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De l’Algérie mafieuse à l’Algérie nouvelle

OPINION

De l’Algérie mafieuse à l’Algérie nouvelle

Une poule calabraise décida de devenir mafieuse. Elle alla trouver un ministre mafieux pour avoir une recommandation, mais celui-ci lui dit que la mafia n’existait pas. Elle alla trouver un juge mafieux, mais celui-ci aussi lui dit que la mafia n’existait pas. Elle alla enfin trouver un maire mafieux qui lui dit aussi que la mafia n’existait pas. La poule retourna au poulailler et, à ses compagnes qui lui faisaient des questions, elle répondait que la mafia n’existait pas. Toutes les poules pensèrent alors qu’elle était devenue mafieuse et elles commencèrent à la craindre. « Luigi Malerba. »

Après cette introduction humoristique qui image les quarante ans de sabotage dans les structures de l’État, je continue mes idées par les paroles de Reuters Jeffrey Sachs, économiste américain et professeur à l’université de Columbia. Jeffrey considère que le secret des pays où le taux de bonheur des citoyens est plus conséquent est dû à un degré de confiance élevé des citoyens, à des inégalités faibles et à la confiance dans le gouvernement.

Chance ou hasard ? Chadli fut choisi président le 9 février 1979. Le Hirak surgit le 22 Février 2019. Quarante ans de souffrance dans une Algérie de bourgeoisie mafieuse. Cette Algérie était gérée à la manière de Soussou. Cette splendide dame aux cheveux blonds avait le don de voir le futur des affaires à la manière de l’actrice Solitaire. L’actrice du film « Vivre et laisser mourir » de James Bond.

Cette Bourgeoisie a détruit toutes les valeurs de citoyenneté. En cette période, le pays était gouverné selon une mythologie larbienne basée sur une série de mensonges. Hélas! Ces mensonges ont été pris pour une croyance divine. Je peux comparer cette période larbienne à la période pharaonienne. Lorsque Dieu a libéré le peuple d’Israël de l’esclavage pharaonien, il fallut aux Israéliens 40 ans pour atteindre la Terre promise. L’Algérie nouvelle sera-t-elle semblable à la terre promise après 40 ans de non sérieux politique ?

La mythologie larbienne mafieuse

Pour comprendre cette mythologie, je reviens aux histoires de nos aïeux. Une histoire d’un ancien officier supérieur français nommé Bendaoud. Cet officier supérieur est d’origine algérienne, né en 1837 d’un père agha. Il fut le premier Saint-Cyrien algérien et l’un des premiers officiers musulmans dans l’armée française avant de devenir citoyen français. Réalisant une brillante carrière dans l’armée, il fut promu colonel au premier régiment de spahis algériens en 1889. Il fut élevé au grade de grand officier de la Légion d’honneur. Bendaoud fréquentait la haute classe de la société française. Un jour, une aristocrate française organise un bal.

Des officiers supérieurs étaient invités. Bendaoud était parmi eux. L’aristocrate passe en revue ses invités et leur tend la main après qu’on les lui ait présentés. Elle arrive devant le Colonel Bendaoud. Au moment de lui tendre la main, elle entend son nom. Elle retire sa main et passe au suivant. Après cet acte raciste, Bendaoud découvre la réalité. Il n’est qu’un citoyen français de deuxième classe. Il soupire et lance cette morale: « Un Arabe est un Arabe, même s’il s’appelle le Colonel Bendaoud ». Allah « ghaleb » ! Larbi avait la même histoire.

Je continue, Chadli était un président de façade qui ne fait qu’honorer de ses signatures tous les contrats que lui présentait son directeur de cabinet et ange gardien Larbi Belkheir! Le qualificatif larbienne utilisé dans le texte a ses racines dans le nom Larbi. Chez nous, l’histoire de la bourgeoisie mafieuse a commencé en 1979. Cette bourgeoisie impliquait des personnages politiques et des hommes d’affaires louches. Trafics, grande criminalité, blanchiment d’argent, corruption tournaient autour d’une personnalité centrale : Larbi Belkheir. Qui ne connait pas Larbi Belkheir? « Le grand camérier », « le cardinal d’Aïn El Hadid de Frenda », « le parrain de la « mafia politico-financière » » ou « l’imam caché !”, c’est ainsi qu’Amir Akef et Florence Beaugé du Journal le Monde nomment cet officier mystérieux.

