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« Dites au gang qu’il s’en aille, son virus est plus dangereux que le corona »

54e vendredi, les marcheurs tonnent :

« Dites au gang qu’il s’en aille, son virus est plus dangereux que le corona »

Le ciel, déserté de ses nuages et le soleil hospitalier qui illumine la capitale, accueillent les marcheurs nombreux et assidus avec déférence. 

Malgré les multiples barrages bloquants installés à l’orée de la capitale, et la folle campagne de «sensibilisation» menée sur les chaines radio, de télévision et sur le web au sujet du coronavirus, les manifestants rejoignent  leur circuit de contestation hebdomadaire. 

Les policiers, jeunes pour la plupart d’entre eux, se font discrets. Postés au niveau du siège du RCD en haut de la rue Didouche-Mourad, ils ont l’air harassés et dépités, probablement  excédés d’être la cible permanente des railleries des manifestants. 

La foule au niveau du siège de ce parti, qui a subi des attaques de tous genres cette quinzaine,  se fait moins nombreuse qu’à l’accoutumée.

Le gros des troupes regagne la Grande Poste en provenance de Bab El Oued en ressassant son désir de voir un Etat civil et pas militaire. On ne se lasse pas de jeter les généraux à la poubelle, de les tenir pour responsables de la rapine nationale et du naufrage du pauvre malheureux tout en leur assurant que l’on ne s’arrêtera pas. On répète : « Maranach habsin hata takhtiouna djibou el BRI djibou el corona » i.e nous ne nous arrêterons pas ramenez la BRI (Brigade d’intervention) ou le coronavirus. 

On hurle : « Dites au gang de nous laisser en paix leur maladie est plus dangereux que le corona » i.e 9oulou el 3issaba irou7ou yekhtouna ouelmard dialhoum ktar mel corona (on remplace selon l’humeur maladie par virus).

On chante les grands tubes du moment : « Adala », « les enfants d’Amirouche » , « Ali Ammar ». On rappelle que samedi prochain est programmé une marche.

 Les marcheurs ne cessent de qualifier le système d’enfant de la luxure et de réclamer sa chute. Ils redisent leur volonté de voir le gang quitter la scène et chantent la liberté et la démocratie pour leur pays. Ils reprennent le célèbre chant révolutionnaire : « Min Biladina » en remplaçant par « Min Hirakina » i.e.  de notre pays par de notre Hirak. 

On répèe qu »’il n’y a ni virus ni corona ouel mard haw idour fi el Mouradia » i.e il n’y a ni virus ni corona le mal est à El Mouradia (Présidence). 

On hurle l’illégitimité du Président sans discontinuer tout en rappelant l’injustice de la justice en scandant : ba3ou el beida dajabou el baraa i.e ils ont vendu la blanche (cocaïne) et ils ont été innocentés par rapport au verdict prononcé dans l’affaire de Khaled Tebboune, le fils du Président.

On hurle : « Ouled el Imarat dégage dégage ! » i.e. fils des Emirats dégage dégage !

Les jeunes de Bab El Oued sortent leur nouveau tube : « Li khan Echa3b » (celui qui a trahi le peuple) :

« Likhan echa3b sur ikhalass, Hada nidam ga3 mdeglas, Chhal man massira matbadal oualou, El3issaba khatira pouvoir mazalou, Teboun tmaskhira houma li9alou, Na3arfou esira, el hirak nkemlou » i.e  Celui qui trahit le peuple paiera, c’est sûr, ce pouvoir est pourri, combien de marches et rien n’a changé, le gang est dangereux le pouvoir toujours en place, Tebboune est une plaisanterie c’est eux qui le disent, on connait la chanson nous continuerons le Hirak.

Le constat est clair : le divorce semble totalement consommé avec une bonne partie de la population. Les manifestants persévèrent dans la contestation en continuant inlassablement de marcher sans trop voir devant, sans prendre la peine de s’arrêter sur les prochaines échéances électorales qui pointent à l’horizon et qui risquent, malheureusement, de les prendre de court, tout comme l’échéance passée. 

Ce qui fait l’affaire d’une multitude de parties et de partis, que la carte d’électeur du Hirak effraie. Le pouvoir, solitaire et droit dans ses bottes, exécute froidement son calendrier sans s’attarder sur les millions de globetrotters locaux.

 

Auteur
Djalal Larabi

 




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