Au début du mois de janvier, l’Assemblée populaire d’Aïn El Hammam (Tizi-Ouzou) a procédé à l’affichage de nuit d’un communiqué qui ressemble plus à un tract au niveau des cages d’escaliers d’immeubles susceptibles de subir un imminent glissement de terrain.
Consternation. Habitants et commerçants de cette commune située à 50 km à l’est de Tizi-Ouzou vivent un drame inédit en effet. Par un communiqué affiché nuitamment, ils sont sommés par les autorités de quitter leurs logements et locaux commerciaux destinés à la démolition. La consternation est totale. « On m’intime l’ordre de quitter mon chez-moi que j’ai payé avec ma sueur pour un improbable destination, c’est insupportable », se plaint un père de famille qui habite un des logements destinés, selon le communiqué, à être démoli. Un commerçant ajoute : « Qu’allons-nous devenir ? Comment est-ce possible qu’on puisse nous chasser de nos biens sans aucun égard ? ».
Plusieurs centaines d’habitants et de commerçants dont huit cabinets de médecins sont concernés par cette décision venue du chef-lieu de wilaya. La Cité des 80-Logements et deux immeubles se trouvant à l’arrêt de fourgon d’Ath Menguellet, jusqu’à la la place de la ville seront susceptibles d’être rasés. C’est une partie importante de la ville qui est visée par cette mesure. En clair, tous les bâtiments construits à partir des années 90 sur cette partie est de la ville seraient concernés.
Lors d’une réunion, avant les municipales, le chef de daïra a affirmé aux concernés que « la démolition était irréversible » selon les services d’urbanisme de la wilaya de Tizi-Ouzou, a-t-il soutenu. Tentant de les rassurer, il a ajouté qu’‘une solution sera communiquée ultérieurement ».
Depuis, le nouveau président de l’APC a proposé deux sites de recasement des habitants. Des logements sociaux de Sidi Ali Ouyahia. Soit 48, tous destinés à l’origine aux nécessiteux qui attendent depuis 20 ans et une partie des habitants serait logée dans la zone des dépôts au niveau de Tizi-Ouzou. Soit à 50 km de chez eux.
« Leurs F3 de 70 m2 sont en réalité des cages à lapins, mal conçus », s’insurge un habitant. Quant aux commerçants, aucune solution ne leur est proposée.
La question que tous les citoyens se posent dans cette localité est celle-ci : comment le ministre de l’Habitat a débloqué une enveloppe de 40 milliards pour la démolition alors que des solutions existent pour sauver tous ces immeubles ?
Comme la réparation du réseau d’assainissement qui constitue la cause principale de ce glissement, la création d’avaloirs inexistants et la construire de murs de soutènement …
« On dort plus depuis l’annonce de cette décision, c’est terrible et injuste. Comment accepter une telle décision qui nous tombe sur la tête ? A croire que ceux qui nous dirigent n’ont pas de cœur », s’indigne ce quinquagénaire.
Le wali de Tizi-Ouzou snobe les habitants et commerçants de Aïn El Hammam, refusant même de les recevoir. C’est le comble du mépris pour cette ville qui a donné ses meilleurs fils pour l’indépendance du pays.
Sofiane Ayache