Vendredi 5 avril 2019
Des dizaines de milliers de manifestants contre le système à Sétif
C’est le premier vendredi d’après-Bouteflika à Sétif.
Les Sétifiennes et les Sétifiens, femmes, hommes, jeunes et plus âgés, par dizaines de milliers, se sont rassemblés sur la grande avenue qui part du lycée Kerouani et qui longe le siège de la wilaya sous un soleil printanier.
A l’image de tout le peuple algérien, les habitants de la capitale des Hauts-Plateaux sont sortis marcher en force pour réclamer que les clans qui se partagent le pouvoir dégagent sans aucune condition, Bouteflika ou pas.
Des dizaines de milliers de personnes portant drapeaux et panneaux se sont massées dans un civisme et un dévouement exemplaires. La population s’est retrouvée plus digne et plus solidaire vendredi après vendredi. Des slogans humoristiques fusaient de part et d’autre et les photos des « dignitaires » du régime ont été épinglées sur des panneaux avec la mention : « recherché mort ou vif ! ». « Non à l’article 102, oui à l’article sans eux » ou « Bouteflika, ne pars pas seul, embarque tes sbires avec toi. »
Le siège de la wilaya, emblème de l’Etat à été totalement encerclé par les manifestants. Il était gardé par des dizaines de « casques bleus » à l’air bienveillant alors que la foule lançait des slogans hostiles au régime.
En fin de manifestation, des islamistes barbus se sont joints sans succès à la foule pour crier « madrassa islamya » (école coranique). Ils se sont faits éjecter manu-militari par les jeunes.
Vendredi prochain est d’ores et déjà un rendez-vous incontournable pour les jeunes et les moins jeunes de la ville. Un panneau en arabe le signifiait d’ailleurs : « Hna samtine, koul djemaa hna » (Nous sommes coriaces, nous serons là chaque vendredi).
Le beau temps et la liberté semblent s’installer définitivement au-dessus de Sétif. Et ses habitants n’attendent que ça pour respirer enfin un air non vicié.