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Dessalement de l’eau de mer : le pari risqué de l’Etat

Usine de dessalement de l'eau de mer

Usine de dessalement de l'eau de mer en Algérie.

Face à la pression croissante sur les ressources hydriques conventionnelles, l’Algérie poursuit l’extension de son parc de dessalement. Trois nouvelles stations de grande capacité seront réalisées à Tlemcen, Chlef et Mostaganem, dans le cadre d’un programme piloté par Sonatrach, présenté comme un levier stratégique de sécurité hydrique à moyen et long termes.

Réunis lundi au siège de la direction générale de Sonatrach, le ministre d’État, ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, et le ministre des Ressources en eau, Tahar Derbal, ont supervisé la signature des contrats de réalisation de trois stations de dessalement de l’eau de mer destinées à alimenter l’ouest du pays. L’opération s’inscrit dans les orientations arrêtées par le gouvernement pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable, dans un contexte marqué par la raréfaction des précipitations et la vulnérabilité des barrages.

D’une capacité de 300 000 mètres cubes par jour chacune, les futures stations de Marsa Ben M’hidi (Tlemcen), El Marsa (Chlef) et El Khadra (Mostaganem) relèvent du premier volet du deuxième programme national complémentaire de dessalement, qui prévoit la réalisation de six infrastructures similaires. À terme, les pouvoirs publics ambitionnent de porter la capacité nationale de dessalement à 5,6 millions de mètres cubes par jour à l’horizon 2030.

Les projets seront réalisés selon la formule EPC (ingénierie, approvisionnement et construction), avec un délai d’exécution fixé à 22 mois. La supervision est confiée à la société algérienne de dessalement de l’eau (ADC), filiale de Sonatrach, tandis que l’exécution a été attribuée à des entreprises publiques nationales : Cosider Canalisations, l’Entreprise nationale des grands travaux pétroliers et l’Entreprise algérienne de réalisation de projets industriels.

En parallèle, une convention de coopération a été signée entre l’ADC et l’Algérienne des eaux (ADE), dans l’objectif d’améliorer la coordination entre la production et la distribution, un maillon souvent pointé du doigt pour ses défaillances structurelles.

Au-delà de l’annonce institutionnelle, ce nouveau cycle d’investissements confirme le glissement progressif de la politique hydrique algérienne vers une dépendance accrue au dessalement, solution coûteuse mais jugée incontournable par les hautes autorités.

Beaucoup de questions restent posées concernant ce modèle de dessalement de l’eau de mer. Sur le plan environnemental : d’abord énergivore, le procédé pose la problématique de l’impact sur le lieu du prélèvement de l’eau et sur celui du rejet d’eau traitée et à forte salinité. Ce qui n’est pas sans risque sur les écosystèmes marins situés à proximité de ces usines.

Ensuite il y a la question et non des moindres de la soutenabilité économique et énergétique de ce modèle, dans un pays où la gestion de la ressource, les pertes sur les réseaux et la gouvernance du secteur demeurent des défis tout aussi déterminants que la multiplication des infrastructures.

Samia Naït Iqbal

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