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Don du fuel au Liban : que cache le geste de Tebboune ?

Tebboune

Le don du fuel au Liban par l’Algérie remet en surface le scandale du fuel frelaté vendu, en 2020, par  la filiale londonienne de Sonatrach à Electricité du Liban (EDL) pour l’alimentation des centrales électriques libanaises. 

Le tollé médiatique et politique soulevé par ce scandale, aboutira à la suspension de l’accord conclu entre l’EDL et la compagnie nationale algérienne, Sonatrach qui avait  informé le ministère libanais de l’Énergie de sa décision de ne pas le renouveler. 

Un accord que les deux partenaires s’apprêteraient à reconduire. C’est en tout cas ce que croit savoir L’Orient le jour. 

Le quotidien francophone libanais s’interroge si le geste de Tebboune (qui intervient en plein campagne électorale, ndlr) et relatif à la fourniture à titre gracieux du fuel au Liban. La compagnie EDL se retrouve, depuis le 17 août, sans fuel pour produire l’énergie, après avoir épuisé les réserves de carburant allouées à ses centrales, augure donc le retour de Sonatrach au Liban.

Un scandale aux relents politico-financiers 

Ce scandale de corruption aux relents politico-financiers qui remonte à 2020 a poussé les responsables libanais à monter au créneau accusant Sonatrach d’avoir livré du pétrole défectueux à la société publique Électricité du Liban (EDL).

Au mois de juillet 2020, le Liban a procédé à la saisie de deux navires affrétés par Sonatrach petroleum corporation (SPC) basée à Londres, accusée d’avoir vendu du fuel défectueux depuis sa raffinerie sicilienne d’Augusta.

La députée libanaise Paula Yacoubian a fustigé la nature « secrète » du contrat signé entre la société pétrolière algérienne et l’État libanais en 2005.

« Des déchets pétroliers sont envoyés au Liban et il faut que l’enquête à ce sujet englobe la société qui fait fonctionner les navires-centrales », avait déclaré la députée, en référence à Sonatrach, accusant également « des responsables communautaires et des politiques de haut rang « d’être impliqués dans le scandale.

Les tribunaux du pays ont émis des mandats d’arrêts à l’encontre d’un certain nombre d’employés de la société d’inspection libanaise Petrol Survey and Technics (PST), les accusant de « corruption, versement de pots-de-vin, escroquerie et abus de confiance ».

« L’enquête préliminaire ouverte par le premier juge d’instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, avait  recueilli des témoignages, faisant état de pratiques de corruption présumées dans le but de falsifier les tests de qualité du fuel, avec la complicité des employés des laboratoires concernés ainsi que celle de hauts fonctionnaires du ministère de l’Energie, dont le directeur des installations pétrolières, Sarkis Hleiss.

Un réseau qui, selon certains de ces témoignages, remonterait à plusieurs années, durant lesquelles le Liban aurait payé pour du fuel défectueux, dans le cadre de son contrat signé 2005 avec une filiale de la compagnie algérienne Sonatrach Petroleum Corporation.

C’est d’ailleurs l’autre surprise dévoilée par le scandale : longtemps présenté comme un accord d’État à État, le contrat a, en réalité, été signé avec la succursale de Sonatrach enregistrée aux Îles Vierges britanniques, qui l’a sous-traité à deux intermédiaires : le groupe BB Energy, détenu par la famille Bassatné puis, à partir de 2017, au négociant en pétrole ZR Energy DMCC, basé à Dubaï et détenu par le Libanais Ibrahim Zaouk », écrit le journal libanais Le Commerce du Levant.

Les autorités libanaises ont procédé à une vingtaine d’arrestations, dont celle du représentant libanais de Sonatrach, Tarek Faoual. 

Deux anciens ministres de l’Énergie libanais, Nada Boustani et Mohammad Fneish, ont également été cités à comparaître. Des responsables des laboratoires centraux ont également été accusées d’avoir falsifié des rapports afin de permettre le déchargement du pétrole frelaté au bénéfice de Sonatrach et de la société libanaise ZR Group.

La compagnie algérienne d’hydrocarbures avait rejeté l’accusation, dénonçant « les allégations inexactes et fausses à propos de l’implication d’un cadre de Sonatrach dans cette affaire », indiquant que Faoual était un agent maritime indépendant, travaillant pour une filiale pour le compte de Sonatrach Petroleum Corporation (SPC).  

Le porte-parole du président algérien Mohand Oussaïd Belaïd, parlera de « problème libano-libanais » et précisé que « l’Algérie, en tant qu’État, n’était pas impliquée » mais que la « justice algérienne s’occuperait du volet concernant l’Algérie ». 

Samia Naït Iqbal 

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