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Des dizaines de milliers de manifestants remontés contre Tebboune à Alger

DISSIDENCE CITOYENNE

Des dizaines de milliers de manifestants remontés contre Tebboune à Alger

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé aujourd’hui vendredi à Alger contre le régime, pour le 47e vendredi consécutif, toujours aussi déterminés mais moins nombreux que lors des mobilisations spectaculaires ayant précédé l’élection présidentielle de décembre.

L’arrivée d’Abdelaziz Tebboune n’a pas réussi à calmer la colère populaire. C’est le moins qu’on puisse dire de la colère qui gronde toujours.

La mobilisation est au rendez-vous. Certes moindre. Mais les plus déterminés étaient là ce vendredi. Près d’un an après le déclenchement du « Hirak », mouvement populaire de contestation du régime inédit, les opposants continuent d’exiger le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.

Si la mobilisation reste importante en effet, elle semble marquer le pas par rapport aux manifestations monstres de l’hiver et du printemps 2019 – qui avaient contraint l’ex-président Abdelaziz Bouteflika à démissionner– ou encore comparée aux marches qui ont accompagné la campagne électorale menant au scrutin présidentiel du 12 décembre, rejeté par le mouvement de dissidence citoyenne. Il reste cependant impossible d’évaluer précisément le nombre des manifestants en l’absence de tout comptage officiel.

Une chose est certaine : il y a une frange très importante de la société qui ne se reconnaît pas du nouveau visage du pouvoir issue de l’élection largement boycottée par les électeurs. Pas seulement la désignation d’anciens ministres qui rappelle le règne de Bouteflika ainsi que certains noms controversés ont fait douter encore plus l’opinion.  

La foule marchait calmement, sous une pluie fine, en scandant « Etat civil et non pas militaire » ou encore « Les généraux à la poubelle », à l’adresse de la haute hiérarchie militaire, véritable autorité détentrice du pouvoir en Algérie. Certaines rues du centre-ville étaient quadrillées par la police.

Dans les mots d’ordre affleure cette détermination qui caractérise ces manifestants en colère contre les aménagements de façades opérés par le système. « Ou c’est vous ou c’est nous, nous n’allons pas nous arrêter », ont promis les manifestants qui ont déployé une banderole géante sur laquelle étaient peints les portraits de personnes incarcérées pour leurs activités liées au « Hirak ».

Quelque 76 personnes détenues dans ce cadre –en attente de procès ou déjà condamnées – ont été remises en liberté jeudi dernier, la majorité à Alger. 

Ces libérations représentent environ la moitié des quelque 140 « détenus du Hirak » dénombrés avant cette mesure par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), qui les recense et les soutient.

« Les Algériens continuent à manifester contre le régime car ils ont compris que c’est le seul moyen pour imposer le changement », a témoigné auprès de l’AFP Ouheb Hamidi, une semaine après l’annonce de la composition du nouveau gouvernement par le président Abdelmadjid Tebboune.

M. Hamidi, un consultant en finance âgé de 38 ans, prédit un « nouveau souffle » du « Hirak » qui va, selon lui, s’inscrire « dans la durée ».

« Le président Tebboune a été désigné et non élu à l’issue d’une élection massivement boycottée par le peuple. Nous ne lui reconnaissons aucune légitimité », renchérit Mohamed Halzoum, 63 ans.

Ex-Premier ministre du président Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, a été élu président le 12 décembre lors d’un vote marqué par une abstention record.

Deux heures avant que ne commence la marche, des policiers, dont certains armés de matraques, ont chargé un groupe de plusieurs dizaines de personnes qui scandaient des slogans hostiles au régime dans le centre d’Alger, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Ils ont ensuite été pourchassés par les forces de l’ordre, massivement déployées au coeur de la capitale, notamment autour de la Grande Poste, lieu symbolique de rassemblement du « Hirak ». Plusieurs personnes ont été interpellées, selon des témoins.

« Le +Hirak+ doit continuer car nous n’avons pas de gouvernants. Ce Tebboune a été désigné et non choisi par le peuple », a déclaré à l’AFP Farida Loukam, peu après avoir été violemment bousculée, des policiers tentant de lui arracher sa banderole.

« Le « Hirak » doit se poursuivre jusqu’au départ total de la +Issaba+ (gang), ces traîtres qui ont vendu le pays et compromis l’avenir de notre jeunesse », a encore affirmé cette manifestante.

Auteur
la rédaction/AFP

 




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