Né en 1938 à Frenda, willaya de Tiaret, Larbi Belkheir obtient le grade de sous-lieutenant dans les rangs de l’armée française. Il rejoint l’ALN en 1961 (réf. Le Parisien du 19 juin 2001). A cette époque, Général De Gaulle parlait de « l’Algérie algérienne » tout en démarrant des pourparlers avec le FLN. Si Larbi Belkheir et le groupe qui l’entourait ont déserté au bon moment. Ce fils de caïd ou Bachagha a fait sa carrière politico-militaire dans l’ombre du colonel Chadli Bendjedid. Depuis ce temps, un pouvoir dictatorial incarné dans cet homme du pouvoir réel nommé « chef du cabinet noir » entre 1979 et 2005.

Quand Chadli Bendjedid arrive au pouvoir, Larbi Belkheir fut promu au grade de colonel, le plus haut grade à l’époque. Ce grade lui permettait de diriger le Haut Conseil de défense. Il devient secrétaire général de la présidence, puis directeur de cabinet du président. Il était l’intelligence noire du régime durant toute cette période. L’homme de la rue le qualifiait d’homme invisible qui tire les ficelles des conflits.

Ce serait lui qui aurait convaincu les « décideurs », après la démission en 1998 du président le Général Liamine Zeroual, de faire appel à Bouteflika. Larbi Belkheir prenait toutes les décisions de nominations au sein du système. C’était le pylône du régime. Pour William Byrd, un banquier américain spécialiste de l’Algérie, « les vrais décideurs sont invisibles, on ne peut jamais leur demander des comptes…. A la mort de Houari Boumediene le 27 décembre 1978, un groupe d’hommes ( dont Larbi Belkheir) ont été au cœur du dispositif de prise du pouvoir dès 1979 et l’installation de Chadli Bendjedid à la présidence comme successeur de Houari Boumediene. »

A titre d’information, en 1999 après l’élection de Bouteflika, Benflis a été récompensé sous les ordres de Larbi Belkheir. Ali Benflis a été successivement directeur de cabinet de Bouteflika, son secrétaire général à la présidence et enfin son Premier ministre durant près de trois années, entre août 2000 et mai 2003. Dans le même contexte, il convient de souligner que le phénomène Ali Haddad et ses acolytes ont tissé des alliances dans les hautes sphères de l’Etat pour devenir des milliardaires en un lapse de temps. L’Algérie de Larbi reposait sur un système fondé sur deux piliers : la corruption généralisée et le contrôle de la société par la police politique.

L’Algérie nouvelle

Monsieur le président, l’Algérie nouvelle est le rêve de tout Algérien. Le rêve d’une utopie émancipatrice pour la liberté et la justice sociale. Le rêve d’une Algérie libre et indépendante où la justice, l’éducation et la santé sont ses piliers solides. Monsieur le chef de gouvernement est-il conservable de voire un technicien français gérer l’eau en Algérie ? Je vous informe que la Sonatrach fourmille de techniciens capables et compétents dans la production de l’eau de mer par des dessalements. La Sonelgaz abonde de techniciens qui maitrisent la distribution. Est-il conservable d’avoir des coupures d’eau le jour de l’Aïd ? Monsieur Djerad, il est un peu inquiétant de voire la mafia faire barrage à nos rêves. Qui sait ? Peut-être cette La mafia veut faire échouer le projet de l’Algérie nouvelle dont le président parle.

L‘éducation est le bonheur des citoyens

D’après l’auteur Malène Rydahl dans son livre « Les Commandements du bonheur », le respect de l’autre et la solidarité sont inculqués dès l’enfance au Danemark. Dans ce pays, les enfants apprennent à s’écouter et respecter les opinions des autres. De plus, 70% des jeunes de 13 à 17 ans ont un emploi l’après-midi ce qui leur permettent d’acquérir une autonomie financière. Espérons que nos leaders s’inspirent de ce système et cessent de voir uniquement dans la même direction.

