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Donald Trump assure que les États-Unis vont «prendre le contrôle de la bande de Gaza»

Gaza ravagée

Gaza ravagée par l'armée israéliene.

Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis allaient « prendre le contrôle de la bande de Gaza » lors d’une conférence de presse au côté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Abdelmadjid Tebboune avait dit, dans son entretien donné à L’Opinion, que la déclaration de Trump de déplacer les Gazaouis était une parole malheureuse, mais les faits sont là. Il ne s’agit pas d’une parole improvisée. Le président américain a précisé son propos au cours d’une conférence de presse au côté de Benyamin Netanyahu tout réjoui.

Donald Trump lit son discours au pupitre de la Maison Blanche, souligne notre correspondant à Miami, David Thomson. Il propose en pleine conférence de presse conjointe, aux côtés du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, « une prise de contrôle à long terme » de la bande de Gaza par les États-Unis. « Je vois ça apporter une grande stabilité à cette partie du Moyen-Orient, et peut-être à tout le Moyen-Orient. Tout le monde à qui j’ai parlé aime l’idée que les États-Unis prennent le contrôle de ce territoire », a affirmé le président américain. « Ce n’est pas une décision prise à la légère », a-t-il insisté.  Il ne s’est pas épanché sur la manière dont il comptait le faire, parlant d’un projet « à long terme ».

Le président américain a également répété que les habitants de Gaza pourraient aller vivre en Jordanie ou en Égypte, malgré l’opposition de ces pays et des Palestiniens eux-mêmes. Donald Trump est convaincu de pouvoir les faire changer d’avis : « J’ai le sentiment que le roi de Jordanie et le général d’Égypte vont ouvrir leur cœur et nous donnerons la terre dont nous avons besoin pour faire ca pour que les gens vivent en paix »

Une « riviera » du Proche-Orient ?

Donald Trump a aussi imaginé pouvoir transformer la bande de Gaza en « Côte d’Azur du Moyen-Orient », après avoir dit vouloir que les États-Unis prennent le contrôle de ce territoire palestinien. « Nous avons l’occasion de faire quelque chose qui pourrait être phénoménal », a insisté le président américain, en espérant superviser la reconstruction de cette enclave bombardée. Des propos qui font écho à de précédentes déclarations de son gendre, Jared Kushner, sur le potentiel immobilier du front de mer gazaoui.  

« Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec », parlant du territoire palestinien comme d’un « chantier de démolition ». « Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes », a-t-il ajouté, en soulignant que les États-Unis allaient « aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits », afin de développer économiquement le territoire palestinien.

La déclaration sidère l’assistance, d’autant que Donald Trump n’exclut pas d’utiliser la force si nécessaire.

Une proposition qui pourrait « changer l’Histoire » selon le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qui semble dépassé par les paroles du président américain, souligne encore notre correspondant.

Notre objectif, dit-il, est que Gaza ne représente plus jamais une menace pour Israël, mais le président Trump dit-il, met la barre encore plus haut. « Je l’ai déjà dit, je le répète : vous êtes le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche », a-t-il affirmé, en saluant la capacité du milliardaire républicain à « penser de manière différente ».

Laisser les Gazaouis rentrer chez eux, dans les villes d’où ils ont été expulsés en 1948

L’annonce de Donald Tump, si elle prenait effet, serait surtout l’aboutissement des visées annexionnistes du gouvernement israélien, qui rêve de mettre la main sur l’enclave palestinienne. Plusieurs ministres israéliens, ceux de l’extrême droite notamment, appellent ouvertement à l’expulsion de tous les Gazaouis, rappelle le correspondant de RFI à Jérusalem. 

Durant ces 15 mois de guerre, Benyamin Netanyahu a tout fait pour déplacer de force la population de Gaza. La pousser vers l’Égypte voisine, en vain… Donald Trump, épouse donc cette vision. Et lui donne même un vernis humanitaire. Car pour lui, les Palestiniens de Gaza méritent mieux. Ils méritent de vivre en paix, dans un bel endroit, et dans de bonnes conditions. Loin du champ de ruines qu’est Gaza.  

Donald Trump a tout prévu. Les Gazaouis resteront vivre dans la région en Égypte ou en Jordanie. Mais ces deux pays rejettent catégoriquement cette proposition. « Ils l’accepteront », dit avec détermination Donald Trump, qui affirme que d’autres pays au Proche-Orient « adorent cette idée ». 

Expulser de force les Gazaouis de leur terre constitue un crime de guerre. C’est un nettoyage ethnique. 

Les Palestiniens ont réagi sur les réseaux sociaux et certains suggèrent cette autre idée : 80 % des Palestiniens de Gaza ne sont pas originaires de Gaza, mais de villes devenues israéliennes lors de la création de l’État hébreu en 1948 : Jaffa, Haïfa, Beer Sheva. Si les Gazaouis devaient être déplacés quelque part : le plus simple serait de les laisser rentrer chez eux, dans leurs villes d’origine en Israël. 

Benyamin Netanyahu affirme également qu’un accord de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël allait « se faire ». Mais, pour sa part, l’Arabie saoudite a dit écarter toute normalisation avec Israël sans création d’un État palestinien « avec Jérusalem-Est comme capitale ».

Dans la même journée, le président américain Donald Trump avait déclaré à des journalistes qu’il « adorerait » conclure un accord avec l’Iran pour améliorer les relations bilatérales, mais a ajouté que Téhéran ne devrait pas développer d’arme nucléaire.

Une « recette pour créer le chaos »

Le président américain a suscité récemment une vague d’indignation internationale en proposant de faire « tout simplement le ménage » dans la bande de Gaza et de transférer ses habitants dans des lieux « plus sûrs » comme l’Égypte ou la Jordanie, hostiles à l’idée. Mais le président américain fait monter la pression et assure qu’il obtiendra gain de cause. Donald Trump doit recevoir dans la semaine le roi de Jordanie Abdallah II et s’est déjà entretenu au téléphone avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Un dirigeant du Hamas, Sami Abu Zuhri, a fustigé les déclarations de Donald Trump sur le déplacement des Palestiniens, estimant qu’elles étaient une « recette pour créer le chaos » au Proche-Orient. L’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a lui appelé les dirigeants du monde à « respecter les souhaits du peuple palestinien » à vivre à Gaza.

La rencontre de mardi avec Benyamin Netanyahu à la Maison Blanche survient au moment où reprennent de délicates négociations sur la poursuite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dont une première phase est entrée en vigueur le 19 janvier. Le Hamas a annoncé mardi que « les contacts et négociations pour la deuxième phase » du cessez-le-feu avaient « commencé ». Israël avait expliqué plus tôt qu’il enverrait « en fin de semaine » une délégation au Qatar, l’un des trois pays médiateurs avec les Etats-Unis et l’Egypte, pour discuter de la poursuite de la trêve.

Avec RFI

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