Lundi 5 décembre 2016
Dans l’antichambre du pouvoir algérien (I)
Le bricolage politique auquel nous assistons actuellement, n’est que la suite logique d’une lutte des clans du pouvoir qui se déroule, sous nos yeux mais qui a commencé dès 1999, date à laquelle, l’institution militaire a décidé d’installer Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la république, en remplacement, de Liamine Zeroual dont le départ précipité n’a pas encore révélé toutes ses facettes, bien que les causes essentielles sont plausibles.
En effet, deux objectifs vitaux ont animé l’action du Président dès son intronisation : liquider, d’une manière ou d’une autre, tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à sa désignation élective et prendre sa revanche sur ceux qui l’on éliminé du chemin de la présidence à la mort de Houari Boumediene, c’est-à-dire, la sécurité militaire de l’époque ! L’artisan inconditionnel de ce retour, feu le général Larbi Belkheir, a plaidé sa cause auprès des chefs de l’institution militaire (1), auprès de la France et des pays du Golfe, les plus influents. Il fut, comme tout le monde le sait, le premier à être sacrifié sur l’autel d’une politique de destruction systématique, de tous prétendants au partage du pouvoir ou du moins, se considérant comme ayant été déterminants dans l’ascension présidentielle et donc éligibles au partage des rentes, liée au pouvoir.
Son renvoi humiliant et humilié, de la présidence de la république, n’a pas servi de leçons aux autres généraux, tenants du pouvoir, pour prendre la décision de déchoir le Président, dès le premier mandat, alors qu’ils pouvaient aisément le faire (2). Chacun d’eux a fait son calcul personnel, trop heureux de voir débarquer d’une pièce capitale du pouvoir de l’époque, d’autant que le TPI leur pendait au nez et qu’il redoublait d’efforts pour leur demander des comptes sur ce que nous appelons pudiquement la « décennie noire ». Pour arriver à ses fins, le président a compris que seul un découplage de l’institution militaire, entre le corps de bataille et les services de sécurité, pouvait lui assurer la pérennité au pouvoir, tout en lui permettant de mener à bien cette mission « d’épuration » de tous ceux, civils et militaires, qui prétendaient partager son pouvoir.
Utilisant tantôt l’un, tantôt l’autre, en fonction du rapport de force du moment, il va créer des tensions antagoniques entre les tenants du pouvoir, en distribuant parcimonieusement, ses attributs, afin d’éliminer tous ceux qui lui contestent la manière dont il partage de la rente. Cette politique est construite sur une déstabilisation permanente des institutions et leurs responsables de manière systématique, consommant ainsi des centaines de cadres, d’officiers supérieurs, de ministres, une dizaine de Premiers ministres et de chefs du gouvernement et bien entendu des milliards de dollars US, à travers le FRR (3). Cette politique d’éradication politique, par le vide, va être dévastatrice pour notre pays et en particulier pour les élites, qui n’auront pour choix qu’entre l’obséquiosité et l’apologie du pouvoir ou l’exil intérieur et extérieur. En même temps, cette politique va favoriser l’installation de la médiocrité et le régionalisme, dans toutes les institutions, les organismes, les entreprises, les partis, les syndicats, la diplomatie, l’éducation, l’université, l’art, la culture, la religion… à la recherche permanente des rentes et des attributs du pouvoir, ce qui va structurer sociologiquement la nation algérienne.
Ainsi, pour consolider son pouvoir durant son premier mandat, les services de sécurité (organisés autour du DRS) vont être « privilégiés » pour mater les coups de boutoirs portés par le chef d’état-major, commandant du corps de bataille (4).Cette politique va payer puisque ces derniers lui ont assuré quatre mandats consécutifs (5) et peut-être même un cinquième, si ce n’était l’incident cardiovasculaire du Président et la problématique de sa succession, qui vont brouiller les « cartes boulitiques » et qui vont aboutir au départ coloré du commandant du DRS et de la concentration du pouvoir de l’institution militaire, entre les mains de son chef d’état-major et vice-ministre de la défense (6) !
