. Les autres ? D’origine incertaine, selon le New York Times qui révèle l’information.
Voilà une affaire qui risque de jeter une ombre sur les relations algéro-françaises. Ces crânes étaient conservés par la France dans le musée d’Histoire naturelle à Paris. D’autres crânes sont toujours en France.
« Six srulement des crânes restitués étaient ceux de résistants », affirme le New York Times, dans son édition du 17 octobre, qui a pu prendre connaissance de l’accord confidentiel signé par les deux gouvernements le 26 juin 2020. Celui-ci comportait une annexe détaillant l’identité des restes humains. Or parmi eux figuraient « des voleurs emprisonnés et trois fantassins algériens qui ont en fait servi dans l’armée française», précise le quotidien. C’est direvla sensibilité de l’information. Des traitres inhumés en grand pompe par les autorités algériennes! Comment est-ce possible ?
Seulement 37 des 45 restes humains algériens datant du XIXe siècle ont été étudiés, selon le Muséum car 3 se sont révélés manquants et 5 dénués de toute information, rapporte La Croix. Onze n’ayant pas pu être assez documentés, 26 étaient de facto restituables. 24 l’ont été, et 2 restent en attente de restitution.
Le 5 juillet 2020, au cimetière d’El-Alia à Alger, à l’occasion de 58e anniversaire de l’indépendance, tout un aréopage des personnalités et autres ronds de cuire du système accueillaient les crânes de ces résistants qui « reviennent en grands seigneurs à leur terre », comme le souligne alors le ministre des moudjahidines Tayeb Zitouni. L’événement est solennel.
Officiellement, la France a restitué à l’Algérie 24 crânes de chouhada (tués pendant la conquête coloniale. Parmi eux il y avait, selon les autorités françaises des crânes de cheikh Bouziane ou Chérif Boubaghla, qui menèrent la révolte contre le colonisateur avant d’être tués et décapités. Leurs crânes ont été conservés comme des trophées dans les collections du Musée de l’homme à Paris.
Jusqu’aux révélations du New York Times tout allait bien. Cependant depuis le 17 octobre, les informations de ce quotidien américain jette des doutes sur l’authenticité de toute cette opération qui se voulait un premier acte de bonne volonté de Paris d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de la colonisation. Manifestement, elle commence mal. Les autorités algériennes gardent mystérieusement pour l’heure le silence sur l’affaire. Aucune réaction officielle n’est enregistrée. Et à Paris, on semble tendre le dos avant la tempête. Car, il faut rappeler que l’affaire est grave.
« Ce travail a été mené en totale opacité », s’indigne la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly, à La Croix. Cela fait plus de dix ans que l’on n’avance pas sur ce sujet, estime la sénatrice. On aurait dû rendre ces crânes de longue date à l’Algérie, mais ce geste aurait dû être établi juridiquement, historiquement et scientifiquement.»
Hamid Arab