Des « avions et navires de guerre » chinois ont franchi la « ligne médiane » du détroit de Taïwan, qui sépare l’île de la Chine continentale, a affirmé vendredi le ministère taïwanais de la Défense, dénonçant des exercices militaires « hautement provocateurs » de la part de Pékin.
La halte de Nancy Pelosi à Taïwan a accéléré la tension entre Taïwan et la Chine. Pékin a montré son courroux assez vite après cette visite de l’Américaine.
« A partir de 11 heures, de multiples groupes d’avions de guerre et de navires de guerre chinois ont effectué des exercices autour du détroit de Taïwan et ont franchi la ligne médiane du détroit », a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.
« Cet exercice militaire chinois, qu’il s’agisse du lancement de missiles balistiques ou du franchissement délibéré de la ligne médiane du détroit, est un acte hautement provocateur », a-t-il protesté.
Depuis jeudi, la Chine organise de gigantesques manoeuvres, mobilisant aviation, marine et missiles balistiques, dans six secteurs maritimes tout autour de Taïwan en réponse à la visite sur l’île, cette semaine, de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis Nancy Pelosi.
Frontière officieuse entre Taïwan et la Chine continentale, la ligne médiane était jadis tacitement respectée par les deux armées et il était rare que des avions ou navires militaires chinois la franchissent. Mais les incursions chinoises se sont multipliées depuis que Pékin a déclaré, en 2020, que cette frontière non-officielle n’existait plus.
La question du franchissement de la ligne est sensible car le détroit de Taïwan est étroit – de seulement 130 km par endroits – et les incursions augmentent le risque de confrontation armée accidentelle.
Le Japon sous pression
La dernière île japonaise, Yonaguni, tout au sud de l’archipel d’Ojinawa, est à une centaine de kilomètres de Taïwan. Des missiles balistiques chinois auraient survolé Taïwan et certains seraient tombés pour la première fois dans la zone économique exclusive du Japon. « Le Japon a déposé une protestation auprès de la Chine par la voie diplomatique », a déclaré le ministre japonais de la Défense Nobuo Kish, citant le chiffre de neuf missiles chinois tirés, dont cinq semblent s’être abîmés au sud-ouest de l’île nippone de Hateruma. De la part de la Chine, c’est une manière d’intimider Tokyo. Ces tirs de missiles chinois sont un « sérieux problème qui affecte notre sécurité nationale », a déclaré le chef du gouvernement japonais.
La montée en puissance de la Chine a poussé le Japon à réinterpréter sa Constitution pacifiste pour permettre à son armée de participer à des opérations de défense collective à l’extérieur. Dans l’éventualité d’une attaque chinoise de Taïwan, l’armée japonaise apportera un soutien logistique a la Septième flotte américaine du Pacifique.
Le Japon a déjà affirmé qu’une invasion de Taïwan constituerait une « menace existentielle » pour le pays. Car une telle invasion bloquerait le détroit de Taïwan par où passe l’essentiel du commerce indo-pacifique.
Avec RFI/AFP