Comme analysé dans diverses contributions antérieurement, la problématique du cinquième mandat, anticipé ou pas, est réelle, n’en déplaise à ceux qui persistent dans le déni de la réalité politique de notre pays, niant l’évidence d’une lutte clanique (7) et la victoire incontestable d’un clan du Pouvoir sur l’autre. Le vainqueur tente d’éradiquer le vaincu, là où ils se trouvent afin de neutraliser ses capacités de nuisance (8) et de récupérer tous les leviers du Pouvoir (9)… Apparemment, peu importe le nom du successeur pour réaliser ce cinquième mandat (10). Sans changement systémique, il faut occuper le terrain « boulitique » (11) et mettre en œuvre les moyens de son redéploiement (12). Tel est le leitmotiv du Pouvoir actuel. Il ne faut surtout pas laisser, à l’opposition officielle, regroupée au sein des partis et les personnalités politiques, l’annexion du terrain sociopolitique et économique. Pour cela, tout est bon pour gagner du temps et du temps il en faut, pour ce Pouvoir agonisant, afin d’organiser la mise en œuvre d’une passation de pouvoir à son seul profit et sous son contrôle, appliquant ainsi, la formule désastreuse, usitée depuis l’indépendance, dite du « changement dans la continuité ».
Pour le Pouvoir, il n’est donc pas question de changer de mode de gouvernance mais simplement de changer d’homme et l’ »homme providentiel », il semble l’avoir trouvé, c’est l’actuel Président… pourvu que Dieu lui prête vie (13), enfin presque, compte tenu des dernières manœuvres sournoises révélées (14). Le danger mortel pour le Pouvoir réside dans le fait que certaines voix s’élèvent clairement pour demander un « changement systémique comme solution durable » et entre autres, celle de M. Mouloud Hamrouche (15), qui lui est particulièrement subversive et nocive, puisqu’il s’égosille à répéter, à chacune de ses sorties médiatiques, qu’on lui autorise, que la seule solution durable réside dans le « changement du système de gouvernance » tout en ajoutant que le système politique, à bout de souffle, « ne sait pas comment finir cette crise » (16). Il met, en garde, une énième fois, contre « le maintien d’un statu quo malgré le danger qu’il fait peser sur le pays, sur son devenir et sur son unité ». Il va, en outre, imputer cette situation chaotique et en régression constante, à une règle chère au système dont il a usé et abusé : La cooptation (17). Est-ce une découverte ? Certainement pas, cette règle redoutable et inamovible c’est tellement incrustée dans le système qu’elle fait corps avec lui (18), obtenant le statut labélisé d’instrument privilégié du Pouvoir algérien. Il conclura que cet instrument a permis «d’alterner des hommes, des équipe, des citoyens et la société de s’épanouir, de se projeter et de se donner un destin… Elle sert à nourrir des rivalités et des luttes de clans. Elle a besoin des gardiens du temple pour fonctionner et de broyer pour survivre» ! Tout est dit ou presque… puisqu’il ajoutera que le danger caché réside dans l’action pernicieuse de cette règle qui a «déstructuré l’idée nationale comme elle a détruit la volonté nationale au profit des penchants régionalistes».