Notre système éducatif est un héritage de l’ancien colonisateur. D’Abdelkrim Benmahmoud à Benghebrit en passant par Benbouzid, l’école algérienne a subi des réformes mais sans résultats sérieux. Depuis, nos enfants portent des fardeaux de manuels inutiles et apprennent par cœur des choses non conformes à la réalité. J’illustre mon texte par les anecdotes de Lucie, un professeur français. Elle nous décrit son expérience hors de la France. « L’accompagnement de différents professeurs au Danemark, de la Folkeskole à Gymnasium, m’a permis de découvrir les méthodes d’éducation utilisées. Le caractère intimidant que l’on peut connaître dans les écoles françaises entre le professeur et ses élèves n’existe pas au Danemark.

Les élèves appellent le professeur par son prénom. Au lycée, j’ai été surprise de vivre un bon nombre de goûters et de films pendant les cours. Ils n’ont d’ailleurs que très peu de devoirs à la maison. En dehors de cela, les jeunes danois se montrent beaucoup plus créatifs étant donné que c’est ce qui leur est en majorité demandé. Le système danois propose donc un mode d’éducation totalement différent de ce que nous pouvons connaître en France et il semble avoir porté ses fruits. Le Danemark doit donc en partie ces résultats à son éducation dont les autres pays européens devraient sûrement s’inspirer… ». Il est temps de revoir l’école Algérienne. Espérons que l’Algérie nouvelle opte pour un système d’éducation qui satisfait le rêve du citoyen lambda.

La justice est la dignité du citoyen

Les défendeurs des droits de l’homme nous disent que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. En contraste, le citoyen lambda ne demande pas un Omar Ibn El Khatab comme juge dans nos palais de justice. Il veut tout simplement que justice soit établie. Le citoyen lambda, aussi petit qu’il soit, sait que le respect d’un juge est lié à son honnêteté. Il convaincu que si un juge échoue, ce n’est pas parce qu’il n’a pas atteint les résultats escomptés l’équipe qui l’entoure, mais c’est surtout, parce qu’il n’a pas été exemplaire dans ses actions. Exemplaire veux dire jute et loyal. Le résultat est simple, si un juge fait le contraire de ce qu’il dit à ses sabbataires, il ne sera ni crédible ni influenceur. La justice est l’essence de réussite dans tous les domaines.

A travers le verset [58] Al-Nissa, le bon Dieu ordonne à tous les leaders musulmans d’appliquer la justice s’ils veulent être respectés. « Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants-droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité ». Hélas la majorité des leaders musulmans demandent aux imams dans les mosquées de réciter le verset [59] « Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement) ». Le verset [59] est une conséquence du verset [58]. Hélas et mille fois hélas, le verset [58] qui parle de justice et d’honnêteté est ignoré par les leaders et non lu dans nos mosquées. Espérons que l’Algérie nouvelle opte pour un système de justice qui satisfait le rêve du citoyen.

La sante est le bien être des citoyens

Une population en bonne santé est le moteur d’une économie solide. Cela implique que nous ne pouvons pas demander à un citoyen malade de produire ou de défendre son pays. J’ai appris aux États Unis que l’espérance de vie est liée au système de santé. Une nation ne se construit jamais sur une population malade. Le suivi de l’état de santé d’une population commence aux établissements de l’éducation : Ecoles, lycées et universités. C’est ainsi que les factures de soins sont réduites. Espérons que l’Algérie nouvelle opte pour un système de santé qui satisfait le rêve du citoyen lambda.

Conclusion

Le faux ne dure pas pour longtemps. L’expérience démontre que l’argent mal acquis vous fait sauter du dos de votre baudet qui se déplace à quatre pattes au siège de la voiture japonaise quatre-quatre en un temps record. Dans un pays où la justice joue son rôle, la vie de voiture quatre-quatre, cadeau miracle du père Noël, ne dure pas longtemps. La jouissance et le confort d’un argent mal acquis se termine sans faute dans la prison d’El Harrach.

La culture indoue nous fait leçon : Rappelez-vous, qu’il n’existe rien de constant si ce n’est le changement. Je suis convaincu que les nationalistes, les honnêtes, les intègres et les libres gagneront la bataille et bâtirons l’Algérie nouvelle de nos rêves. Notre nation a tous les atouts pour être heureuse et prospère. Une fois la corruption éradiquée, abattue et enterrée, l’Algérie nouvelle naitra et donnera au plus humble de ses citoyens un niveau de vie et de sécurité élevé.

 

Auteur
Dr Omar Chaalal

 




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