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jeudi 10 juillet 2025
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De quoi l’opposition algérienne est-elle morte ?

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Pourquoi n’y a-t-il plus d’opposition en Algérie ? La répression systémique ne peut expliquer, à elle seule, cette lente agonie! Pendant la décennie noire, des partis politiques ont résisté, combattu et milité, dans un contexte effroyable de double menace islamo-militaire !

Des militants de la démocratie ont été au front et au charbon pour défendre et promouvoir leurs idées et idéologies! La presse libre avait contribué à faire vivre un écosystème bouillonnant et diversifié, mais s’est, peu à peu, laissée aspirer par les sombres marais de la peur ou de la compromission. Mais ça, c’est un autre débat !

Au temple d’une démocratie mort-né, reposent, défaits, les sarcophages de nombreuses momies politiques de l’époque. Pour les nouvelles générations analphabètes, le FFS, RCD, PAGS, MDRA ne sont plus que d’indéchiffrables hiéroglyphes ! Morts ou infestés par les parasites de l’arrivisme et de la médiocrité! De tristes épitaphes. Ceux-là mêmes qui ont fait trembler le pouvoir militaire des années 90 et ciblé par l’horreur islamiste, sont pour nos plus jeunes de parfaits soldats inconnus!

On ne parlera pas ici des islamistes, ils ne méritent pas le titre d’opposants. Ceux qui ont fait régner la terreur n’ont pas le droit de citer dans une arène de combat pacifique d’idées. Ce sont, au mieux, des associations mangeoires de malfaiteurs et d’opportunistes assoiffés de pouvoir et de sang. Ceux qui ont décrété la démocratie kofr et travaillé à faire glisser l’Algérie dans le bourbier du terrorisme ne devraient jamais faire partie de l’inventaire du pluralisme. C’était les cellules souches de Daech, mais ça, personne ne voulait le voir ! Et tous les bébés barbus qui ont le fanatisme assassin comme unique filiation, même sous couvert pacifique, sont des cellules dormantes de l’éternel projet de la Talibanisation de l’Algérie. Les islamistes ont l’instauration de la charia comme unique dessein pour annihiler, à terme, toute aspiration démocratique. La mitaq la doustour est plus qu’un slogan, c’est un projet de société, le reste n’est que taqia!

La disparition ou la retraite des grandes figures historiques des luttes démocratiques, telles qu’El Hachemi Cherif, Hocine Ait Ahmed, Saïd Sadi, Amirat Slimane ou Mohamed Boudiaf et l’impossibilité de trouver des remplaçants du même calibre a certainement joué dans l’effondrement du bloc démocratique, mais n’expliquent pas le no-mans-land actuel et l’indifférence populaire aux valeurs prônées par eux. 

En voulant combattre les formations démocratiques après la « concorde civile » Bouteflikienne, le pouvoir a cru bon de jouer aux pyromanes en dressant, face à elles, les déchets radioactifs du monstre du terrorisme religieux « repenti »! La rue phagocytée et islamisée s’est chargée peu à peu de diaboliser puis d’assiéger et de traquer les partis d’opposition et leurs idées dans les espaces publics et médiatiques! 

Le citoyen lambda ne s’est pas seulement coupé idéologiquement de l’opposition, mais aussi intellectuellement. Prôner des valeurs telles que l’égalité des sexes, droit de la femme ou pire, la laïcité, mettait instantanément fin à toutes tentatives d’approche. C’est comme essayer d’exorciser un djinn qui ne parle pas ta langue; au mieux, il t’ignore, au pire, il te frappe.

Les démocrates jouaient aux alpinistes en essayant d’escalader des falaises accidentées de croyances et d’ignorances. Ce qui a poussé certains d’entre eux à déclarer qu’ils s’étaient trompés de peuple! En réalité, le peuple avait simplement subi un séisme idéologique et le paysage politique a changé à une vitesse inouïe!

En dehors de la révolution islamique, aucun autre projet n’intéresse réellement un peuple majoritairement fanatique, labouré en profondeur par vingt années de semence islamistes et miné par autant d’années d’obscurantisme institutionnel de l’école. Et la parenthèse du Hirak a exprimé un malaise généralisé face au 5e mandat de Bouteflika plutôt qu’un désir réel de transition démocratique ! 