Or, qui a été le concepteur et l’agent d’exécution de la cooptation ? La question mérite un détour, que visiblement peu d’hommes politiques abordent avec sérénité. A n’en pas douter, cette règle a trouvé sa raison d’être et ses adeptes, dès le début de la prise de conscience par le peuple algérien de sa situation de colonisé. Les animateurs de cette prise de conscience ont considéré que la notion de zaïm, pouvait aider à cette action d’éveil des masses populaires et notamment avec l’avènement de Messali Hadj (19) à la tête du mouvement national (20), incarné par ses différents partis (l’étoile nord-africaine, le PPA, le MTLD et le MNA). Pour beaucoup d’historiens, la création du FLN venait en réaction à cette notion de zaïm (21), puisque ses fondateurs vont prôner, au contraire, comme principe de base la collégialité, au sein des instances dirigeantes du parti et la liberté citoyenne, dans l’exercice du pouvoir politique. Ces principes sont clairement affirmés par le Congrès de la Soummam (22), conçu sous l’autorité morale d’Abane Ramdane, auquel on doit la phrase programme-politique « la primauté du politique sur le militaire et celle de l’intérieur sur l’extérieur » (23). Il faut attendre la création du GPRA et les crises qui vont l’opposer à l’état-major général pour voir l’émergence des prémices d’un régime autocratique, s’installaient subrepticement et se renforçaient, par coups d’Etat successifs, pour aboutir à ce que nous vivons actuellement, à savoir une dictature absolue spécifique, enturbannée d’un vernis démocratique (24).
S’agissant des organes d’exécution de cette règle, il faut se replonger dans l’histoire de la création du MALG, comme instrument essentiel de «renseignement et de soutien multiforme aux forces combattantes», pour analyser l’évolution des différentes organisations et des missions qui lui ont été assignées par les Pouvoirs du moment, pour prétendre comprendre comment ses services ont évolué, depuis la Sécurité Militaire jusqu’à l’actuelle Direction de la Sécurité intérieure, après le passage triomphant par le Département du Renseignement et de la Sécurité (25). Certains vont les dénommer « police politique », d’autres de «services secrets ou de renseignements» enfin d’aucun considère que cet instrument est entre les mains de la «mafia politico-financière» (26)… La réalité crue révèle que les différentes formes qu’ont revêtu les services de sécurité (27) ont été celles que les Pouvoirs du moment ont exigé qu’elles soient, pour servir leurs intérêts exclusifs, sous couvert de servir l’intérêt général du pays et notamment, pour ce qui concerne le partage du pouvoir. En effet, la mise en œuvre de toutes les désignations électives de tous les présidents de la république (poste-clé dans l’organigramme institutionnel de notre pays) depuis l’indépendance jusqu’au jour d’aujourd’hui, en est la preuve par neuf et en commençant par celle d’A. Ben bella, suivie de M. Boukharouba alias H. Boumediene. La restructuration actuelle de ce service ne trompe personne (28), elle correspond simplement à la mise en œuvre de nouvelles missions que le clan, sorti vainqueur, a décidé de mettre en place (29), pour préparer la cinquième désignation élective.
A ce propos, M. Hamrouche dira qu’ »il ne faut pas se réjouir du sort des personnes qui sont tombées ni être pessimiste pour ceux qui arrivent », rappelant ainsi à tous que c’est bien le DRS qui a intronisé le Président actuel, en 1999 et c’est également lui qui lui a permis quatre mandats consécutifs, neutralisant toute idée d’alternance au pouvoir (pourtant constitutionalisée par le pPrésident L. Zeroual) et notamment lors du troisième mandat, au détriment des autres candidatures (notamment celles des 7+1) qui ont dû interrompre leur participation à un scrutin dont le résultat était préfabriqué à l’avance ! Dès lors, il ajoutera, non sans une pointe d’humour, que « pour cette institution, les changements n’ont pas touché que les personnes, ils ont concerné aussi des aspects liés à son fonctionnement, ce qui est encourageant » puisque la thèse officielle consiste à lier la restructuration du DRS au retour à « l’Etat civil », ce qui revient à avouer, indirectement, que notre pays vivait, avant cette opération, sous une dictature militaire. Cependant, remarquera-t-il, pour que l’armée obéisse aux politiques, il faut que leurs décisions soient dictées par « des institutions politiques légitimes » (30) et il faut que ces décisions «remplissent toutes les conditions légales… Or, il se trouve que cette légitimité politique fait défaut en Algérie ». Comment donc reconstruire cette légitimité perdue et par quels cheminements y accéder ? La réponse, dira-t-il, est, on ne peut plus claire : « Il faut commencer par changer de système ! ».
