Mardi 11 avril 2017
Dans l’antichambre du pouvoir en Algérie (III)
L’histoire nous enseigne que les régimes autocratiques se reproduisent jusqu’à implosion (1), puisque construits sur des leurres et des raccourcis idéologiques comme le « changement dans la continuité » ou « on ne change pas système qui gagne » et la mise en œuvre de manœuvres grossières et folkloriques qui deviennent un label de réussite voire un référent mémoriel.
Ainsi, M-E. Naegelen, d’origine alsacienne, militant de la SFIO, ancien résistant, nommé le 11 février 1948, premier Gouverneur général en Algérie, organisa, lors de la première élection de l’Assemblée algérienne, le 11 avril 1948, une gigantesque opération de trucage de l’élection des délégués du deuxième collège. La répétition de ce procédé, à l’occasion du renouvellement triennal de février 1951, répond à cette même logique… Résultat, elle a catalysé la révolution de 1er novembre 1954 ! Pour les prochaines désignations électives législatives, communales de 2017 et celles présidentielles de 2019, dans notre pays, que le pouvoir compte organiser (2), personne n’est dupe, à l’intérieur et à l’étranger, sur le niveau de l’abstention et l’ampleur de la fraude annoncée (3) mais tout un chacun tente de récupérer, ce qui peut l’être, en fonction de la réalité de son existence partisane et notamment dans l’opposition légale (4). Sans ancrage idéologique partisan et en rangs dispersés, les partis du pouvoir entendent bien participer à la répartition de la rente, en Algérie (5) et à l’étranger, même s’il faut, pour cela, jeter aux gémonies les aspects éthiques et moraux, qu’une telle organisation implique (6). Le reste des mini-partis dits « sanafir » (ils sont une trentaine), sortis des laboratoires de l’ex-DRS (7), attendent l’appel à la mangeoire et le moment de passer à table. Il est clair que ces scrutins ont le désavantage de mettre à nu les arrière-pensées boulitiques du Pouvoir, à savoir, la cinquième désignation élective du Président, anticipée ou non. En effet, à l’exception des leurres habituels, les futurs équilibres seront taillés sur mesure pour cette opération vitale pour faire perdurer le pouvoir (8) ! Pour le reste, chacun recevra son quota de rente en fonction de son allégeance, de son obséquiosité et, nouvelle donnée dans les mœurs politiques de notre pays, des dinars blanchis amassés.
Qu’en pensent les puissances étrangères ?
L’année 2017 est particulièrement riche en événements électoraux internationaux, en bouleversements géopolitiques majeurs et en changements à la tête de deux pays influents pour l’Algérie que sont la France et les USA (9), doublée d’une crise énergétique majeure, non anticipée par le pouvoir actuel, qui a même renié son existence durant deux années. Il faut se souvenir que l’intronisation d’Abdelaziz Bouteflika, en 1999, par l’institution militaire, (après l’énigmatique départ, avant terme, du Président Liamine Zeroual, qui reste à élucider), ne pouvait se réaliser sans l’aval de la France d’abord, des USA et des monarchies du Golfe, ensuite (10) ! En fait, il faut se rendre à l’évidence, c’est ce premier pays qui a imposé à l’institution militaire (11), qui représentaient le pouvoir réel, cette candidature, en contrepartie d’un déminage des dossiers relatifs à la « décennie noire »(12). Les preuves et les arguments de cette transaction ne manquent pas et certains de ses acteurs, algériens et étrangers, sont toujours vivants (13).
