L’Algérie «ne compte aucun détenu d’opinion », a soutenu mardi soir Abdelmadjid Tebboune. Quid des détenus politiques ? Monsieur Tebboune se garde bien d’y faire référence, car que fait Hamou Boumedine et les 300 autres Algériennes et algériens en prison ?
Abdelmadjid Tebboune est manifestement en orbite géostationnaire. Loin de l’Algérie et ses crises politiques, économiques et sociales. Cependant, son mépris des réalités n’a d’égal que les mensonges cultivés à longueur de journées par les médias lourds.
« L’opposition au pouvoir et la liberté d’expression sont garanties par la Constitution sans que cela permette de semer la zizanie et le chaos ou encore porter atteinte à la sécurité publique », a-t-il dit dans un entretien accordé à des médias diffusé mardi soir sur la Télévision algérienne.
Ah, nous y voilà ! Publier un commentaire sur Facebook est considéré comme atteinte à la sécurité publique !? Décidément, en haut lieu, on n’arrête pas le progrès du discours éculé.
Pour Tebboune, « rédiger un article hostile à l’Armée nationale populaire (ANP), par exemple, est comme travailler dans une cinquième colonne mobilisée pour nuire au moral de l’armée, chose que certains ont fait en collaboration avec des ambassades étrangères ».
Si l’armée ne tolère pas les critiques, elle n’a qu’à se retirer de la scène politique et s’installer dans ses QG ! Or, que fait donc le commandant des forces terrestres, Saïd Chanegriha, sinon se mêler de politique à chaque rendez-vous important au sommet de l’Etat ?
Monsieur Tebboune nous sert le refrain de la main de l’étranger, en accusant certains de rouler pour des ambassades étrangères !? Mais notre cher « président » se garde bien de citer ces ambassades ! Et qui sont ces “certains” mobilisés dans une cinquième colonne ?
Par ailleurs, faire référence à une cinquième colonne prouve que notre président ne sait pas ce qu’il dit. Il est utile d’en lui rappeler la définition précise : l’expression « cinquième colonne » est généralement employée pour désigner un ennemi fantasmé et invisible à l’intérieur d’un pays ! Dans son temps, Ben Bella avait utilisé le même argument fallacieux contre l’opposition constituée de Boudiaf, Aït Ahmed, Krim Belkacem… C’est dire qu’on en est toujours aux mêmes pratiques.
Il faut arrêter de fantasmer Monsieur Tebboune et redescendre sur terre en restant à l’écoute du citoyen.
On le voit donc, notre cher « président » s’adonne à un exercice de phraséologie générale qui est loin de cadrer avec la réalité sur le terrain !
L’Algérie officielle s’enfonce dans le déni et le mépris. La fin du calvaire pour les centaines de détenus d’opinion n’est donc pas à l’ordre du jour ! Dommage pour eux, pour leurs familles et pour la liberté !
Kacem Madani