M. G.
Renvois
(1) Les généraux K. Nezzar, M. Lamari, M. Mediene, S. Lamari, A. Gueziel, M. Touati… représentent l’essentiel des chefs militaires de cette époque.
(2) A mi-mandat du premier mandat, il a été fortement question de détrôner le Président, suites au contenu de certains de ses discours en «bonne intelligence» avec l’ex-FIS. Si le général M. Lamari y était très favorable, le général M. Mediene préférera attendre «la fin du premier mandat». Le reste est connu !
(3) Le FRR fut conçu par les trois économistes tlemceniens (C.Khalil, A. Benachenhou, A. Temmar) ramenés dans ses bagages par le Président pour cautionner son «programme économique», qui va se transformer en une véritable catastrophe économique, doublée d’un processus de corruption jamais égalée.
(4) Exacerber les antagonismes entre les tenants du pouvoir, devient le sport quotidien du Président, sans paraitre arbitrer pour l’un ou pour l’autre, il laissera ces derniers s’auto-éradiquer, tant que la résultante est en sa faveur.
(5) L’utilisation du DRS et de son commandant, dans l’éradication de tous ceux, civils et militaires, qui lui contesteront la répartition des rentes, vont lui permettre de s’assurer toutes les désignations électives et notamment la troisième qui nécessitait la révision de la constitution !
(6) C’est la première fois qu’un chef d’état-major est également vice-ministre de la défense. Bien entendu, le poste de ministre de la défense échoit toujours au Président de la république.
(7) Dans un entretien à Ennahar, Amar Saadani revient sur la restructuration du DRS et la mise à la retraite de son commandant, en insistant sur sa mise fin de fonction, décidée par le Président, remettant en cause la thèse officielle (publiée dans un communiqué de la présidence) d’un changement nécessaire prévu de longue date. Il ira jusqu’à confirmer le conflit ouvert entre clans et imputera à l’affaire C. Khelil (membre influent du clan présidentiel, impliqué dans le scandale Saipem par la justice italienne) les raisons de la disgrâce du général de corps d’armée M. L. Mediene alias Toufik.
(8) Bien que le général M. L. Mediene, dans une missive au Président de la République, ait indiqué «qu’il était responsable de tout ce qui pouvait être reproché à ce dernier et qu’en conséquence, il en assumait l’entière responsabilité», l’ancien patron de la lutte antiterroriste, le général A. Aït Ouarabi dit Hassan a été condamné à cinq ans de prison ferme, preuve supplémentaire de la lutte que les clans se livrent. La réaction du général K. Nezzar fut nette qualifiant cette condamnation de «criminelle et infamante». A. Benflis enfonce le clou en parlant «d’une épuration politique pour crime de non-allégeance».
(9) Tous les rentiers du système, qu’ils soient tapis dans l’activité civile (politique, administrative, économique, et sociale) ou exerçant au sein de l’institution militaire (corps de bataille et services de sécurité, y compris ceux à la retraite) sont sommés de rejoindre, en procession, l’aile protectrice du vainqueur, sous peine d’être excommuniés.
(10) Cette éventualité prend un caractère fondamental, dans la mesure où, l’état de santé du Président est pour le moins problématique et que personne ne peut préjuger de ses capacités à boucler ou non, ce quatrième mandat en 2019.
(11) L’option retenue consiste à réactiver, les comités de soutien en vue de la mise en œuvre de la cinquième désignation élective, à travers la résurgence des milliers d’associations «tiroirs-caisses». En effet, les partis soutenant le clan présidentiel (TAJ, MPA, ANR…), sont considérés comme peu fiables, non représentatifs et mobilisant peu d’électeurs. En outre, leurs demandes de contreparties s’avèrent trop élevées politiquement (en postes) et financièrement (en rentes).