En fait, le pouvoir va progressivement passer, d’un équilibre précaire entre plusieurs centres de pouvoir, en particulier militaire mais également civil, à un pouvoir unique, inique et autocratique de type « zaouïal », où le zaïm règne sans partage et surtout sans contrepouvoir aucun et tout cela avec la bénédiction de l’ancienne puissance coloniale « au nom de ses intérêts biens compris et accessoirement de la stabilité de la région » (14) ! Cette régression sociétale, sans précédent, des mœurs politiques de notre pays, sera dénommée, par les dobermans supplétifs, d’ »Etat civil » par rapport à l’ »Etat militaire » qui prévalait ! Et comme il fallait s’y attendre, cela devait passer par le parasitage temporaire du pouvoir du DRS (15) et par la répudiation, sans élégance, de son premier responsable (16)… malgré qu’il ait contribué à consolider la zaouïa au pouvoir, en détruisant, tour à tour, tous ses adversaires potentiels durant les deux décennies passées. Le « trois-quarts président » (17) enfin atteint son objectif, malgré l’adversité des clans, au bout de dix-neuf ans de manœuvres malicieuses pour enfin devenir le seul « Cheikh el bled », transformant notre pays en un nouveau beylika, au détriment, cependant de sa propre santé (18).
Les USA, avant et plus, après l’avènement de D. Trump, marquent clairement leur positionnement vis-à-vis de l’Algérie, en inscrivant leur action d’influences dans le cadre d’un triptyque où les maîtres mots-clés sont, hiérarchiquement, le business, la sécurité et la géopolitique. Cette triple action va se concrétiser par le placement de ses pions en pole-position, sur l’échiquier politico-économique algérien, avec comme pièce maitresse, aujourd’hui, Chakib Khelil (19), de retour au pays depuis le 17 mars 2016. Son positionnement présidentiel semble être validé (20), en substitution à la candidature du frère du Président, plus rétif à la fonction présidentielle et moins soumise à polémique héréditaire. En mission commandée, il est chargé de noircir « la matrice de Leontief », en identifiant les personnels nécessaires à la prise de pouvoir, le moment venu, après la désignation présidentielle légale ou anticipée et de les dispatcher sur l’échiquier de manière progressive mais certaine. Faut-il rappeler à cet endroit, la nomination-réhabilitation (21) inattendue de l’innommable BRC golden boy’s, A. Ould-Kadour, pour s’en persuader ?
Mais la face cachée de l’iceberg est mis en œuvre par des décisions et des actes, plus importants mais moins visibles. Recensons quelques-unes des pièces de ce puzzle, qui se tisse patiemment dans notre pays… par les USA. Le président du Conseil d’affaires Algéro-Américain, S. Chikhoun, a promis aux dirigeants algériens que « grâce aux investissements américains, l’Algérie ne devra plus importer des aliments de l’étranger d’ici à six ou sept ans ». Une étude de la Banque mondiale mets en exergue « l’importance de l’initiative lancée par des chercheurs et des dirigeants algériens de haut niveau, dont l’ancien directeur du prestigieux U.S. National Institutes of Health, Ilias Zerhouni, qui ont mis sur pied aux Etats-Unis l’Algerian American Foundation (22), pour assurer des services de formation et d’assistance technique aux nouveaux centres de recherche médicale en Algérie ». Le secteur de la communication (23) fait également un début timide, en attendant une pénétration promise dans l’audiovisuel.
Mais depuis la visite d’Abdelmalek Sellal (écran de fumée présidentiel) fin mars 2016 à Washington DC, les USA développent leur stratégie au « rouleau compresseur », puisqu’ils vont lui faire rencontrer les dirigeants de plusieurs grands groupes américains dont Al Walker d’Anadarko, développeur des gisements pétroliers de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk, situé dans le bassin de Berkine à Illizi, Jeff Miller, PDG d’Haliburton, spécialisé dans l’industrie et les services énergétiques, John Rice, vice-président de General Electrcic (GE), qui a remporté un contrat de plus deux milliards de dollars pour fournir des équipements pour la génération électrique pour six nouvelles centrales à cycles combinés et développe également un projet d’investissement de 200 millions de dollars pour la construction d’un complexe industriel de production de turbines, Dow Wilson PDG de Varian Medical Systems, leader mondial des traitements et des logiciels de radio-oncologie, Philip Blumberg, PDG de Blumberg Grain un leader mondial dans le domaine de la sécurité alimentaire qui va se voir confier de grands projets agricoles sur les haut-plateaux pour booster la production céréalière, laitière, de viande et de pomme de terre (24). Enfin, A. Sellal a fait acheter à notre pays des trains de marchandises du constructeur américain EMD.
