Les récentes pénuries de médicaments posent plus que jamais la question de l’état du secteur de la santé en Algérie.
Combien d’hôpitaux et de bibliothèques aurions-nous pu construire avec les milliards de dollars jetés dans la démesure par des gouvernants pervers qui font de l’érection de l’un des plus haut minarets au monde une réalisation plus utile au petit peuple que sa santé et son confort sanitaire ?
Si l’on en croit certaines études basées sur des modèles mathématiques sérieux, l’effondrement de notre civilisation c’est pour bientôt, quelques dizaines d’années à peine ! Et ce, pour les mêmes raisons qui ont conduit à la chute de nombreux empires à travers l’Histoire ; à savoir une surpopulation effrénée, des ressources agricoles insuffisantes et une nature essoufflée par une démesure de consommation en progression permanente.
Toutes ces causes ont pour origine l’irresponsabilité de l’homme dans sa quête et son obsession d’opulence insatiable, aux dépens de l’harmonie qui régit les interactions entre les autres espèces animales et végétales qui coexistent sur Terre depuis que la vie est apparue, il y a des milliards d’années. Conjuguées à des disparités sociales immodérées entre riches et pauvres, ces fonctionnements contraires aux lois de dame-nature ont de tous temps mené à la chute des empires qui se sont construits depuis 5000 ans.
À cet égard, le cas de l’Algérie est un exemple édifiant d’inconscience humaine, tant la folie et l’impéritie de nos dirigeants ont creusé des écarts abyssaux entre le niveau de vie du citoyen lambda et celui des membres de la nomenclature Armée-FLiN-tox aux commandes depuis 1962. La « hogra » ambiante à tous les niveaux des relations dirigeants-dirigés depuis l’indépendance ont atteint un niveau d’arrogance stérile qui constitue un exemple d’interaction gouvernants-gouvernés des plus indignes et des plus ignominieux sur Terre.
S’il y a un secteur où cet écart est le plus perceptible, et qui résume à lui seul la faillite du système, c’est bien celui de l’accès aux soins. Pour un simple petit bobo, les membres de la caste s’envolent sous d’autres cieux pour se soigner et se refaire une petite santé. Du simple FLiN-tox à l’officier militaire, ils sont des milliers par an à se rendre en France pour des soins plus ou moins justifiés par l’absence de moyens matériels et de personnel qualifié au pays.
Pour ces milliers de « hauts cadres de la nation » il ne semble pas y avoir de problème de visa ni celui des devises. Quant au p’tit peuple, on se contente de soigner sa foi. Soins qui lui assureront une meilleure santé dans l’au-delà. La grande mosquée d’Alger rentre dans le cadre de la perfection de cette santé spirituelle que nos dirigeants nous insufflent avec bienveillance. La grâce de Dieu ne vaut-elle pas plus de mille séjours au Val de Grâce de Paris ?
Cette situation déplorable a toujours été encouragée par les Chefs d’État qui se sont succédé à El-Mouradia depuis l’indépendance.
De Boumediene à Tebboune, tous nos dirigeants se sont soignés à l’étranger.
Comment dès lors s’étonner quand la petite famille militaro-FLiN-tox prend exemple sur ces présidents fantoches choisis pour nous dans les arcanes du Pouvoir ?
Pour une simple chirurgie de l’appendicite, pourtant couramment pratiquée avec succès aux quatre coins du pays, Chadli s’était envolé en Suisse.
Pour une opération tout aussi bénigne, Zeroual s’était rendu à Genève. D’ailleurs, pour ceux qui nous présentent notre général-président pour un exemple de probité, il me revient en mémoire, un souvenir de citoyens regroupés à l’abord de l’hôpital suisse, où il se faisait soigner en 1997-98, pour dénoncer ce choix immoral d’un établissement étranger alors que le citoyen faisait face à des pénuries chroniques de toutes sortes de médicaments et produits pharmaceutiques.
Les gardes du corps de notre vénéré Zeroual n’avaient rien trouvé d’autre comme répartie à ce regroupement hostile qu’une gestuelle de bras d’honneurs larges et soutenus à l’adresse de ces compatriotes. Cette anecdote avait été rapportée à l’époque sur les colonnes d’El Watan – le premier journal en ligne à nous avoir ouvert ses colonnes du temps de Zeroual – par un Algérien qui affirmait en avoir été témoin. Y a-t-il une raison de douter de la parole d’un compatriote exilé alors que nos gouvernants ne cessent de débiter des bouffonneries infectes à détrôner Hermès, le dieu du mensonge ?
Au-delà du fait que de telles chirurgies auraient pu être facilement réalisées chez nous, si Chadli et Zeroual s’en étaient remis à nos praticiens en leur faisant confiance cela aurait eu une telle valeur d’exemple et de morale qu’il y aurait eu des retombées extraordinaires sur le secteur de la santé. Nul doute que de nombreux praticiens auraient réfléchi à deux fois avant de prendre le chemin de l’exil.
À la suite d’un AVC, Bouteflika avait été évacué au Val de Grâce.
Houari Boumediene avait choisi l’ex-URSS !
Tebboune n’est pas en reste, puisque, atteint du Covid-19, c’est l’Allemagne qu’il avait choisie pour se soigner.
La palme d’or, l’exemple atypique de légèreté par excellence, revient certainement au général Nezzar, lequel s’était doté d’un aplomb inouï en osant se rendre en Suisse pour y soigner une petite addiction à la cigarette !?
Quel changement peut-on espérer quand le flambeau de la patrie voltige hors de portée du citoyen harponné par des tours de passe-passe abusifs entre FLiN-tox et militaires ? À l’heure où le monde projette de conquérir l’univers en transitant par la planète Mars, l’Algérie part à la conquête de l’espace, façon Ramsès et autres Pharaons d’il y a 5000 ans !
À défaut d’hôpitaux aux normes modernes pour améliorer la santé des vivants, on construit des mosquées pour soigner la foi et améliorer l’au-delà des croyants.
Les hôpitaux suisses et le Val-de-Grâce, c’est pour eux, quant au p’tit peuple, on lui fait miroiter la grâce de Dieu !
Kacem Madani