(12) Cette dimension temporelle devient de plus en plus cruciale, dans la mesure où le temps joue contre le clan présidentiel avec, cerise sur le gâteau, une chute brutale des cours du pétrole, pour l’année en cours et certainement l’année prochaine, induisant une baisse substantielle des ressources financières allouées à l’achat de la paix sociale.
(13) L’annonce, plusieurs fois répétée, de l’imminence de la révision de la constitution, celle de la construction d’une coalition pour soutenir le Président de la république, la «restructuration» du DRS, l’intensification du ballet diplomatique … sont autant de signes avant-coureurs qui ont pour but de démontrer la maitrise du processus de passation de pouvoir et d’imposer à tous, une moubayaa totale, s’ils veulent être coopter dans le futur partage de la rente.
(14) Le moins que l’on puisse dire sur l’initiative inédite des 19-4 personnalités nationales, adressant une demande d’audience au Président elliptique, c’est l’ambigüité de la démarche et de son objectif. Elle porte les stigmates, à la fois, d’un Comité de salut public, celle d’une commission d’enquête, statuant sur l’applicabilité de l’article 88 de la constitution et d’une réunion familiale pour laver le «linge sale». La crainte du syndrome Bourguiba se précise et celle d’un “coup d’état médico-légal”, selon une formule consacrée par Z.A. Ben Ali, hante certain.
(15) Au forum du quotidien arabophone El Mihwar, M. Hamrouche rappelle à Bouteflika, Gaïd Salah et au général Toufik ( pourtant mis à la retraite) ceci : «Vous vous souvenez que j’avais lancé un appel, en mars 2014, aux trois éminents responsables les plus hauts placés, leur demandant de profiter de l’opportunité qui s’offre à eux de trouver une issue constructive à la crise qui dure depuis plus d’un quart de siècle. Manifestement, ils n’ont pas pu ou n’ont pas voulu saisir cette occasion».
(16) Il ne manquera pas de rappeler que «Les faux débats et les faux-fuyants qui nourrissent le maintien du statuquo n’ont de raison que la préservation d’une sacro-sainte règle de cooptation. «Cette règle, demeurée stable et inamovible, a empêché des hommes de réussir et des choix politiques, économiques d’aboutir».
(17) Les éléments caractéristiques de la cooptation se trouvent dans des spécificités sociologiques, ethnologiques, culturelles et cultuelles qui représentent la conscience collective algérienne. Il faut ajouter à cette règle, le modus operandi, qui inclut les enquêtes d’habilitation pour la nomination des cadres qui vont souvent être utilisées comme éléments de cooptation voire d’exclusion. La dénonciation de cette pratique, alors qu’il était Chef du gouvernement, va valoir à M. Hamrouche une inimitié pugnace et durable d’une partie des services de sécurité, qui se sont sentis amputés d’une partie de leur pouvoir décisionnel discrétionnaire.
(18) Qui ne se souvient pas du fichier, que le FLN (de l’article 120) avait constitué, sur l’ensemble des cadres algériens et qui était entre les mains exclusives du redoutable M. C. Messaadia via H. Chouchène, de triste mémoire?
(19) Il ne s’agit pas de qualifier, un des fondateurs du mouvement national, de «zaïmiste» traduction arabe imparfaite d’un guide-dictateur. Mais le concept de zaïm doit être analysée à l’aune des caractéristiques sociologique, ethnologique, culturelle et cultuelle du peuple algérien, dans les diverses étapes historiques de son développement.
(20) Mustapha Ben Boulaïd, au cours de sa rencontre avec Messali Hadj, constata qu’il persistait dans son rejet de toute action armée qu’il qualifia d’aventure sans lendemain. Il rejeta avec véhémence la proposition que lui fit Ben Boulaïd d’être le chef de la lutte armée, le leader du mouvement. N. Ait Hamouda va plus loin en déclarant que «Messali Hadj et ses troupes sont des traitres !».