Au niveau de la sécurité et de la défense (25), les choses sont plus claires pour le moment, puisque pour les USA, l’Algérie est considéré comme « un partenaire capable » avec lequel une « forte coopération en matière de diplomatie, de maintien de l’ordre et de sécurité », se développe, selon la fiche d’information du Département d’État de l’administration D. Trump, du 2 février 2017, considérant que notre pays a une « localisation stratégique » et où « de fréquents échanges civils et militaires » se réalisent. Elle ajoute que l’Algérie est restée “relativement stable malgré les remous dans les pays voisins et joue un rôle constructif dans la promotion de la stabilité régionale”. Les USA œuvrent à « renforcer la capacité de l’Algérie à combattre le terrorisme et les crimes, à soutenir la construction d’institutions stables qui contribuent à la sécurité et à la stabilité de la région et permet de combattre Daesh, Aqmi et d’autres organisations hostiles dans la région”. L’Algérie est un membre actif du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et un partenaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Pour J. Siberell, coordonnateur pour la lutte antiterroriste au Département d’Etat, l‘Algérie est « un partenaire clé » des Etats-Unis dans le domaine sécuritaire. S’exprimant à l’issue de la quatrième session du dialogue algéro-américain sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, tenue dernièrement à Washington, J. Siberell a précisé que «son pays se tourne vers des partenaires comme l’Algérie qui a une profonde expérience en matière de lutte effective contre la menace terroriste, comparée à la plupart sinon tous les pays ». Le coordonnateur américain a indiqué que la participation des représentants des départements américains de la Défense, de la Justice, de la Sécurité intérieure et du gouvernement américain, à cette réunion « est également une indication» qui témoigne d’une « nouvelle ère dans la coopération » algéro-américaine.
Ces analyses sont partagées par au moins trois instituts américains (The Global Risk Insights et The Washington Institute for Near East Policy et l’American Entreprise Institute), reconnus mondialement pour leur sérieux mais à une nuance près, c’est qu’ils affirment tous que « l’absence d’un chef d’Etat va conduire le pays à l’implosion ». En effet, ils affirment que «l’Algérie est «mûre» pour l’effondrement». Ils s’interrogent sur le fait que «La question n’est pas si, mais quand l’Algérie va s’effondrer» ! Cette affirmation se construit autour du fait que la pratique de l’achat de la paix sociale ne pourra pas être maintenue, du fait de la baisse drastique des recettes pétrolières. Cette interrogation plaide également en faveur d’un remplacement rapide du Président de notre pays… en off, sous «le contrôle américain», bien entendu ! Les analystes considèrent que «très probablement, les militaires et les services de sécurité choisiront, ou ont déjà choisi, le successeur d’A. Bouteflika, bien qu’une succession contestée ou houleuse reste une possibilité».
