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De quelles réserves prouvées liquides Attar parle-t-il ?

DECRYPTAGE

De quelles réserves prouvées liquides Attar parle-t-il ?

Au mois de juillet soit moins d’un mois après son installation le 24 juin 2020  lors de son passage à la chaîne 3 sans être interrogé d’ailleurs explicitement  sur la question Abdelmadjid Attar, l’actuel ministre de l’énergie s’est empressé de donner les réserves liquides de pétrole à 2,4 milliards de tonnes (01).

Le dimanche 30 août 2020, invité chez Hakim Laâlam dans la 11éme émission de Soir d’Algérie en Directe (LSA-Direct), bien qu’averti d’entrée par l’expérimenté animateur qu’ils prendront le thé et fumeront après, il situe ses réserves à 2,7 milliards de tonnes. (02)

Sachant qu’une tonne en moyenne vaut approximativement 7,33 barils, bien que le Sahara Blend voudra un peu plus de part sa légèreté, cela voudra dire qu’en terme d’unité  utilisée habituellement dans le jargon pétrolier, nos réserves de pétrole brut sont passées de 17,592 milliards de barils à  19,791 milliards de barils  soit un gain de 2,199 milliards de barils en espace d’un mois. Est-ce un recalcule géostatistiques ou le résultat de nouvelles découvertes ? Partant du principe que chaque ministre qui occupe le poste de l’énergie, s’adresse au même service du ministère pour puiser ces chiffres stratégiques, le citoyen constate avec regret que depuis 2017, les 3 ministres qui sont passées par ce poste encore une  fois stratégique, chacun d’eux donne ses chiffres  alors qui croire ?

1- D’abords Mustapha Guitouni 

Dans le même quotidien national «Le Soir d’Algérie » dans sa livraison du 14 janvier 2019, un article qui relate la visite du ministre de l’énergie dans la wilaya de Bouira pour inspecter le centre emplisseur de Sidi-Khaled, situé dans la commune d’Oued-el-Berdi à 10 kilomètres au sud de Bouira, notamment lit-on  «des travaux au niveau de ce centre, surtout en cette période de froid et de neige où la pression sur le gaz butane se fait sentir » Très accoutumé comme il l’a promis à maintes reprises d’ouvrir son secteur à plus de communication, il s’est étalé sur plusieurs sujets avec la presse.

D’abord rassurant la population locale qui se bousculait ces derniers jours sur les bouteilles de gaz butane dont le centre qu’il a visité produit autour de 15 000 bouteilles par jour. Ce qui pourrait satisfaire amplement la demande locale en hivers. Il a fait la promotion du GPL Plus important il a annoncé qu’une réflexion est en cours pour étudier la possibilité d’exporter le surplus  production d’électricité qu’il a évalué à 9000 mégawatts pour une offre de 19000 mégawatts.

Jusqu’à ici, le ministre était dans une cohérence par rapport aux statistiques de la compagnie qui en a la charge. Mais lorsqu’il est passé aux ressources souterraines, une confusion totale déroute plus qu’un. Ainsi lit-on dans ce papier « selon l’AIE, l’agence internationale de l’énergie, avec quelque 24 000 milliards de m3 de gaz de schiste, 10 000 milliards m3 de gaz non-conventionnel et, enfin, 6 000 milliards de barils de pétrole….» 

On retient d’emblée le dernier chiffre de 6000 milliards de barils de pétrole, on ne sait pas s’il s’agit du conventionnel ou du non conventionnel mais quelque soit le cas de figure l’imprécision persiste car le chiffre de 6000 milliards est exagère, il suppose dans les conditions les plus pessimistes de   production de 1 millions de barils par jour,  une durée de vie total des ressources plus de 160 siècles ce qui est énorme et frôle l’impossible. On aurait pu prendre ce niveau pour une erreur de transcription du journaliste ou du l’imprimeur mais malheureusement il n’y a pas que le chiffre mais aussi la source et la ressource sont aussi fausses. Ce qui suppose que le rapporteur ne peut inventer tout cela de sa tête.

