Dans une conférence de presse organisée à l’issue de la présentation de son discours sur les orientations de la politique africaine de la France dans les années à venir, le président français Emmanuel Macron a évoqué les relations françaises avec l’Algérie en butte à un coup de froid suscité par l’affaire Amira Bouraoui qui a rejoint, il y a quelques jours, la France à partir de la Tunisie.
Circulez il n’y rien à voir. Emmanuel Macron veut, visiblement, calmer le jeu et apaiser les tensions, qui se sont exacerbées surtout du côté algérien, en comptant sur ses relations amicales avec Abdelmadjid Tebboune. C’est sa première prise de parole depuis le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Il évoquera dans le même ordre d’idées, le récent voyage de Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP « le premier depuis l’indépendance », s’enorgueillit le président français qualifiant de « coup de grisou » le bruit suscité autour de la fuite de l’activiste politique franco-algerienne, Amira Bouraoui.
« Il y a une polémique sur le retour en France d’une Franco-Algérienne depuis la Tunisie avec beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours s’est construit. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que ce qu’on fait depuis des années avec l’Algérie ne réussisse pas », a-t-il déclaré sur le ton de dépit, dénonçant, ainsi, des parties qu’il ne nomme pas et qui chercheraient à saborder les efforts entrepris pour la normalisation des relations entre la France et l’Algérie. Ce discours rejoint celui avancé par Tebboune qui a aussi accusé des parties étrangères qui veulent saper les relations algéro-françaises.
Dans un souci de donner la chance aux relations bilatérales d’aller de l’avant, Macron envoie des signaux positifs à ses partenaires algériens à qui il fait part de sa volonté de préserver dans la bonne direction.
Il annoncer que le travail sur la mémoire se poursuivra. Il en sera de même pour le travail sur l’économie, les relations militaires.
» J’ai un message très clair », annonce Macron comme par défi. « Je vais continuer. Ce n’est pas le premier coup de grisou. J’en ai déjà eu. Il faut continuer humblement, pragmatiquement », dira le président français qui annonce que le travail commun sur la mémoire se poursuivra. Il en sera de même pour le travail entamé sur les plans économique et militaire, rappelant dans ce contexte, la réunion des présidents des deux pays avec les hauts responsables militaires algériens et français.
Macron reviendra sur la question de la mobilité des personnes, mettant en exergue la politique claire adoptée par son pays sur le sujet des visas. Il insiste sur l’importance de la lutte contre l’immigration clandestine qui ne doit pas impacter la mobilité des étudiants, des artistes et des familles.
Emmanuel Macron ne veut pas insulter l’avenir, dit-il et affirme qu’il ira de l’avant malgré les difficultés. Mais il ne dit pas comment. « La situation n’est pas la meilleure, mais on va continuer », lance-t-il avec assurance. Un optimisme que lui inspire, visiblement, « l’amitié et l’engagement » de son homologue algérien qui lui donne des raisons qu’il peut « aller de l’avant dans les relations entre les deux pays. »
Avec l’autre pays du Maghreb, le Maroc avec lequel les relations ne sont pas au beau fixe, Macron se veut pragmatique. « Ma volonté est d’avancer avec le Maroc. Et sa majesté, le roi Mohammed VIe le sait. Nos relations sont amicales, elles le demeureront », lance le président français qui met en cause des interférences de parties qu’il ne cite pas à l’origine de la mauvaise passe dans laquelle se trouvent les relations entre les deux pays. Là encore, aucun « coupable » n’est désigné par le président français. Une façon de botter en touche sans grand risque.
« Il y a des gens essaient de monter en épingle des péripéties », dira Macron qui évoque l’affaire Pegasus, le scandale du Parlement européen, en tentant de s’en laver les mains. « Est-ce-que c’est le fait du gouvernement français ? Non. Est-ce qu’on a essayé de jeter de l’huile sur le feu ? Non », tente-t-il de justifier et en même temps de rassurer les Marocains sur les bonnes intentions de la France de sauvegarder les bonnes relations avec le royaume chérifien.
« Il faut avancer malgré ces polémiques. Nos jeunesses ont besoin qu’on élabore des projets et qu’on avance », dira Emmanuel Macron qui s’astreint à un exercice fastidieux de pragmatisme pour tenter de mettre de l’ordre dans les relations de la France avec l’Algérie et le Maroc, où elle la France fait face à une crise concurrence. Pas seulement, la France s’astreint à rester à équidistance de la crise diplomatique qui mine les relations Alger et Rabat.
Ce qui oblige du reste Emmanuel Macron à payer de sa personne en entamant dans quelques jours, un long périple à travers le continent africain qui le mènera jusqu’au Kenya.
Samia Naït Iqbal