(21) Des témoignages historiques nous révèlent que les foules entières se ruaient sur le corps de Messali-hadj pour toucher son burnous et, récompense suprême, obtenir un poil de sa barbe qui sera conservé comme une relique religieuse !
(22) Youcef Khatib, chef de la Wilaya IV historique considère que «la plateforme de la Soummam fait état de principes et notamment de la collégialité de la direction, le contrôle direct et indirect, la critique et l’autocritique».
(23) Il est fort probable que ceux sont ses positions politiques qui vont sceller son assassinat par tous ceux nombreux qui ont, consciemment ou inconsciemment, considéré que le zaïmisme était l’unique instrument politique, à utiliser pour mobiliser notre peuple et assurer son émancipation, par rapport au fait colonial et assurer la construction de l’état-nation.
(24) H. Snoussi, colonel à la retraite, considère qu’à l’indépendance «virtuellement acquise, suites aux accords d’Evian de mars 1962, les appétits, pour l’accaparement du pourvoir, ont ressurgi en s’aiguisant pour atteindre leur point culminant avec le coup d’Etat de 1962, qui a permis d’écarter les institutions légitimes de la Révolution, à savoir le Gouvernement provisoire de la République algérienne et le Conseil national de la Révolution, au profit de l’état-major général de l’ALN, qui a imposé par la force une direction au pays, hélas au prix de victimes civiles, qui aurait pu dégénérer en guerre civile, n’étaient la maturité et la sagesse du peuple algérien, manifestées à travers le fameux slogan ; Sebaâ snine barakat !».
(25) Certain y voit le fruit de l’école soviétique du renseignement où la plupart des cadres algériens ont été formés. Force est de constater, cependant, que tous les autres services secrets du monde agissent de la même façon, à quelques nuances près.
(26) Dans une discussion avec un puissant chef d’entreprise italien, en relations étroites avec Sonatrach, ce dernier se plaignait de ne pas trouver, en Algérie, une véritable mafia car «dans votre pays on distribue des commissions mais on n’est jamais sûr du résultat, ce qui n’arrive jamais en Italie !».
(27) Du MALG, à la SM, au DRS, à la DRSI, les personnels, activant dans ses services, se sont toujours acquittés des missions que le Pouvoir politique leurs a assignées, sans que ce dernier ne les assume clairement, laissant planer le doute, tout en pointant du doigt l’institution militaire, comme bouc-émissaire.
(28) Le général K. Nezzar vient de le confirmer en déclarant que «Cette situation fait dire à beaucoup de gens que le DRS est sous le commandement de l’autorité militaire, alors qu’il n’en est rien… le DRS relève de la Présidence de la République, même si ses locaux se trouvent aux Tagarins». J’ajouterais, pour ma part, qu’il a d’autres locaux ! Cette déclaration lève toute ambigüité au sein de l’institution militaire, entre le corps de bataille et les services de sécurité.
(29) A l’évidence, ses nouvelles missions doivent nécessiter des changements drastiques dans l’organisation et dans les personnels, compte tenu de l’ampleur de ces restructurations. Une logique semble se dégager de cette mutation : On ne peut faire du neuf avec du vieux ? Mais jusqu’à quel niveau doit-on appliquer cette logique ?
(30) Il est amusant de lire que les députés se sont sentis violés, par l’actuel Ministre des finances, surnommé Popeck, qui a annoncé l’augmentation les prix de l’essence et du gazole, avant le vote de la loi de finances par les deux chambres du parlement, s’asseyant ainsi sur le principe de la séparation des pouvoirs. En outre, plus grave encore, l’article 71 proposé dans la nouvelle loi de finances permet au ministre des finances de mouvementer les budgets sans décret présidentiel, ce qui rend les arbitrages des députés nuls d’effet !