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Dégager le système… tout le système !

OPINION

Dégager le système… tout le système !

Il y a un réel consensus national pour en finir avec un système politique érigé dans la violence de l’après 1962.

Il y a aussi une évidence partagée pour que ce changement ne s’arrête pas aux personnes qui représentent le système à tous les niveaux.

Le processus de changement attendu doit refonder les bases de la légitimité du pouvoir ainsi que les modes de fonctionnement de toutes les structures de l’État.

Le blocage actuel se situe principalement entre ceux qui veulent ce changement profond (les militants politiques, culturels, associatifs, syndicaux et les millions de manifestants à travers le pays) et ceux qui veulent rester dans le même canevas et procéder au changement dans lequel rien ne changerait. Leur objectif (non dit) est d’améliorer la performance… du système politique pour le rendre plus présentable au niveau national et international. Les différentes arrestations de responsables politiques du clan Bouteflika sont perçues au mieux comme de la poudre aux yeux et de la mise en scène.

Ainsi, dans l’état actuel des positions, les points de vue des uns et des autres sont inconciliables.

D’autres pays ont vécu dans l’histoire des changements radicaux de systèmes politiques. Les exemples multiples induits par la chute du bloc communiste à la fin des années 1980 sont édifiants. Les pays qui s’en sortent le mieux aujourd’hui sont ceux qui ont réussi ce changement rapidement en rompant définitivement avec les structures, les symboles et les pratiques de l’ancien système.

La démarche de changement (organisée ou parfois brutale) doit contenir les 3 aspects qui sont totalement liés :

  1. La mise en place des règles de fonctionnement démocratique dans le pays (standard de base réhabilitant le suffrage universel, le pluralisme, le contrôle réel des élections, la légitimité des élus, le respect du principe de l’alternance…).

  2. La disqualification (dissolution) des organisations de contrôle et d’embrigadement de la population (partis politiques de pouvoir, syndicats d’État, …)

  3. La dissolution de la police politique.

La Hongrie et l’ex-Tchécoslovaquie ont réussi le virage dans la paix civile en mettant fin au parti communiste et ses satellites, l’Allemagne de l’Est a été fondue dans l’Allemagne unifiée et sa police politique (la Stasi) (1) détruite après la découverte de l’immense scandale du contrôle généralisé de la population, la Roumanie a vécu dans la violence de la chute de Céaucescu et la destruction de sa police politique (la terrible Securitat) (2). Seule la Russie a gardé presque intacte sa police politique (le KGB), ce qui lui a valu d’immenses problème de mutation et de retard de développement jusqu’à aujourd’hui sous la présidence d’un ex. officier du KGB !

Ce bref survol de quelques autres pays qui ont vécu ce type de changement nous conduit à clarifier les trois étapes clés qui sont nécessaires pour l’Algérie :

  1. Mettre en place, après la période de transition, les instruments de fonctionnement démocratique de l’État basés sur la légitimité des urnes.

  2. Dissoudre au plus tôt le FLN, symbole de l’accaparation du pouvoir depuis 1962, et protéger le sigle F.L.N., propriété de tous les Algériens.

  3. Dissoudre la police politique issue de l’ex. SM et ouvrir les archives pour que les citoyens Algériens prennent connaissance de l’ampleur du contrôle de la population, de la surveillance systématique des citoyens et de l’immense budget consacré à cette néfaste et improductive activité.

C’est le préalable pour réussir un changement de système qui favorisera la cohésion nationale, la paix civile et le développement.

Cela, les forces de la régression (FLN, RND, islamistes, etc.) ne le veulent pas pour ne pas remettre en cause leur pouvoir et leurs privilèges, et la position de l’institution militaire n’est toujours pas claire.

Cependant, les appels du pied à des hommes qui ont contribué à construire le monstre actuel (Taleb Ahmed Ibrahimi (3), …) pour les utiliser encore, ne pousse pas à l’optimisme.

L’assassinat du Dr. Kamel Fekhar (il s’agit bien d’un assassinat d’État) est un indicateur de la non-maîtrise, par ceux qui détiennent le pouvoir, d’une ligne directrice de réhabilitation du politique et de l’action citoyenne imposés par le mouvement de dissidence citoyenne (Hirak/Tanekra). Dr. Kamel Fekhar n’est pas un terroriste d’AQMI ou du  GIA, mais un militant engagé pour le respect des droits humains dans son pays, l’Algérie.

A.U L.

Notes :

(1) Stasi, police politique d’Allemagne de l’Est : Au moment de sa dissolution, elle comptait environ 91 000 agents officiels et 175 000 informateurs, soit 1 % de la population est-allemande. La Stasi comportait donc 266 000 agents et constituait une surveillance très présente et très efficace. La répression des fugitifs a été coordonnée par un service distinct (le ZKG).

(2) Securitate, police politique de la Roumanie : En 1951, les effectifs de la Securitate avaient été multipliés par 5, en application de la lutte des classes en Roumanie. À l’instigation du Parti, la Securitate quadrilla l’ensemble de la société, recrutant des informateurs dans toutes les entreprises, dans tous les quartiers et villages, toutes les institutions et administrations, dans le but de « dépister » toutes les personnes « tièdes » ou pire : opposantes au régime. Des prisons spéciales furent aménagées pour recevoir ces « ennemis de classe », généralement sans procès préalable. Dans ces camps, les prisonniers travaillaient jusqu’à la mort ou, s’ils n’en avaient plus la force, étaient fusillés. L’une de ces prisons, située à Sighetu Marmației, a été transformée en musée témoignant de l’oppression du régime communiste.)

(3) Témoignage d’Ali Zamoum, ancien maquisard condamné à mort,  sur Taleb Ahmed (avant 1962) : « Durant mon séjour à l’hôpital de Fresnes, j’ai rencontré d’illustres personnages qui ont séjourné là pour des soins. Boudiaf mohamed, Rabah Bitat, Mostefa Lacheraf, Taleb Ibrahimi…. Quant à Taleb, je me souviens qu’au moment de nous quitter, il m’a dit : « le plus important est de veiller à l’islam ». in Tamurt Imazighen, pp. 298 – 299.
 

Auteur
Aumer U Lamara, écrivain

 




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