D’un autre côté, les USA entendent dresser la feuille de route, au prochain Président, en soutenant le développement de la société civile algérienne, avec l’allocation de fonds à l’Algérie via l’initiative de partenariat avec le Moyen-Orient (Middle East Partnership Initiative, MEPI) en développant des programmes de formation pour « des journalistes, des hommes d’affaires, des femmes entrepreneurs et parlementaires, des juristes et des dirigeants d’ONG » et par la mise en place de programmes américains d’éducation. Le département d’Etat indique cependant que « les trois principaux problèmes persistants en Algérie en 2016 ont été les restrictions sur la liberté de réunion et d’association, le manque d’indépendance judiciaire et d’impartialité et les limites sur la liberté de la presse ». Ce rapport évoque, par ailleurs, la corruption et le manque de transparence dans la gouvernance. Il insiste sur « les risques liés à la criminalité financière, en augmentation, en raison de l’utilisation généralisée des liquidités » et s’inquiète de « la présence d’une économie informelle, estimée entre 45 et 50% du PIB ». Cette situation va augmenter la criminalité financière issue de la traite humaine, du trafic de drogues, d’armes et de tous les produits prohibés et ou subventionnés (carburants, cigarettes, produits alimentaires, médicaments, contrefaçon…). L’ex-membre du Conseil de sécurité américain W. B. Quandt considère qu’il faut travailler avec le pouvoir actuel en place, sachant qu’ »Octobre 88, en Algérie, est le premier printemps arabe ». C’est l’objet même de la 4e session du dialogue bilatéral algéro-américain du 6 avril 2017 à Washington. Cette session, qui a duré deux jours, a été consacrée à deux thématiques phares : la lutte contre le terrorisme et l’investissement économique. (A suivre)
M.G.
Notes
(1) Ce phénomène d’anthropologie politique de reproduction se vérifie dans le FLN, à la sauce de D. Ould-abbas, du fait que les membres influents de ce parti (au Bureau Politique, au Comité Central et les Mouhafed) inscrivent, en bonne place, leurs enfants dans les listes du parti, pour les législatives de 2017. Lui même est impliqué indirectement, à travers son fils, dans des malversations financières liées aux législatives.
(2) L’importance de ces législatives et communales n’est pas tant dans la volonté de contrôle du pouvoir législatif mais dans celle d’un rééquilibrage des clans du pouvoir, en vue de la prochaine désignation élective présidentielle, anticipée ou à son échéance.
(3) Dans tous les pays autocratiques, on attribue l’ingénierie de la fraude au pouvoir en place qui en confie l’exécution aux services de sécurité. En Algérie, certains partis (comme celui d’A. Benflis) justifient leur boycott des législatives 2017, en expliquant que le retour opérationnel de l’ex DRS, constitue les prémices de la répartition des quotas de députés aux différents clans du pouvoir, comme ce fut le cas pour les législatives et les communales antérieurs, comme le confirment d’ailleurs M. Sifi et B. Frik pour celle de 1997 organisées par A. Ouyahia, chef du gouvernement.
(4) Le FFS et le RCD considèrent qu’ils ont un véritable ancrage populaire dans certaines régions et qu’ils se doivent de répondre aux attentes des militants. Le parti de L. Hanoune considère qu’il dispose d’un ancrage idéologique doublé d’une balise d’alerte sociale qui nécessitent une représentation parlementaire légale et ou rentière.
(5) Avant même le début du scrutin d’Avril 2017, le SG du FLN annonce que son parti sera majoritaire à la future Assemblée !
(6) Le FNL et le RND, rejoints aux poteaux par l’agrégation des «islamistes ablutionnés», se sont mis en ordre de bataille pour récupérer…les rentes internes (achat des députations) et externes (utilisation du mandat pour la consolidation de l’enrichissement personnel). Les scandales éclatent au fur et à mesure que les dérapages se retrouveront sur la place publique.
(7) Le premier signe du retour en force du général Toufik se situe certainement dans la réintégration quasiment officielle des officiers de l’ex DRS dans les multiples administrations et cabinets ministériels, alors qu’en 2016 leur retrait avait été ordonné par le Président. De même, la fiche d’habilitation dite «bleue» délivrée par le DRS pour toutes nominations (remise en cause par M. Hamrouche) est de nouveau en vigueur, ce qui restitue à ce service son pouvoir relatif.
(8) Les différents prétendants multiplient les manœuvres pour, à la fois, ne pas contrarier les desseins secrets présidentiels mais également se réserver une place en pool position, en cas de choix forcé, provenant d’une disparition physique ou constitutionnelle du Président elliptique.
