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Dernier discours de Gaïd-Salah : réponse du berger au troupeau de moutons

TRIBUNE

Dernier discours de Gaïd-Salah : réponse du berger au troupeau de moutons

En utilisant l’artillerie lourde, le chef d’état-major a pilonné ce jour, mardi 30 juillet 2019, la position attentiste d’une brochette de « panelistes » disposés à mettre les pieds dans le couscoussier présidentiel, mais déjà fortement grillés en raison des « allumages » d’internautes leur reprochant, sur les « réseaux saucisses », de berner le « Hirak » avec de simples amuse-gueules.

Les carottes semblent donc déjà trop cuites pour sept mises en bouche qui n’ont plus qu’à mordre leur chapeau et repartir la queue de bétail entre les jambes puisque devenus les hors-d’œuvre d’un dialogue sans saveurs ni déserts. La cerise sur le gâteau, c’est bien le coup d’estocade porté en guise d’accusé de réception par un vice-ministre de la « Défonce » resté d’autant plus droit dans ses bottes que son menu de départ n’a pas changé d’un iota, contrairement à la carte du jour des serveurs de plats froids.

Ces supplétifs ou prestataires sont maintenant en pleine congélation, le maître d’hôtel ayant choisi de tout brider, ce qui en jargon culinaire signifie « ficeler une viande avant la cuisson ».

En fermant le couvercle de la cocotte-minute, notre généralissime en chef se donne le temps de remettre à température ambiante l’échantillon de convertis, de cuisiner à feux doux un troupeau de moutons appelé à revenir à de meilleures pâturages, sinon la brigade à couteaux tirés coupera en rondelles ses abattis.

Cette technique est d’ailleurs recommandée avant de blanchir, c’est-à-dire de fouetter la sauce jusqu’a obtenir la mousse écumée susceptible de garnir l’enfumage de la recette. La touche finale consistera à rouler dans la farine le méchoui, ultime tour de main servant à replacer le couvert là où il se trouvait avant que des coupe-faim tentent de renverser la table autour de laquelle campaient oisivement les pantagruéliques de la rente, par ailleurs chargés de griller le passage de la légitimité démocratique.

Lue cinq heures après sa communication, la locution d’Ahmed Gaïd-Salah a inspiré une réaction majoritairement humoristique, mais toutefois ponctuée de quelques mordantes pincées de sel tant le consensus mou en ébullition menait à du réchauffé synonyme de capitulation. Or, le bouillon des « vendredires » mérite un soulèvement assaisonné aux petits oignons, histoire de mijoter la rupture garantissant la réussite de ce que d’aucuns nomment (à notre goût un peu vite) « Révolution ».

Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

Auteur
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

 




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