Récemment, le conseiller diplomatique du président français, Emmanuel Bonne, s’est rendu à Pékin pour participer à un dialogue stratégique sino-français avec Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères. Cette rencontre a permis d’approfondir les discussions sur plusieurs sujets, notamment le multilatéralisme, la coopération économique, les échanges culturels et la gouvernance mondiale.
Dans un contexte international marqué par des transformations rapides et des défis croissants, le Moyen-Orient connaît de profondes mutations géopolitiques, tandis que l’Europe fait face à des crises et des incertitudes. La visite d’Emmanuel Bonne en Chine s’inscrit officiellement dans les préparatifs d’une future visite d’Emmanuel Macron. Mais pourquoi une nouvelle visite présidentielle si peu de temps après celle d’avril 2023 ?
Cela est probablement lié à la crise que traverse actuellement la France. Tout d’abord, il y a le conflit russo-ukrainien. Selon des sources, Macron aurait clairement souligné, lors de discussions trilatérales avec les États-Unis et l’Ukraine, que l’Europe ne pouvait pas être exclue des négociations entre les États-Unis et la Russie, car cela concerne des intérêts sécuritaires majeurs pour l’Europe.
Ensuite, les bouleversements au Moyen-Orient et en Afrique aggravent les défis européens. Bien que les nations européennes, y compris la France, ne soient pas profondément impliquées dans les conflits du Moyen-Orient, l’instabilité régionale intensifie les flux migratoires vers l’Europe. Par ailleurs, l’influence française en Afrique s’effondre rapidement, notamment à cause de l’intervention de la Russie. Plusieurs gouvernements africains pro-français ont été renversés, entraînant de lourdes pertes pour les intérêts français.
Un autre problème majeur est la crise de la dette. Le gouvernement français fait face à une dette publique colossale, équivalente à 110 % du produit intérieur brut, un problème amplifié par la pandémie et le conflit russo-ukrainien.
Ces multiples crises ont fragilisé le gouvernement français. Le 5 décembre, l’Assemblée nationale française a adopté une motion de censure contre le gouvernement, entraînant la démission de la Première ministre Élisabeth Borne. C’est la première fois depuis 1962 qu’un gouvernement français est renversé par le Parlement. Malgré cela, Emmanuel Macron refuse de démissionner et mise sur la diplomatie pour regagner du terrain.
Dans ce contexte, la visite de Borne à Pékin pourrait refléter une tentative de Macron de s’appuyer sur la coopération avec la Chine pour atténuer les difficultés économiques de la France. Si la Chine et la France parviennent à conclure de nouveaux accords commerciaux, cela pourrait avoir des répercussions positives sur l’économie française.
Sur le plan économique, les relations sino-françaises sont déjà solides. En 2023, le commerce bilatéral a atteint 78,9 milliards de dollars, et les investissements bilatéraux cumulatifs ont dépassé 26 milliards de dollars. La Chine est désormais le principal partenaire commercial de la France en dehors de l’Union européenne, tandis que la France reste l’un des principaux partenaires de la Chine au sein de l’UE.
Les investissements bilatéraux continuent de croître. En 2023, les investissements directs français en Chine ont atteint 1,34 milliard de dollars, soit une augmentation de 77 % par rapport à 2022. De même, les investissements directs chinois en France ont également progressé, atteignant un stock cumulé de 4,84 milliards de dollars fin 2023.
De nombreuses entreprises françaises, telles qu’Airbus et Schneider Electric, ont établi des centres de recherche et élargi leurs activités en Chine. Parallèlement, des entreprises chinoises investissent activement en France, notamment dans des projets liés aux énergies renouvelables comme la « Vallée européenne des batteries ».
Ainsi, la Chine attache une grande importance à ses échanges avec la France. Ce dialogue stratégique a permis de dégager des consensus dans divers domaines, notamment les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle et les matériaux innovants, illustrant une coopération bilatérale en plein essor vers des niveaux plus élevés et plus diversifiés.
La Chine demeure fidèle à son principe de « coopération gagnant-gagnant » avec tous les pays recherchant sincèrement un partenariat. Non seulement avec la France, mais également avec d’autres nations du tiers-monde, qui trouvent dans ces relations un véritable esprit d’équité. Espérons que la coopération sino-française apportera une contribution accrue à la paix et à la stabilité mondiales.