(9) H. Malti n’hésite pas à déclarer que la nomination d’A. Ould-Kaddour à la Présidence de la Sonatrach a été dictée par les USA, malgré sa condamnation par le Tribunal Militaire de Blida pour « espionnage pour le compte d’un pays étranger et atteinte à la sécurité de la Nation », après avoir dirigé la société mixte algéro-américaine Brown & Root Condor (BRC), une joint-venture entre Sonatrach (51%) et la compagnie du vice-président américain D. Cheney, Haliburton ! Selon N. Beau, «BRC n’est en fait que le ring qui a connu l’infernal match opposant A. Bouteflika au général Toufik du DRS. BRC a finalement déposé son bilan et laissé la place à un énorme scandale. Des soupçons de corruption et de détournements pèsent sur des marchés de 560 millions de dollars conclus avec le ministère de l’Energie, piloté par C. Khelil et 1,3 milliard de dollars de marchés réalisés avec l’armée algérienne».
(10) Cette hiérarchie peut se justifier par des arguments économiques et financiers mais également par ceux de défense et de sécurité comme ceux culturels et cultuels.
(11) Il est communément admis que le feu général L. Belkheir était le principal acteur, à l’origine du retour sur la liste des présidentiables d’A. Bouteflika ainsi que de la médiation avec la France.
(12) Une campagne, sans précédent, pour crime contre l’humanité et crimes de guerre, avait été orchestrée en France contre l’institution militaire algérienne, avec à la clé, une traduction devant le TPI de ses principaux chefs.
(13) Les désignations électives présidentielles ne pouvaient exister dans notre pays avant et après l’indépendance, que dans la mesure où, les différents services de sécurité (MALG, SM, DRS, DSS…) aient été impliqués totalement, pour le meilleur ou pour le pire !
(14) C’est ce même schéma qui est développé par la France dans ses anciennes colonies de l’Afrique de l’Ouest.
(15) Aucun pays au monde ne peut se passer de ses services de renseignement. Changer son premier responsable est une chose, les restructurer en profondeur est une opération à haut risque qui peut se retourner contre celui qui initie l’opération et le pays tout entier.
(16) La manière choisie par le Président de se débarrasser du général de corps d’armée M. Médiene dit Toufik, via un saltimbanque répondant au nom d’A. Saadani, zemmar de son état et syndicaliste à ses heures creuses, est pour le moins inélégante, en direction d’un homme qui lui a garanti le fauteuil présidentiel durant quatre mandats successifs. Son retour annoncé et l’excommunication de l’agent d’exécution des basses besognes, semblent être le signe d’une repentance non assumée mais non sans arrière-pensées, puisque l’organisation des prochaines élections législatives doivent préparer la prochaine désignation élective présidentielle anticipée ou non.
(17) Pour Max Wray de l’institut Alaco (London-based business intelligence consultancy), la source évidente d’instabilité est « la santé défaillante du Président A. Bouteflika, qui a dirigé le pays depuis 18 ans. Sa santé mentale s’est détériorée » et » certains croient que c’est son frère, Said, qui prend les décisions… Toute cette situation attise les discordes et les convoitises entre les différents clans du pouvoir, entre les services de renseignement, l’armée et le bureau de la présidence. »
(18) The Global Risk Insights (GRI), une publication qui fournit une analyse du risque politique et de la géopolitique, dresse un rapport alarmant sur la santé d’A. Bouteflika et parle d’un président qui a carrément un « pied dans la tombe », en plus du rapport présenté, en début de semaine, à l’administration D. Trump, par The Washington Institute for Near East Policy, qui soutenait qu’A. Bouteflika était « confiné en fauteuil roulant et incapable de parler ». Il estime enfin que « les risques d’une implosion sont grands » dans la mesure où « il est difficile d’estimer si A. Bouteflika contrôle les décisions prises en Algérie ».
