C’est une grande première en France : des associations, soutenues par des élus, demandent ouvertement la fermeture et l’interdiction des instituts Confucius dans le pays.
Ces structures participent au « soft power » chinois, une capacité d’influence à l’étranger qui permet de faire découvrir une culture ou une langue. Il y en a une vingtaine sur le territoire français et depuis plusieurs années, des collectifs ouïghours, tibétains, mongols ou encore hongkongais appellent la France à revoir sa position sur la présence de ces associations sur son territoire.
Une méfiance qui n’est pas nouvelle en France, mais qui ne s’était jamais affichée aussi ouvertement, alors que le 20e congrès du Parti communiste chinois vient de se tenir à Pékin. D’autres pays, comme les Etats-Unis, l’Angleterre ou encore la Belgique, ont fermé ces instituts, dénonçant la propagande, l’espionnage et une surveillance des opposants au régime chinois.
Des instituts influents, financés en partie par l’argent public
En France, la prise de conscience est un peu plus lente, se désolent certains élus, malgré des alertes répétées. « Je ne me gêne pas, quand je vois le président de la République, de lui dire ce que je pense de la mansuétude qu’on a à l’égard d’un Etat qui est totalitaire et qui a pignon sur rue, et pas qu’à travers les instituts Confucius« , s’agace André Gattolin, sénateur de la majorité présidentielle, et présent lors d’un rassemblement d’opposants à ces instituts à Paris, le 21 octobre 2022.
Ce maillage associatif, financier et universitaire, dense, n’est pas sans incidence sur la liberté des chercheurs français. Certains peuvent par exemple se voir interdire de visa, si la nature de leurs travaux déplaît à Pékin. C’est l’expérience qu’a vécu la sinologue Marie Holzman : « Il est difficile d’étudier des sujets qui déplaisent au gouvernement chinois dans une université où on a un institut Confucius, raconte-t-elle. Moi-même, j’ai défendu les prisonniers politiques, les grands dissidents chinois des années 1970. À partir de 1995, le gouvernement chinois m’avait repérée et m’a privée de visa pour aller en Chine.«
Interdire les instituts Confucius, c’est aussi demander aux collectivités locales d’arrêter de subventionner ces instituts dans leurs régions avec de l’argent public. « Pourquoi les instituts Confucius demandent en France de l’argent et des subventions aux municipalités et aux collectivités locales ?« , s’interroge Brigitte Guiraud, présidente de l’association Initiative citoyenne.
« Cela ne devrait pas exister« , insiste-t-elle, citant plusieurs exemples : « On a eu le scandale de 40 000€ à l’Institut Confucius d’Angers en 2021, la même chose à Pau avec 40 000 € pour 40 élèves d’un institut Confucius. J’ai trouvé ça aberrant. » Brigitte Guiraud demande à la ministre de l’Enseignement supérieur d’interdire les instituts Confucius en France, au nom des valeurs démocratiques de notre pays.
Francetvinfo