Les islamistes embusqués ont échoué à récupérer le mouvement du Hirak, parce qu’ils n’ont plus rien à proposer de plus que ce qu’est devenue l’Algérie: un pays complètement islamisé en autogestion où, même la police, alias Tawaghit, organise des concours de récitation de Coran et des prières collectives!

Enfin, l’image rétrograde du politique, voulue par le système, et incarnée par des guignols écervelés et maléfiques tels que Mokri, Bengrina et avant eux Tliba, Saadani, a joué comme un répulsif, minant au passage, la crédibilité et le sérieux de tous les autres opposants. La confiance était alors définitivement rompue. Un boulevard s’est ouvert devant le pouvoir en place pour incarner une fausse alternative, et donner l’illusion de se réinventer dans l’immobilisme en se débarrassant de tous les déchets dont ils n’avaient plus besoin dans la poubelle d’El Harrach.

K. H

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4 Commentaires

  1. Pour mimer Gramsci, il se trouve que «Ceux qui ont décrété la démocratie kofr et travaillé à faire glisser l’Algérie» ont gagné la bataille culturelle.
    Ce combat n’a rien à voir avec une quelconque bataille culturelle, de confrontation des idées – ces gens là sont des poissons hors du bocal quand il s’agit de débattre. C’est qu’ils n’ont pas à la mener, cette bataille: le système entier travaille pour eux. Il fallait juste attendre que l’incendie allumé par l’école prenne et devienne brasier. L’école travaille pour eux, les media travaillent pour eux, les mosquées travaillent pour eux, les politiques économiques travaillent pour eux, … l’Etat dans un pays outrageusement étatique travaille pour eux.
    Un pays fortement déstructuré par la guerre de 54, s’ajoutant à l’époque coloniale, s’est retrouvé juste après l’indépendance entre les griffe mis de l’endoctrinement socialo-arabe. Puis il y eut la guerre civile et l’épée guerre civile; tout ça associé à la guerre menée par l’école, par la mosquée et la déstructuration de la paysannerie et des cultures millénaires … c’est beaucoup trop.
    Les élites, quelles qu’elles soient ne poussent pas spontanément comme de l’herbe sauvage. L’opposition qui s’est constituée avant la guerre civile a puisé dans ce qui restait de sève dans la société. Celle-ci s’étant tarie, conjugué à la répression, il ne reste plus que les murs.
    Il faut dire aussi que l’opposition ne s’est jamais démarquée idéologiquement du pouvoir sur les éléments fondateur. On se retrouve tous les vendredis – plus ou moins assidûment – à faire les mêmes courbettes dans les mêmes espaces construits par l’argent de patrons et entrepreneurs «bienfaiteurs» qui savaient être reconnaissants au pouvoir pour ses bienfaits. Pour rendre le bienfait, ils construisent non pas des théâtres et des conservatoire de musique mais les temples de l’islamisation que le pouvoir meuve avec ses imams. C’est dans ces endroits que la fraternité xawawesque que se réunit tout le monde derrière les prêches des imams qui disent plus que les organes de presse officielle ne peuvent dire.
    Et ce n’est là que l’aspect le plus visible de la parenté idéologique entre pouvoir et opposition. Celle-ci s’est, renouvellement des générations et remplacement culturel oblige, retrouvée à s’adresser au même électorat que le pouvoir et les barbus. Avec l’inadéquation du logiciel des démocrates et l’avantage de l’original sur la copie, les partis d’identifiants démocrates se sont retrouvé logiquement coquilles vides. Il y en a même qui se disent pour la culture mais qui n’ont rien fait au fond pour la culture à part le tapage, d’où leur défaite cinglante dans la bataille culturelle.

  2. Oui, il n’y a pas eu de reléve. C’est normal, le régime s’est acharné à exterminer toute possibilité de reléve dans les partis démocrates. Avec Teboune, on a atteint le fond avec la derniè-re loi sur les partis politiques . Et puis il ne faut pas oublier : outre une justice et une administration aux ordres, le régime algérien c’est 250 000 gendarmes lourdement équipés, 500 000 policiers tout aussi lourdement équipés et 1 millions de soldats. Policiers, gendarmes, soldats financés, équipés et entrainés que pour une seule chose : combattre le peuple algérien.

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