(19) Pour N. Beau, « C. Khelil active et fait un lobbying énorme… il joue un rôle stratégique dans la nouvelle feuille de route que l’Algérie adopte… Mais son influence ne s’arrête pas là… Plateaux de télévision, réseaux sociaux, conférences, l’ancien ministre se fait réhabiliter doucement mais sûrement. Les atlantistes peuvent ainsi mettre leur feuille de route en marche puisqu’en parallèle, l’Algérie confie de grands projets à des entreprises américaines et les visites d’affaires des officiels algériens aux Etats-Unis se multiplient depuis 2016».
(20) L’ancien ministre de l’énergie et des mines est marié à une américaine d’origine palestinienne, ce qui risque de poser un problème constitutionnel en cas de candidature présidentielle. Mais gageons que ses lobbies trouveront une solution probante, comme en 1999 !
(21) Après avoir déclaré que cette nomination relevait du chef de l’état et qu’il était soutenu par les «plus hautes autorités de l’état», pour se disculper, le ministre N. Boutarfa fut sommé de se parjurer en déclarant à Bouira, que «cette nomination n’obéit à aucune vision politique mais elle s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle vision du groupe…».
(22) Algerian-American Foundation: P.O. Box 5584 Washington, DC 20016-9997 USA.
(23) Un publi-reportage faisant la promotion de l’Algérie a été publié mercredi 22 mars dans le Washington Post. Sponsorisés par plusieurs entreprises privées et publiques, ces articles cherchent à illustrer le dynamisme du pays dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, des mines, de la pharmacie.
(24) Ce maillage de rendez-vous marque très clairement, pour le lecteur averti, les centres d’intérêts que les USA veulent investir dans les cinq prochaines années, chassant de ce fait, les partenaires traditionnels de notre pays, c’est-à-dire l’Europe et en particulier la France.
(25) Selon H. Malti, BRC a acheté, en 2004, de la firme américaine Raytheon, des « mallettes de commandement » (ordinateurs communicants ultrasophistiqués) pour un montant de 1,5 milliard de dollars et destinées aux très hauts cadres l’ANP. Mais, vers la mi-2005, les services spéciaux russes informèrent les militaires algériens que ces mallettes étaient reliées aux écoutes de la CIA. L’ex-colonel B. Boukhari, patron alors de la justice militaire, pourrait utilement éclairer l’opinion publique algérienne sur ce cas.
(26) Un clivage stratégique, du couple franco-allemand sur le Maghreb, est apparu dès la chute du Mur de Berlin, puisque la RFA va concentrer tous ses moyens de coopération sur sa profondeur stratégique que représentent les pays de l’ex-Europe de l’Est, alors que la France aurait souhaité une coopération plus équilibrée en direction du Maghreb.
(27) Le Maroc est sous la ferrure française, en contrepartie de l’alignement indéfectible de la France sur les thèses marocaines, dans le dossier du Sahara occidental. Cet argument dicte l’orientation dans les relations franco marocaines. À Bruxelles, la France prouve, à chaque débat sur la question qu’elle est l’allié le plus dévoué du Maroc. Pour rappel Rabat a coupé, de février 2014 à janvier 2015, la coopération judiciaire et antiterroriste avec Paris, après que la police judiciaire française ait tenté, en vain, de conduire devant un juge d’instruction A. Hammouchi, patron de la Direction Générale de Surveillance du Territoire du Maroc.
(28) Le parti de la France ou le lobby français en Algérie est toujours stigmatisé, lorsqu’en Algérie, on veut faire pression sur la France. D’où la signature des projets de contrats et non pas de contrats réels entre les deux parties dernièrement. En effet, une partie des «oligarques» algériens, préfèrent traiter avec de nouveaux partenaires notamment asiatiques, turques et américains. Le clan présidentiel, comme à son habitude, joue les uns contre les autres pour toujours contrôler ce conflit d’intérêts à son avantage, pour conserver l’alliance avec les cercles français en Algérie.
(29) B. Cazeneuve omet de dire que dans les deux cas, Libye et Mali, la France a copieusement ignoré l’Algérie et toujours considéré qu’il s’agissait de sa profondeur stratégique et qu’elle entendait agir souverainement !