Dimanche 25 août 2019
De David Cassidy à Soolking: quand la mort a rendez-vous avec la renommée !
Tous les Algériens d’ici, de là-bas et d’ailleurs, ont décelé en Soolking et Ouled el-Bahdja ces étincelles tant attendues par le pays tout entier pour mettre le feu à une poudre inanimée, rendue amorphe par une race de dinosaures vorace, et enflammer l’énergie d’une jeunesse avide de vie !
Quel bonheur de voir des jeunes aux quatre coins du monde fredonner les titres « Guérilla » et « Liberté », et souvent conclure par un « one, two, three, viva l’Algérie’ » franc et chaleureux. À lui seul, ce slogan, devenu international, en dit long sur le capital sympathie envers le pays que ces mois de Hirak ont cumulés !
Comment dès lors ne pas accueillir avec contentement l’idée d’un retour aux sources de Soolking pour gratifier ces jeunes du terroir d’un spectacle à la mesure de leurs espérances ? Des espoirs trahis par des octogénaires déconnectés d’un monde condamné à suivre d’universelles cadences de rapprochement pour éviter à l’Humanité des lendemains d’hostilité et autres dévastatrices belligérances.
La veille du concert, par je ne sais par quel mécanisme de réflexion inopiné, je m’étais mis à redouter que les experts en manigances supérieures se soient mis en tête de supprimer notre vedette en direct pour pousser nos jeunes au soulèvement dont les chenapans au pouvoir rêvent tant et ainsi justifier toutes sortes d’interventions pour mater cette population qui tarde à se mettre à leur diapason de tyrans ! J’avoue que pendant toute la journée de jeudi, cette peur de voir Soolking connaître le même sort que Matoub Lounès devenait une véritable obsession. Comment ne pas se prendre de sympathie pour un jeune qui a l’âge de vos enfants et qui réussit et connaît le succès ?
M’étant endormi sur cette appréhension, ce n’est que vendredi matin que je découvre l’horreur de ce drame qui a emporté 5 jeunes à la fleur de l’âge, en plus de dizaines de blessés, ce jeudi 22 août.
Ce n’est pas la première fois dans le monde du spectacle que la mort est au rendez-vous lors de mouvements de foules qu’entraînent souvent les concerts de célébrités. En apprenant la nouvelle, le block mémoire s’est immédiatement connecté sur un souvenir des années 1970.
Nous sommes en 1974, David Cassidy, un jeune américain de 24 ans avait déjà atteint l’apogée de sa renommée, cumulant 10 années de succès, en vedette télé, fructifiant productions et chansons, quand lors d’un spectacle donné à Londres, une jeune fille de 14 ans perd la vie !
Dévasté par ce drame, David Cassidy mit définitivement un terme à ses tournées ! Plus aucun concert depuis ce jour maudit, et ce jusqu’à sa mort en 2017 !
Quelle leçon tirera Soolking de ces 5 vies emportées avant même d’avoir décodé ce que le verbe Vivre signifie ? Il ne nous appartient pas de le conseiller ! Mais quelques questions méritent à toute conscience d’être posées.
– Le prix du succès doit-il se chiffrer en morts et en deuils, ceux des autres, comme toujours ?
– Le pouvoir essayait-il de récupérer Soolking et porter un coup sur le moral de ce Hirak dont il représente l’un des symboles de cohésion ? Même si les marches de ce 27ème vendredi prouvent que malgré tout, la détermination des troupes demeure intacte à travers tout le pays.
-Si de tels soupçons ne sont pas justifiés, en résultats d’une paranoïa incontrôlée, comment expliquer que l’ENTV ait transmis le concert dans son intégralité ?
Bien évidemment, il ne s’agit pas de charger ou de remettre quelconque faute directe ou indirecte sur notre rappeur, d’autant que sa réaction transpire une vive émotion exprimée avec des mots de compassion profonde, à l’origine d’une douleur éprouvée.
Les responsables du drame sont à chercher en haut lieu ! Chez ceux qui ont cantonné le concert dans un stade de quartier au lieu de le programmer, en plusieurs dates, au 5 juillet ! Là où tout le monde pouvait respirer et danser sans avoir à se bousculer !
À l’opposé de la réaction de chagrin, sommes toutes humaine, de notre rappeur, voici celle de Meriem Merdaci :
« Je démissionne du ministère qui ternit ma réputation et mon image ». « Je n’accepte pas que l’on me reproche ce que je n’ai pas fait ».
5 morts, des dizaines de blessés, et tout ce que l’ex-madame la ministre trouve à éructer comme peine et colère est lié à l’image que lui renvoie sa petite personne ! Cela rappelle le regard arrogant qu’avait jeté Karim Younes sur le soulèvement d’Octobre 1988 (*). Comme quoi, le moule du Système, celui qui fabrique des têtes de linottes pour occuper des postes supérieurs à leurs minables QI dénudé de toute trace d’humilité, fonctionne toujours. Comme si de rien n’était. Il a encore de nombreuses pièces à fabriquer et nous refiler ; b’seif, comme d’habitude.
Quant à Soolking, il lui appartient, encore une fois, de s’adonner à une réflexion intérieure plus que nécessaire pour ce bourgeonnant gladiateur du terroir pour gérer cette carrière fulgurante qui l’a propulsé au rang de vedette adulée et à laquelle nombreux sont nos jeunes qui s’identifient.
En ces moments de tristesse et de peine pour les familles des victimes, même si c’est un peu trop facile de l’invoquer, se réfugier derrière ce fameux Mektoub de résilience est peut-être bien l’unique thérapie pour se donner le courage de traverser ces moments de profonde souffrance.
Nos sincères condoléances aux 5 familles et leurs proches !
K.M.
(*)https://lematindalgerie.comkarim-younes-dans-le-panel-du-dialogue-est-ce-vraiment-serieux