Après les opposants politiques, les magistrats, les journalistes et les migrants, c’est désormais la société civile tunisienne qui est dans le collimateur du président Kaïs Saïed. Vendredi soir 24 novembre, le président a tenu un discours véhément devant un parterre composé de membres du gouvernement.
La méthode est étrangement la même que celle qu’utilisent Tebboune et ses soutiens contre les ONG de défense de droits de l’homme pour les intimider puis les dissoudre. C’est dire qu’elle inspire notre voisin de l’Est.
Dans le viseur de Kais Saied : les ONG tunisiennes percevant des fonds étrangers pouvant atteindre plusieurs millions de dinars selon le président. « Il faut mettre un terme à cela », a-t-il déclaré.
Un discours qui a peu surpris en Tunisie, tant le chef de l’État a l’habitude de pointer et de dénoncer ce qu’il appelle « l’ingérence étrangère » dans le pays.
Depuis sa prise des pleins pouvoirs en juillet 2021, le président tunisien a défait un à un tous les contrepouvoirs. Malgré la montée de l’autoritarisme, quelques ONG et associations tunisiennes continuaient, malgré tout, à critiquer ses choix économiques et politiques.
Elles sont accusées désormais de collusion avec des services de renseignement étrangers par le président tunisien et asséchées à la source de leurs financements, elles risquent d’avoir davantage de mal à poursuivre leur travail de fact-checking et de vigie des libertés.
Cette prise de parole intervient à un mois d’un scrutin pour élire la seconde chambre de l’Assemblée tunisienne.
C’est dire que tout est prétexte chez les dictateurs pour museler la société civile et la parole libre. En digne héritier des dictateurs arabes, Kais Saied a démantelé depuis son arrivée au pouvoir tous les leviers de la démocratie et réduit au silence ses opposants. Il a rétabli la dictature de Ben Ali sans sa croissance économique.
L.M/ Rfi