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Deschanel en version américaine

Trump

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou », écrivait le philosophe Alain. On ne sait plus où donner de la tête pour suivre les délires du président des Etats-Unis. Chaque jour un épisode de déclarations hallucinantes. Les manuels de psychiatrie n’auront bientôt plus d’espace pour les recenser.

Je pensais m’arrêter d’écrire sur les clowneries de ce pitre devenu président et passer à autre chose un moment, je me suis trompé. Il faut bien actualiser les événements. Et les actualisations sont journalières pour le président américain. Nous ne pouvons pas avoir un instant de repos face à un homme qu’il faut surveiller constamment car il a des allumettes dans les mains et danse autour du feu.

Je propose aujourd’hui d’inverser la citation du philosophe Alain, « Tout fou rend le pouvoir incontrôlable ». Les déments au pouvoir ont été assez nombreux dans l’histoire même s’il est  vrai que tous n’avaient pas plus de deux mille ogives atomiques en allumettes autour d’un feu.

Comme il n’y a plus rien à dire dans le cadre de la raison dans cette extravagante histoire de Donald Trump, je voulais vous faire partager dans cette chronique l’exemple le plus drôle et célèbre en cette matière, celui du président de la république française, Paul Deschanel, en 1920.

La péripétie qui est restée dans les mémoires est sa chute du train lors d’un besoin pressent, il s’était trompé de porte (à l’époque elles n’étaient pas verrouillées). Il était victime d’un état anxio-dépressif et du syndrome d’Elpénor, ce qu’on appelle communément le somnambulisme. (Si je connaissais l’aventure il m’a fallu une petite recherche pour connaître le diagnostic).

Ce ne serait sans doute pas si grave si ce personnage aux fonctions les plus honorables n’avait pas été surpris à vouloir grimper sur les arbres de l’Elysée. Contraint de démissionner, il ne laissera dans l’histoire qu’une histoire de train.

Mais Paul Deschanel n’avait qu’une fonction symbolique de représentation comme le prévoyait la constitution de la IIIème république. Pour Donald Trump, nous sommes loin de cette situation tant les responsabilités sont lourdes de conséquences pour son pays et pour le monde.

Dans son délire, le voilà qu’il veut déporter la population gazaouis hors des frontières et bâtir un Disneyland sous sponsoring américain. On pourrait être choqué d’une insulte à l’humanité, d’un propos des plus racistes au monde, mais non, je ne le crois pas. Je pense que ce personnage est entièrement fou dans le sens médical du terme.

Les responsables de cette idée d’une horreur génocidaire sont les électeurs de ce pauvre malade qui l’ont élu alors qu’il avait manifestement tous les symptômes de la démence psychiatrique. Si nous reprenons tous ses discours, un enfant aurait soupçonné, même sans comprendre le fond des paroles, un comportement des plus anormaux.

Je suis donc plutôt favorable à la croyance d’un réel risque de démence qui le rendrait irresponsable. Je suis certain qu’il aura le même destin que celui de Paul Deschanel. Lorsqu’on est au point d’une menace terrifiante d’une déflagration mondiale par jour, prononcée sous un état de délire, il est impossible que, devant l’enfoncement profond dans les symptômes, n’apparaisse pas un pronostic médical.

Je serai presque tenté de parier à une destitution qui pourrait survenir dans les deux ans, lors des élections de mi-mandat si les démocrates venaient à comptabiliser assez de sièges pour obtenir le ralliement des républicains qui sont restés encore sains d’esprit.

Pour le moment, je serai donc dans la position d’une personne qui l’exempte de responsabilité pénale comme le prévoient tous les codes civils des pays de même état de droit. Pour moi, la responsabilité est celle qui laisse le malade en roue libre sans lui apporter des soins et l’éloigner des jouets dangereux pour lui comme pour la planète.

Oui, je serais plus pessimiste pour cette histoire de Disneyland à Gaza si elle avait été prononcée moins ouvertement, avec un discours plus feutré, en sous-entendus.

Donald Trump nous avait déjà surpris avec son histoire d’eau de javel pour combattre le Covid, il ne m’impressionnera pas plus que cela dans ses élucubrations quotidiennes.

Sauf qu’elles prennent un niveau de plus en plus inquiétant dans la démence. Il faut que la population américaine, encore en possession de toutes ses aptitudes, l’évacue de la Maison Blanche et mette un terme aux délires de ce président.

Boumediene Sid Lakhdar

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