Jeudi 4 février 2021
De quel communiqué de Sonatrach l’APS parle-t-elle ?
L’Agence Presse Service (APS) (01) et ce qui est vraiment curieux voire insolite et inédit, à travers elle plusieurs médias algériens s’appuyant sur un prétendu communiqué de Sonatrach reprennent des chiffres très contradictoires parfois fallacieux pour s’enorgueillir que le mastodonte algérien « consolide sa place de premier fournisseur de l’Espagne et le second pour l’Italie en 2020 ».
Comme s’il s’agissait d’une consigne venue d’en haut pour diffuser cette information en urgence.
D’abord, le groupe Sonatrach habituellement officialise ses communiqués à travers son site Web (https://sonatrach.com/) mais il ne l’a pas fait car à l’heure où nous écrivons, le dernier concerne un accord syndical.
Par contre, à la lecture des chiffres donnés par l’APS, on devine qu’elle a fondé cette information qui semble très urgente par son effet d’annonce sur une certaine page Facebook qui se fait appeler « page officielle de Sonatrach ». Le souci, c’est que les deux personnes qui l’administrent il n’y a pas si longtemps mentionnent le faire à partir de Paris (hic !). Plus énigmatique : leurs noms n’apparaissent plus (02) et donc on ne peut en aucun cas confirmer que ces chiffres viennent réellement de Sonatrach.
Dans ce prétendu communiqué justement, on zoome sur les rangs sans se soucier de la rentrée d’argent qui a subit une baisse globale de 1733 millions de dollars. Ensuite si ce communiqué venait réellement des services communication de Sonatrach, il ne peut pas permettre une erreur aussi flagrante, celle lit-on, « ces volumes de gaz ont été livrés par voie de gazoduc à travers Medgaz et GME vers l’Espagne, via GEM vers l’Italie ainsi que par la flotte de méthaniers de SONATRACH (GNL). »
En effet, Sonatrach ne livre pas son gaz à l’Espagne à travers le gazoduc GME (Gazoduc Maghreb Europe) mais celui du GPDF, appelé gazoduc Pedro Duran Farrell qui est un gazoduc international qui part du gisement algérien Hassi R’mel et rejoint Cordoue en Espagne en traversant le détroit de Gibraltar.
Ensuite le rang n’est pas si important pour l’Algérie mais plutôt en faveur des deux clients italien et Espagnol qui font pression sur la Russie en faisant valoir la diversification de son approvisionnement pour casser les prix. Par contre pour l’Algérie, le plus important c’est la rentrée d’argent pour financer ces besoins socio- économiques et surtout son développement.
Ces deux clients n’ont pas manqué tout au long de l’année 2020 à relever le déficit de l’approvisionnement de leur fournisseur Algérien. Les chiffres donnés par ces clients à plusieurs revues montrent que « les exportations de gaz de l’Algérie ont atteint un creux de 25 ans en 2020, chutant de 6% sur l’année à 38,5 milliards de mètres cubes selon les estimations.
À l’exception d’une forte hausse en 2016, alors que les nouveaux projets augmentaient la production, les exportations ont clairement affiché une tendance à la baisse, chutant de 40% par rapport au sommet historique de 64,2 milliards de mètres cubes en 2005. » (04)
En définitive ce genre d’annonce arrange quelque peu une partie qui souffre de la mévente mais aussi contribue à la stabilité de la gestion médiocre de Sonatrach. Quel dommage qu’on tombe si bas !
Rabah Reghis
Notes
02)- https://www.facebook.com/SONATRACH/photos/a.504947826674879/1083972188772437/