2- En suite Mohamed Arkab

Ce que venait  à juste titre de révéler l’ex ministre de l’énergie Mohamed Arkab en arrondi bien entendu ne sont donc pas toutes les réserves prouvées mais celles « récupérables restantes » après déduction de la production cumulées de la période mais quelle période ? Lors du conseil des ministres du 6 octobre 2015, le ministre de l’énergie de l’époque a situé et cela figure sur le communiqué final du conseil des ministres pour le brut 1387 millions de tonnes  et pour le gaz 2745 milliards de m3.

L’ex-ministre de l’énergie Mohamed Arkab lui  a donné pour le brut pratiquement les mêmes chiffres de 2015 soit pour le liquide 1340 millions de tonnes et pour le gaz 2368 milliards de m3 et il  a ajouté 260 millions de tonnes pour un total reconverti en millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), cela donnerait 4100 millions TEP. Ces services ont retranché la consommation entre 2015 à fin 2019 soit 400 milliards de m3 de gaz 200 millions de tonnes de brut et environs 36 millions de tonne de condensat. Calcul fait, on aurait selon ces chiffres réévalué des réserves en plus d’environ 47 millions de tonnes. 

3- Cette manipulation des chiffres serait-elle délibérée ?

Chacun de ces responsables qui passent semble tenter d’éviter le canal  réglementaire pour révéler ces réserves, est- ce pour brouiller les pistes ?  Il existe pour cela un arrêté ministériel du 11 juillet  1988 relatif à l’inventaire périodique des ressources nationales d’hydrocarbures liquides et gazeux.

Cet arrêté fait obligation dans son article 01 lui-même se référant à l’article 14 de la loi 86-14 du 19 août 1986, toujours en vigueur pour les contrats de partage de production à toute personne morale exerçant des activités d’exploitation d’hydrocarbures de procéder à un inventaire des réserves contenues dans le permettre du titre minier d’exploitation. Dans ce cadre justement, il fait obligation de donner d’abord les « les réserves en place » qu’il faudrait scinder en  réserves «prouvées», «possibles» et «probables ».

On remarque ici que le législateur ne voulait rien négliger car plus on avance dans le progrès techniques, plus on reconvertit, les deux derniers en «prouvées». Parmi  ces dernières justement et là où les chiffres du ministre ne sont pas clairs, il y a la partie « récupérable» et  celle «non récupérable». Pour les récupérables justement il ya les « développées » et celles « non développées » 

4- Le Soir d’Algérie : un titre provocant au ministre de l’Energie

S’agissant d’un sujet très controversé que celui su gaz de schiste, de nombreux titres privés et publics ont commenté ce passage d’Abdelmadjid Attar  à cette émission de Hakim Laâlam en se focalisant plutôt sur les 43 textes d’application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures mais le quotidien qui l’a reçu en direct lui « colle » une manchette qui pourrait être considérée comme hors du contexte de cet entretien.

En effet, il n’appartient pas à Abdelmadjid Attar en tant que ministre ou celui d’expert de décider «  Sil le faut, on va recourir au gaz de schiste », ni d’ailleurs « pourquoi pas », mais ce sont les conditions quantitatives, techniques, économiques, environnementales et la protection des niveaux acquières qui ont la primeur de le faire. Sur cette question, le gouvernement Djerad a tranché dans son programme noir sur blanc. Abdelmadjid étant membre de ce gouvernement il ne peut se soustraire, c’est du moins ce qu’il a exprimé pour ceux qui l’ont écouté. Il s’agit d’évaluer le potentiel des ressources non conventionnelles pas seulement le gaz de schiste mais aussi le «Tight » en gaz et en huile, le Coal Bed méthane, hydrate de méthane etc. Une fois ce potentiel commercialement évalué, il faut le compléter par une étude environnementale. Ceci pourrait prendre 10 à 15 ans selon ses propres dires dans ce même entretien.

Rabah Reghis

Renvois

(01)- https://www.youtube.com/watch?v=L9uV8Fr1lew&feature=share 

(02)-  https://www.lesoirdalgerie.com/actualites/role-de-sonatrach-opep-gaz-de-schiste-et-chakib-khalil-47411

(03 –https://www.youtube.com/watch?v=1aBJ9t1UREs&feature=share 

(04)-https://www.lesoirdalgerie.com/actualites/sil-le-faut-on-va-recourir-au-schiste-47464)-

Auteur
Rabah Reghis

 




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