Lundi 29 octobre 2018
Des arrestations pour mieux faire passer le 5e mandat !
Rien n’arrive au hasard dans une république comme la nôtre. Mais l’heure actuelle est aux baroudeurs du cinquième mandat, et ceux qui font usage des réseaux sociaux pour l’empêcher.
Devant la fermeture des espaces publics à toute expression, l’Internet reste le seul moyen de révolte ; sa puissance de frappe est énorme et inquiète les détenteurs des verrous du pays.
Ces derniers jours, les évènements vont plus vite que d’habitude en Algérie. L’élection présidentielle est la cause. Certes, les arrestations en lien avec les activités de diffusion de l’information sur les réseaux sociaux sont celles qui occupent la une des médias et qui inquiètent la société civile. Elles se traduisent de facto par une autre mesure de plus pour faire passer l’idée du cinquième mandat dans des conditions incontestables et belliqueuses.
Un média connu être à la solde de la présidence et surtout pour ses frasques et son approche victimaire de l’information, se dit être la cible d’une attaque programmée par un usager de Facebook installé à l’étranger. Non content d’être cité comme un personnage à multiples déboires, le concerné, Anis Rahmani, le chef du groupement médiatique d’Ennahar, en guise de représailles, a usé de ses moyens du moment pour faire arrêter les relais du blogueur Boukhors Amir alias Amir.dz. Semble-t-il, les accusés sont de connivence avec ce dernier. C’est le coup de l’arroseur arrosé. Une fois n’est pas coutume d’ailleurs, la justice a été activé avec une célérité douteuse.
Mais combien de fois les auditeurs et les lecteurs ont été trompés en écoutant et en lisant des reportages montés de toutes pièces contre des individus honorables par Ennahar ? Ce média est devenu un ‘instrument de la propagande et de semeur de haine. Mais, il n’est pas le seul à attirer des foudres, son confrère d’Echourouk, dans un style diffamatoire, est connu lui aussi pour livrer à la vindicte publique des cibles innocentes.
Il a fallu à ce paria, en dépit de ces moyens médiatiques qu’il en possède, qu’un jeune individu lui fasse de l’ombre avec un simple compte de Facebook ou de YouTube. Devenu une idole d’une jeunesse en quête de justice qu’elle soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. En révolte contre le système, toujours gênante pour les pouvoirs publics, cette nouvelle génération active en crescendo pour s’exprimer dans les plateformes des réseaux qui sont impossibles à maîtriser.
Si on revient aux portraits hétéroclites des supposés complices : un joueur, un chanteur, un comédien, un blogueur et un journaliste, étonnement, il y a de quoi se poser des questions. En additionnant les amoureux du foot, du cinéma, de la musique et de l’information, il est normal de penser, à travers eux, que c’est toute une bonne idée pour faire passer une injonction à un peuple aigri. Un moyen de généraliser la menace.
Gare à celui qui osera empêcher la continuité du contrôle du pouvoir par un homme et son clan ! Les militaires sont les premiers à être avisés avec l’arrestation des cinq généraux-majors. L’impartialité est flagrante sur la manière avec laquelle les tenants du pouvoir règlent leurs comptes avec ces citoyens.
À priori, les personnes arrêtées doivent bénéficier, inévitablement, de la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire, et voir l’étendu du geste. Des images relayées en boucle par la chaîne de télévision appartenant à l’homme d’affaires ciblé dans les réseaux, montrant des individus menottés par la gendarmerie, choquent plus d’un.
Pas si loin qu’il y a quelques jours, cinq généraux-majors, aussi, ont été écroués, et personne ne les a vus. À faire la comparaison sur leurs actes, c’est toute une différence. Y a-t-il une autorité qui va ordonner la cessation de ces images humiliantes ? Ces journalistes seraient-ils des délinquants pour mériter tel sort ?
Il faut souligner que l’Algérie vit une période de brimades et de violation des droits fondamentaux pourtant inscrits dans la Constitution. Que fait la justice ? Que fait l’autorité de régulation de l’audiovisuelle ?
Pratiquement, tout est permis. La crise de l’APN est un fait plus que révélateur de l’anarchie qui règne dans le pays. Les mesures discriminatoires et les méthodes d’influence qu’entreprend le pouvoir sous le règne de la famille Bouteflika sont la négation absolue des lois de la république.
Et dire qu’on nous promet un cinquième mandat…