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Désinfectez la langue arabe de son idéologie mortifère !

DEBAT

Désinfectez la langue arabe de son idéologie mortifère !

J’ai passé ma vie à dénoncer le sinistre atomique que fut la tentative d’arabisation dans notre jeunesse par des abrutis importés de je ne sais où. Mais jamais un professeur ne mettra en doute la beauté d’une langue en elle-même.

J’ai été très attentif à ce que le monde entier a perçu et salué à travers les slogans des jeunes manifestants algériens. Effectivement, ils ont été marqués d’un humour et d’un second degré d’un niveau admirable.

Mais ce qui m’a interpellé, probablement parce que je suis un rescapé de cette terrible période, c’est que les slogans représentatifs de ce mouvement étaient, pour les plus significatifs, en français.

Bien entendu, je fais la part des choses car j’ai été plutôt réceptif à ceux que je comprenais et, aussi, parce que les médias francophones que je suis ont tendance à privilégier l’image des slogans compréhensibles pour leur audience.

Malgré tout, il semble que cette langue n’ait jamais pu atteindre le second degré et la dérision  car elle est née, en Algérie, avec la volonté de dominer et d’abrutir les gens. Ce qu’elle a réussi en grande partie.

La langue arabe (je parle de la langue arabe classique, pas la notre), lorsqu’elle nous fut imposée, se sentait obligée d’être « sérieuse » car porteuse d’une mission sacrée. Tout d’abord c’est la langue de « leur livre » imprimé des mots du Grand invisible. Et avec lui, on ne rigole pas, on se soumet, on tremble et on exécute.

Une langue est en soi, porteuse de culture, de connaissances et d’épanouissement cognitif afin de construire une force de discernement qui est l’arme la plus solide de l’être humain libre. Elle n’est responsable en rien des abrutis qui s’en servent pour soumettre les autres à leur pouvoir, à leurs fantasmes de psychopathes.

Il est urgent que la jeune génération retrouve la beauté de cette langue et lui permette de participer à l’épanouissement de la société. Il est urgent de le faire car cela fait un demi-siècle que le microbe mortel l’a totalement investie jusqu’à l’infection généralisée.

Je sais bien que certains lecteurs, adeptes de la morale sectaire, nourris au biberon de la doctrine, vont me tomber dessus. Tant pis, j’ai l’habitude, la carapace est puissante. Ils ne réussiront jamais à me faire douter que cette langue serait merveilleuse si elle était entre les mains de démocrates et d’humanistes.

Bon sang, ce challenge est l’enjeu considérable de l’école de demain. Sortez la religion et la morale morbides de cette langue. Purifiez-là, faites-en un bonheur et non un boulet à abrutir.

Décontractez-vous, riez et utilisez le second degré lorsque vous utilisez cette langue. Ne soyez pas enchaînés à chaque fois que vous la prononcez. Vous ne jouez ni votre humanité ni votre entrée en enfer lorsqu’elle est dans votre bouche. On a l’impression que vous y trouvez une mission sacrée, de nationalisme et de pureté de la race.

Arrêtez de froncer les sourcils, de racler la gorge pour trouver la tonalité sérieuse et de placer dix mots de religion dans la phrase, même lorsque vous parlez du beau temps qu’il va faire.

À un moment où les jeunes algériens baragouinent l’anglais sur Linkedin, après nous avoir pourri la vie avec l’arabe, il est temps de se poser la question de sa survie.

Moi, je ne suis jamais favorable à la mort d’une langue car elle a pour mission de véhiculer tant de richesses au profit de l’humanité. En fait, ce que je voulais dire par mon titre, c’est l’urgence de désinfecter le cerveau des abrutis qui pensent avoir reçu les clés de sa conservation, remises par le ciel.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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