Dimanche 18 mars 2018
De nouveau, le FMI drague l’Algérie !
De toutes les belles nations d’Afrique, c’est celle de la partie nord, en l’occurrence l’Algérie, qui séduit le plus le Fonds monétaire international (FMI).
Ce qui est certain, c’est qu’il ne l’aimait pas pour sa beauté, pour la grandeur de son histoire ni pour sa diversité des années trente, où musulmans, juifs, catholiques et autres migrants de la faim venus d’Espagne, d’Italie et du Portugal, sans espoir de retour. Ce n’est pas non plus pour la longueur de son littoral, son soleil et sa méditerranée bleue, ni pour son beau et gigantesque Sahara, qu’il la convoitait. Le FMI désire juste l’arnaquer une nouvelle fois en lui imposant un programme d’ajustement structurel; une recette favorable aux spéculateurs de tout bord et défavorable aux salariés, aux retraités, aux chômeurs etc. Un programme qui laissera très peu de marge de manœuvre à l’État et dont le coût économique et social ne sera qu’insupportable et extrêmement dommageable.
Le FMI est constitué de personnalités professionnelles grassement payées, qui sont là à escroquer des milliards de dollars à plusieurs pays pris dans des pièges de crises économiques, pour des raisons diverses. Il ne perd jamais; il gagne à tous les coups : à titre d’exemples : ‘Christine Lagarde, la Directrice du FMI, touche un salaire net de 400.000 euros par an.
Le Ghana, par la voix de son président, a déclaré qu’il n’y a aucune raison de compter sur le FMI.
Rappelons-nous cette histoire de détournement de fonds camerounais, par l’entreprise américaine, Geovic Mining Corp., avec la complicité du FMI ». Dans la pratique, le FMI favorise l’endettement, et avec l’assurance et la collaboration des multinationales, ils pillent les richesses des pays endettés. Ce n’est donc ni plus ni moins qu’un système d’escroquerie »légalisé » par des lobbies financiers internationaux. Alors, l’Algérie allait elle s’offrir, une seconde fois si docilement à ce richissime FMI, ce grand spécialiste international de la finance ? Elle qui s’était pourtant bien faite déplumée au cours des années 1990 ! Nos décideurs de l’époque, qui sont encore à leurs postes aujourd’hui, ont collaboré à ce jeu malsain. Ils ont illusionné le peuple en lui faisant croire qu’avec un prêt de 32 milliards de dollars et quelques prières citoyennes, avant de dormir le soir, l’Algérie allait devenir plus belle, beaucoup plus forte et beaucoup plus riche qu’avant. Ce n’est qu’une supercherie en réalité.
Pourtant, un quart de siècle après, la leçon n’a malheureusement pas été apprise et ce malgré des recettes pétrolières sans précédent de 1999 à 2012, qui avaient permis à nos caisses bancaires et donc au trésor public de se régénérer; nos réserves de change avaient atteint un pic de plus de 200 milliards de dollars à fin 2013 et le fonds de régulation des recettes s’affichait à un niveau de 840 milliards DA à fin 2016. Nos éternels dirigeants, responsables au plus haut point, de la crise que nous vivons aujourd’hui, ont choisi de garder les yeux fermés et les oreilles bouchées et de poursuivre, sans scrupule, leur politique de coups bas, d’achat de paix sociale, d’institutionnalisation de la corruption et leur besogne de débâcle économique. Que de poudre aux yeux; ils ont poussé le bouchon jusqu’à recréer des conditions semblables à celles d’avant octobre 1988.
Nous assistons à une intimidation sans commune mesure de l’opposition, qui est quasi réduite à néant, le peuple livré à lui-même, se retrouve piégé une fois de plus au cœur même d’un »terrain marécageux », sans possibilité de s’en sortir. Que doivent faire maintenant nos dirigeants? Rappeler le FMI est certainement la solution qui leur convient le mieux, surtout que les caisses sont vides et la rue grogne chaque jour que Dieu fait. C’est donc une solution simpliste qui leur procurera de l’argent frais, qui leur permettra de calmer le monde, de se maintenir au sommet et de nous mener en bourrique. En tout cas, les pots cassées seront payés par les générations futures, tant mieux pensent-ils.
Nos dirigeants se sont habitués à la facilité, à la rente pétrolière sans jamais penser à diversifier notre économie.
En dehors des hydrocarbures, nous exportons presque rien et nous importons tout ce que Dieu à bien voulu donner, en termes de produits alimentaires ou autres. Ils ont réussi à faire de la logique rentière, un modèle de gestion économique du pays; allant jusqu’à la redistribuer, sans développer nos capacités de production locales et donc de création de richesses. Toute la société civile est mécontente aujourd’hui. L’Algérie compte pas moins de deux millions de familles démunies. Une vérité longtemps cachée par les pouvoirs publics.
Pourtant, le pays est vaste et riche. Il est surtout riche de sa jeunesse, de ses grands diplômés, de ses ressources naturelles, de sa terre agricole, de sa beauté pour le tourisme et j’en passe. Pour revenir au FMI, ce dernier est face à une aubaine qu’il ne lâchera pas. Il n’hésitera pas à noircir davantage le tableau, déjà noir, pour se faire désirer et augmenter ses enchères.
Face à nos dirigeants d’aujourd’hui, incapables de »vendre » notre pays ou de capter les investisseurs étrangers, le FMI ne trouvera aucun obstacle pour nous faire avaler sa grosse couleuvre, de plan d’ajustement structurel. Les deux seules options qu’il aura à nous offrir, consisteront à choisir entre : disparaître à court terme ou souffrir gravement sur un long terme (mourir tout de suite ou demeurer éternellement malade). Pourtant des propositions ont été faites et des solutions existent, pour peu que les pouvoirs publics les prennent en considération. Il suffit juste de jeter un coup d’œil à notre système fiscal. il est tout juste un agent qui ne fait que contrecarrer la performance économique. Sa mauvaise gestion aggrave davantage la situation en facilitant la fraude et l’évasion fiscales.
L’autre point noir qu’il faudra passer à la loupe, c’est cette économie informelle avec des montants colossaux tant en dinars qu’en devises fortes, qui circulent en dehors de la sphère réelle. Pas moins de 50% de la masse monétaire en circulation annuellement, sont à mettre à l’actif de l’économie informelle. En conclusion, j’aimerai reprendre une des phrases d’un ami que je respecte beaucoup, qui m’avait dit un jour : »Ah, si les martyrs savaient et que le peuple pouvait… ».
Ahcène Moussi, économiste et président de la mouvance migratoire au Canada (MMC)