La daïra de Larbaa Nath Irathen a suivi massivement l’appel à la grève générale lancé par les familles des citoyens de Larbaa Nath Irathen (Tizi-Ouzou) condamnés à la peine capitale.
« On n’est pas des terroristes, liberez nos enfant », criaient ces femmes lors de leur marche improvisée dans cette ville de haut montagne de Kabylie. Ces familles, éplorés par les verdicts prononcés dans le cadre de l’affaire de l’assassinat Djamel Bensmaïl, réclament justice et appellent à un procès équitable. Une grève et une marche symbolique ont été organisées par ces familles ce jeudi 8 novembre. Ce sont des familles meurtries et marquées par les 38 condamnations à la peine capitale notamment qui se disent mobilisés pour sauver leurs enfants et parents des griffes de la prison.
Le procès s’est tenu entre mardi 15 et samedi 19 novembre devant le tribunal de Dar El Beida. 38 peines capitales, six personnes condamnées à 20 ans de prison. Une à 10 ans de prison ferme. 15 à 3 ans de prison ferme. Et 27 prévenus ont bénéficié d’acquittements.
Le procès en appel des 102 personnes accusées d’avoir lynché à mort Djamel Bensmaïl, a donné lieu à des peines extrêmement lourdes, selon plusieurs avocats. Avant son déroulement, Me Abderrahmane Salhi, un des avocats de la défense, déclarait : « Nous espérons que ce procès sera juste pour l’ensemble des parties. Nous avons confiance dans la justice algérienne pour qu’elle soit équitable à l’égard de tous les accusés ». Ce fut cependant une douche froide pour les accusés et leurs familles.
En première instance, 94 personnes avaient été condamnées en novembre 2022 par le tribunal de Dar El-Beida, près d’Alger, dont 49 à la peine capitale, commuée en prison à vie. Ils sont poursuivis pour « homicide volontaire avec préméditation, délit d’agression portant atteinte à l’intégrité territoriale et complot ». Mais aussi d’« actes terroristes et subversifs attentatoires à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité des institutions ainsi qu’à leur fonctionnement normal, en semant la terreur au sein de la population et en créant un climat d’insécurité par l’agression morale et physique contre les personnes, mettant leurs vies et leurs biens en danger ».
En août 2021, des incendies ravageurs avaient fait plus d’une centaine de morts en Kabylie et ravagé des dizaines de milliers d’hectares.
La Kabylie n’avait jamais connu pareil désastre humain et environnemental. Après avoir entendu qu’on le soupçonnait d’avoir déclenché un feu, Djamel Bensmaïl, venu aider les villageois à éteindre les flammes, s’était présenté volontairement à la police pour fournir des explications à sa présence. Il a été arrêté et placé dans un véhicule de la police.
Des images relayées par les réseaux sociaux avaient montré la foule entourant le fourgon de police. Il sera extirpé du véhicule sous les regards des policiers présents. Djamel Bensmaïl, âgé de 38 ans, avait été roué de coups puis brûlé vif, tandis que des jeunes prenaient des selfies devant son cadavre.
Suite à cet ignoble assassinat, la police opère une vague d’arrestations dans plusieurs régions, allant jusqu’à accuser le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classée organisation terroriste par le régime. Plus d’une centaine de personnes sont arrêtés et placés en détention.
Comme habituées dans plusieurs grandes affaires qui ont secoué le pays, les autorités ont organisé des séances d’aveux télévisés, piétinant par-là même la présomption d’innocence des prévenus. Pris de zèle, certains journaux ont condamné les prévenus bien avant les juges.
Les familles des détenus réclament justice et un procès équitable. Il reste à savoir si les autres régions de la Kabylie notamment vont finir par solidariser avec ces familles et Larbaâ-Nat-Iraten pour faire le poids et amener la justice à plus de justice.
Yacine K.