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« Dieu est mort » de Yasmina Hamlat

 

Yasmina Hamlat est une jeune étudiante berbère passionnée par la littérature française classique qui quitte son pays, armée de courage et de volonté, enivrée d’ambitions et d’espoir pour Paris.

Cette nouvelle vie, douce au début, s’acharne contre elle jusqu’à en assombrir sa jeunesse. Seule contre le sort, elle trouve refuge dans l’écriture, des mots forts, fluides et spontanés lui tiennent compagnie ; texte après texte, des personnages naissent, des souvenirs reviennent, des cris de détresse rendent sa plume bavarde.

Inspirée des visages féminins de son enfance et de ceux qui l’entourent encore aujourd’hui, Yasmina Hamlat décide de parler pour condamner une misogynie sacrée et promue par les deux sexes en Algérie.

Entre une religion corrompue par les traditions et une hypocrisie menaçante, les murailles de la soumission et du mépris de la femme s’élèvent pour l’emprisonner dans des interdits; par peur du changement, la norme sociale dicte le silence et l’obéissance.

Terrifiée par cette dégradation sociale constante, l’étudiante décide de mener un combat contre ces décrets issus de nulle part, elle prend sa plume pour témoigner, elle se veut la voix de ces femmes aux langues censurées, aux gorges muettes, aux rêves lapidés.

Brut, audacieux et engagé, son premier ouvrage « Dieu est mort » voit le jour le 5 janvier 2022, chez Sydney Laurent édition. « Dieu est mort » est un recueil de quatre nouvelles dans lesquelles des personnages féminins s’arrachent la parole, d’une veuve amputée de chagrin à une jeune caissière brutalement violentée par son patron, les mots et les cris s’alternent, déchirent les entrailles du tabou pour dire l’interdit et parler au nom des victimes condamnées.

Défier une norme ancestrale, héritée et transmise de génération en génération par des mots poignants, engagés, trempés d’audace et dégoulinant de douleur, Yasmina Hamlat s’engage pour libérer la parole de la femme soumise au silence, voilée par la peur et lapidée par une société prédatrice de changement, sans se priver de zébrer ses lignes de références littéraires françaises purement classiques, ses voix s’approprient des personnages dix-neuvièmistes tel que Etienne Launtier et Gervaise d’Emile Zola, Cosette et Fantine de Victor Hugo ou encore Le dormeur du Val d’Arthur Rimbaud.

Sa source d’inspiration est intarissable, curieuse et audacieuse, elle entame déjà un deuxième ouvrage qui portera sur la situation des langues en Algérie notamment sa langue maternelle (tamazight).

Fidèle à sa quête principale qui est la libération de la parole féminine, elle osera un peu d’Histoire et beaucoup de politique pour transmettre sa voix et celles de ses semblables.

Sofiane Ayache

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