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Des extra-terrestres au Sahara pour assister Gaïd Salah ?

REGARD

Des extra-terrestres au Sahara pour assister Gaïd Salah ?

Les discours de Gaïd Salah ressemblent de plus en plus à ceux des troïkas russes d’antan. Des discours concoctés en série de mots que les communistes, de première et de dernière heure, faisaient tourner en boucle pour s’adonner à du matraquage pervers des peuples soviétiques avec des sornettes sans queue ni tête : camarades, révolution, organisation sociale, travailleurs, victoire du prolétariat, défaite du capitalisme, etc.

Ces vocables se répétaient sans cesse, suivant des séries agencées différemment, d’un évènement à l’autre, pour reproduire des exposés distincts dans la forme, sur fond de message unique, pour vanter les bienfaits de la révolution bolchévique pré-1918 ! Les mots que notre Général fait tourner en boucle, mardi après mardi sont : patrie, ennemis de l’Algérie, volonté d’Allah, pas de transition, des élections au plus vite… et tutti quanti. En maître mot de la série, l’appel répété au… dialogue !

M’enfin ! Qui doit dialoguer avec qui dans cette foire de surenchère aux monologues servis, en haut lieu, par des autistes certifiés ? Quand, d’un côté, en dignes héritiers du système Bouteflika, Bensalah et Bedoui sont disqualifiés, et que de l’autre, le Hirak n’a pas encore désigné des hommes dignes de confiance ? Des citoyens intègres et dotés d’une morale élevée pour le représenter et tout faire pour le servir, au lieu de profiter du tremplin vers ces sommets où n’ont régné jusqu’ici que magouilles et larcins aux services des p’tits copains.

Ce climat de règlement de comptes qui nous est offert, en spectacle digne des années de purge du Soviet-suprême, est une preuve s’il en fallait que les mille et une ramifications du système Bouteflika sont toujours aussi opérationnelles que du temps de fakhamatouhoum ! Si ce n’était pas le cas, Kameleddine Fekhar serait encore en vie, et le Général Benhadid n’aurait jamais connu le pénitencier !

Si notre Gaïd national et ses proches conseillers étaient en phase avec ce que le peuple réclame depuis des mois, à savoir l’installation d’une deuxième république faite de justice et de droit, ils donneraient des instructions claires pour avertir tout magistrat et tout policier qui abuserait de son autorité ! Or, de l’abus et de l’excès, sous les milliers de caméras de citoyens avides de vérité, chaque vendredi, on est bien servi !

Côté pouvoir, c’est le vide absolu ! Et, ce ne sont certainement pas ces minuscules formations, à la solde du système depuis 20 ans, et ces personnalités politiques, comme Abderrazak Makri et Ali Benflis, qui applaudissent chaque sortie du vieux général, qu’il appartient de parler au nom de ces millions de marcheurs lucides et civilisés ! Comment confier à des organisations ou des hommes formatés à répondre à la voix du maître du moment, quel qu’il soit, quelconque mission de dialogue et d’apaisement, eux qui n’ont jamais été que des béni-oui-oui au service du seigneur désigné ou autoproclamé ?

Côté opposition, c’est du pareil au kif kif : chaque parti s’adonne à une danse du ventre peu attrayante pour séduire un Hirak indomptable et déterminé ! À l’image de notre charmant Soufiane Djilali qui s’imagine qu’il suffit de composer une nouvelle formule, et parler de fidélité, pour se faire adopter par un Hirak déterminé à ne pas se laisser prendre par le piège de quelconque serment ! Pas de serment sans gage de fiabilité dans la quête de liberté ! Quant à aider le système à s’en aller, autant s’engager à dompter le monstre extra- terrestre de la série Alien, et l’aider à rejoindre sa planète d’origine en toute docilité, que de croire qu’il suffit d’une formule bien mâchée pour amadouer un Général des armées formaté pour avoir raison contre vents et marées ! Cela n’est pas qu’une métaphore, au vu de ces marées humaines « vendrediresques » que notre Général balaye par des formules trop légères pour espérer contrecarrer, par de simples mots, une révolution mûrie par 57 années de hogra ! Il faut des actes et des faits son général, pas que du vocabulaire !

À propos d’extra-terrestres (E.T.) selon des sources généralement bien informées, Gaïd Salah est, en ce moment même, hôte d’une délégation E.T. venue spécialement d’une lointaine Galaxie pour régler le problème Algérie ! L’embarras c’est que bien qu’ayant appris à converser en langue arabe pour l’occasion, les codes linguistiques utilisés par nos extraterrestres ont pour effet de faire somnoler tout interlocuteur de plus de 50 ans. Comme tous les conseillers de notre chef des armées gravitent autour de 70-80 ans, les échanges se transforment en séances de sieste générale lors desquelles nos Généraux sommeillent pendant que les E.T. s’esclaffent à merveille. Nos extra-terrestres ont pris un tel goût à ces séances de somnolence qu’ils en sont devenus accrocs. Ils se refusent à lâcher la compagnie plaisante de Gaïd Salah. Il appartient désormais au Hirak de le libérer si on veut éviter qu’il soit kidnappé et emporté vers une autre Galaxie par E.T. !

Blague à part ! En théorie, les diagnostics de nos problèmes sont suffisamment éloquents, et les contours de solutions proposées depuis 3 mois ne sont pas impossible à réaliser, si tant est que toute ruse élaborée pour le maintien du système, envers et contre 42 millions d’Algériens, laisse place à cette dynamique citoyenne qui n’aspire qu’à tracer les chemins d’une destinée selon une trajectoire de liberté. Une liberté si longtemps rêvée, et enfin (presque) retrouvée !

Parmi les nombreux diagnostics lucides, et de propositions réfléchies, le think-tank Nabni vient de mettre en ligne le fruit d’une réflexion mature à applaudir, concernant les transitions démocratiques de ces 40 dernières années, à travers le monde ! D’autant que Nabni est constitué d’un collectif de jeunes diplômés bénévoles rassemblés autour de l’idée d’offrir le meilleur de ce qui s’est fait ailleurs pour nous éviter certains écueils identifiés !

Si nos militaires étaient vraiment à l’écoute, et qu’ils voulaient le même bien au pays que les 42 millions d’Algériens dont ils sont issus, ils devraient se pencher sérieusement sur le diagnostic quasi-cartésien de Nabni ! À moins que ce qui les préoccupe, avant tout (ça serait bien dommage si cela était le cas), est de sauver leurs épaulettes de gradés, quitte à gâcher les espoirs de ce Grand peuple qu’ils sont censés défendre et protéger, même contre E.T. !

Auteur
Kacem Madani

 




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