La presse a été tenue à l’écart, selon nos informations, de cette première réunion de contact mercredi 30 novembre à Alger entre Mohammad Alnsour, responsable de la zone Mena au Haut conseil des droits humains et des représentants d’ONG algériennes.
Seuls 10 participants ont répondu présent à cette rencontre sur les 20 prévue. Les représentants du HCDH souhaitaient en premier nouer des contacts avec les acteurs de la société civile pour faire leur connaissance. Auparavant la délégation onusienne a rencontré des représentants des ministères de la justice et de l’intérieur.
Chacun des participants a dressé un tableau sombre de la situation des droits humains dans le pays. Mohammed Alnsour entendra chacun des participants égrener les violations des libertés, le musellement de la presse et les conditions difficiles des détenus d’opinion.
Atmane Mazouz, président du RCD, a dressé un constat alarmant sur la situation des droits de l’homme en Algérie. Sans détour, il évoque les harcèlements policiers et judiciaires que subit lui-même ainsi que son parti. Un seul journaliste était présent, il a courageusement soulevé la situation des libertés de la presse et l’emprisonnement des journalistes. Il a déploré les pressions qu’il subit et l’interdiction de quitter le territoire qui le vise. Ce journaliste soulève en effet l’épineux problème des interdictions de quitter le territoire qui vise un nombre difficile à vérifier de citoyens.
Les témoignages se suivent, toujours aussi glaçants les uns que les autres. Une fille d’un prisonnier politique demande rien de moins que la protection auprès du HCDH, M. Alnsour la rassure : « Toute personne ayant porté plainte aux instances onusiennes est, par défaut, protégée ». Les conditions des prisonniers politiques est encore une fois remis sur la table des discussions. Les mauvais traitements que subissent leurs proches ainsi que la détention de détenus d’opinion dans des prisons très lointaines, obligeant leurs parents à traverser jusqu’à 1 000 km pour leur rendre visite sont pointés par l’intervenante.
Le représentant du SNAPAP, M. Mourad Ghedia aborde la mise sous scellés du bureau du syndicat, le fait que les administrations refusent de recevoir les dossiers et les plaintes, le harcèlement et les menaces constantes à l’endroit des membres du syndicat, l’article 87 bis, et l’intimidation que subissent les activistes. L’intervention est précise. Sans fioritures.
Le représentant de la LADDH à ces discussions a passé 18 mois en détention provisoire pour, à la fin être acquitté, il a consacré son intervention aux détenus d’opinion. Sans oublier les harragas.
La question des disparitions forcée est soulevée plusieurs questions, notamment la non-ratification, de la convention de la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, par l’Algérie.
Un représentant du CFDA parle d’abord, brièvement, de la disparition de son père, jetant la lumière sur la longue durée que la lutte pour la vérité sur les disparitions forcées en Algérie a prise, la rendant une « lutte trans-générationnelle ». Il évoque également des répercussions de la disparition forcée sur la vie des proches, du traumatisme et des séquelles psychologiques indélébiles que ça laisse. Il rappelle l’assistance de ce qui s’est passé durant les années 1990.
La représentante l’ONG Riposte Internationale. Abonde dans le même sens et appelle pour obtenir les indemnisations. Ajoutant que les familles de disparus doivent avoir un jugement de décès du disparu.
Elle évoque les 3 000 tombes sous X au cimetière d’El Alia et des personnes mortes sous la torture. Elle réitère son accord pour la réconciliation mais avec le droit à la vérité, à la justice, et à une réparation à la hauteur du préjudice subi et la réhabilitation des victimes mais surtout et avant tout la vérité.
Elle appelle au nom de Riposte Internationale à la libération inconditionnelle de tous les détenus d’opinion et leur réhabilitation ; la suppression des lois liberticides, notamment les amendements du code pénal du 21 avril 2020 , article 87 bis ainsi qu’un certain nombre de positions de l’ONG dont l’abolition de la peine capitale (49 personnes ont été condamnées à la peine capital par le tribunal de Dar El Beida dans le procès de Djamel Bensmaïl), la levée de toutes les restrictions administratives complémentaires aux amendements du code pénal sur les interdictions de sortie du territoire National Istn, l’ouverture du champ politique et médiatique ainsi que l’établissement de la vérité et la justice pour les familles de disparus des années 90.
Synthèse Sofiane Ayache