Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN) algérienne, Ibrahim Boughali, a annoncé mercredi que la voie est désormais libre pour l’élaboration d’une loi criminalisant le colonialisme.
Voilà une annonce qui ne laissera pas indifférents les nostalgiques de la colonisation et les cambistes du nationalisme.
Selon des sources médiatiques, au fait de l’agenda parlementaire algérien, députés et sénateurs seront mobilisés pour débat et adoption d’une loi criminalisant la colonisation qui sera formulée par le gouvernement. Cette étape fera, vraisemblablement, suite à la conférence parlementaire qui se tiendra début février prochain, sur les essais et les déchets nucléaires français dans le désert algérien.
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision Chourouk TV, Brahim Boughali a souligné qu’« il est temps de présenter un projet de loi criminalisant le colonialisme », ajoutant que « la situation actuelle nous y oblige ».
Contexte et enjeux
En creux, la sortie médiatique du chef de l’APN signifie que les réserves politiques qui ont bloqué la formulation et la promulgation d’une loi criminalisant le colonialisme depuis des décennies sont désormais levées et que les plus hautes autorités politiques du pays ont pris la décision de légiférer sur la question.
Une option qui s’inscrit au cœur du conflit et des tensions politiques et diplomatiques que traversent actuellement et d’une manière inédite, les relations entre l’Algérie et la France.
Cette annonce intervient aussi dans un contexte où la question de la mémoire et des séquelles du colonialisme français en Algérie reste vive.
Usant de termes particulièrement virulents, Boughali a souligné que « la France n’a pas été honnête, et il est temps de redresser la situation. Exhiber les crânes des résistants algériens au Musée de l’homme à Paris est une provocation envers le peuple. L’ennemi d’hier croit toujours que l’Algérie est une colonie. Il ignore que nous sommes libres, nos décisions sont souveraines et le choix revient toujours au peuple »
Et d’asséner: « réduire les parts de la France sur les plans économique et politique, le traitement avec elle d’égal à égal, l’a irritée, ce qui a poussé les responsables français à des sorties irrespectueuses ». Ici, Boughali fait référence à une série de déclarations de ministres du gouvernement français, notamment le ministre de l’Intérieur, Bruno Rotailleau.
Portée de la future loi
La portée exacte de cette loi, s’elle vient à être adoptée, reste à déterminer. Elle dépendra de la forme et l’orientation que lui donnera le législateur. Mais elle pourrait notamment viser à sanctionner la négation des crimes coloniaux, l’apologie du colonialisme ou encore la destruction de preuves historiques.
Au terme de cette loi, l’État français sera amené a assume la responsabilité des crimes du colonialisme contre le peuple algérien. Ce qui l’obligera à présenter des excuses officielles, à fournir une compensation financière.
Réactions et perspectives
L’annonce du président de l’APN a suscité des réactions diverses en Algérie. Le contexte est des plus compliqués entre Alger et Paris. Si certains saluent une avancée nécessaire pour la reconnaissance de la mémoire collective, d’autres estiment que cette loi risque de complexifier les relations avec la France. Elles pourraient évoluer dangereusement jusqu’à la rupture. Une chose est certaine : cette loi si elle venait à être votée, elle servira de combustible aux ennemis du rapprochement et dea réconciliation entre les deux pays.
La rédaction