Le sujet des élections présidentielles qui auront lieu dans deux ans a été évoqué lors de la rencontre périodique du chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune avec la presse nationale qui s’est tenue jeudi 22 décembre.
En réponse à la question de Soraya El Hachemi de la Chaîne 3, qui voulait savoir si A. Tebboune compte briguer un deuxième mandat présidentiel, ce dernier a préféré botter en touche en laissant planer le doute et le suspense. « Je n’ai aucune réponse concernant un deuxième mandat. Je n’y pense même pas. C’est plus que trop tôt pour y penser. Nous ne sommes pas aux États-Unis pour parler des élections de mi-mandat. Nous sommes à peine au milieu du mandat, le plus important c’est de concrétiser les engagements que nous avons pris », dira Abdelmadjid Tebboune. La réponse n’est pas faite pour faire taire les spéculations qui sont allées bon train depuis un certain temps. Celles-ci se sont emballées le 12 décembre avec des commentaires et des comptes rendus dithyrambiques dans les médias publics.
Ces réserves émises Abdelmadjid Tebboune ne s’empêchera pas de tirer quelques satisfecits du bilan d’étape de sa gouvernance de trois ans et de faire la promotion de la « Nouvelle Algérie ». Le contraire nous aurait étonnés. Selon lui, l’année 2023 sera celle de la consolidation et de «la consécration des réalisations accomplies». Il faudra attendre pour le vérifier !
Evaluant ce qui a été réalisé jusque-là, Abdelmadjid Tebboune a préféré «laisser le citoyen et ceux qui ont contribué à opérer les grands changements que nous avions souhaités, en juger d’eux-mêmes».
L’occasion était trop belle pour le chef de l’Etat de rappeler les 54 engagements écrits qu’il avait contractés durant sa campagne électorale en prévision de la présidentielle de 2019, en référence à l’année 1954, au lieu de se contenter de tenir des promesses comme le veut l’usage dans de telles échéances.
«Des changements sont là et nous ambitionnons d’en opérer plus, car l’Algérie nouvelle n’est pas uniquement liée au président de la République, ni au changement de quelques personnes ou gouvernements, mais plutôt à un changement des mentalités pour être en harmonie avec l’idée d’édification », au lieu des points négatifs qui ont «marqué l’Algérie des décennies durant».
Pourtant les Algériens ne voient rien de bien nouveau. Bien au contraire. L’économie s’est encalminée. L’émigration clandestine a explosé, les PME/PMI sont au plus mal. Sans oublier les violations des libertés et le démantèlement de tous les acquis démocratiques. Ce sont là les vraies réalisations de Tebboune. Le reste est de la simple autocongratulation.
Relations diplomatiques : le Maroc, ce mot interdit !
En plus des préoccupations d’ordre social, économique et politique, Abdelmadjid Tebboune a abordé au cours de cette rencontre les questions diplomatiques et notamment les relations avec le voisinage direct. Notamment avec la France et le Maroc. Sans que ce dernier pays ne soit cité sur le plateau, Tebboune a démenti catégoriquement toute sorte de médiation entre l’Algérie et celui-ci, le voisin de l’ouest. Des démarches qu’auraient entreprises certains pays, comme l’ont laissé entendre certains médias et des observateurs qui ont évoqué des tentatives de conciliation qu’aurait initiées le souverain hachémite de Jordanie qui a effectué il y a quelques jours une visite en Algérie. « S’il y a eu une médiation, je ne l’aurais pas caché au peuple algérien », déclare sèchement Tebboune qui, a contrario, a évoqué l’excellent des relations avec la France et l’Arabie saoudite. « Les relations entre l’Algérie et l’Arabie saoudite sont excellentes. Nous v’la rassuré ! « L’Arabie saoudite a un respect particulier pour l’Algérie », a constaté le chef de l’Etat. Comprendre que le voisin de l’ouest n’en a aucun.
Il en est de même avec l’ex-puissance coloniale. « Les relations avec la France sont bonnes. Nous œuvrons de part et d’autre à l’apaisement. La France est une puissance européenne et l’Algérie une puissance africaine, au plan stratégique, nous avons beaucoup de choses à faire ensemble. Quant à la mémoire, personne ne peut la falsifier. Et avoir de bonnes relations avec la France ne nous empêche pas d’avoir aussi de bonnes relations avec la Chine et la Russie », dira Tebboune qui réfute l’existence d’aucun scrupule pour se rendre en Russie, soulignant les relations d’amitié historiques avec ce pays. Pourtant, Tebboune devait faire une visite officielle avant la fin de l’année, comme l’avaient annoncé les autorités russes il y a quelques mois. Tebboune ne nous dit pas pourquoi cette visite a disparu de son agenda.
Les Etats-Unis sont aussi un pays ami. Pour Tebboune, « l’Europe est incontournable pour nous et nous sommes incontournables pour l’Europe. Mais nous sommes aussi africains ».
Concernant l’entrée de l’Algérie dans les BRICS, le chef de l’Etat rassure : « Les membres (des BRICS) sont d’accord, nous sommes confiants quant à l’aboutissement de notre adhésion d’ici la fin 2023 ». Là aussi, il faudra attendre.
Samia Nait Iqbal