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Donald Trump : Nobel de la paix, mais seulement pour les guerres imaginaires

Donald Trump

Trump

Donnons à Trump ce Nobel de la Paix, allons ! Il le mérite bien mieux qu’un écrivain, lui qui prétend avoir arrêté huit guerres en huit mois.

Attribuons donc, sans tarder, la médaille suprême à l’homme qui a réussi l’impossible : huit conflits soldés aussi vite qu’on avale huit hamburgers. Ne chipotons pas sur les détails : personne ne sait vraiment quelles guerres, personne ne pourra jamais vérifier. Mais qu’importe, Trump le dit, donc c’est vrai. D’ailleurs, à quoi bon consulter les archives de l’ONU, de l’OTAN ou même un atlas ? La vérité géopolitique est désormais orange et coiffée d’un brushing impeccable.

On suppose que parmi ces guerres réglées à la hussarde, il y a l’Ukraine, soldée en un claquement de doigts, avec Poutine reconverti en chef de village folklorique, distribuant des drones-matrioshkas au lieu de missiles. Gaza ? Une simple formalité. Trump voulait débarrasser cette terre sainte et en faire une Riviera avec hôtels cinq étoiles, piscines à vagues et croisières panoramiques sur les ruines.

Soixante-cinq mille morts ? Allons donc, qu’importe : pauvres avec ou sans bombes, ils seraient morts quand même, se console le businessman de la paix. L’Iran ? Affaire classée. Les missiles qui avaient fragilisé le matériel américain en Israël se sont vus répondus par des B-2 larguant des « bunker busters » comme des confettis rouges, blancs et bleus dans une parade du 4 Juillet. Une case de plus cochée dans l’agenda de sauveur planétaire.

Et la palme revient à son génie cartographique : avoir découvert, avant Google, la guerre secrète entre l’Azerbaïdjan et… l’Albanie. Oui, vous avez bien lu. Deux pays séparés par plus de 2 500 kilomètres et une poignée de nations entières, mais peu importe : dans la galaxie Trump, ils sont voisins, ennemis, et probablement candidats à une fusion nucléaire. Les professeurs de géographie du monde entier peuvent désormais changer de métier ; la géostratégie se réinvente à coups de globes gonflables made in MAGA.

Qu’on ose seulement contester ce génie ! Trump n’a pas besoin de connaître les capitales, il les invente. Pas besoin de rapports à l’ONU, il improvise. Une coupure budgétaire à toutes les ONG ? Sa stratégie humanitaire : si elles meurent, elles ne réclameront plus de subventions. Une tempête tropicale en Floride ? Sabotage chinois de la météo. Et que dire de cette fameuse réunion de tous les généraux, qui a coûté un budget colossal juste pour papoter autour d’un verre ? Si ce n’est pas une volonté de paix, qu’est-ce que c’est ?

Pas besoin de diplomates, il envoie des tweets en majuscules et le monde tremble. L’écrivain, lui, polit ses phrases, cherche ses métaphores. Trump, en une minute, transforme un champ de bataille en club de golf, un missile en balle de practice, un cadavre en chiffre de sondage. Si ça, ce n’est pas du style, qu’est-ce que c’est ?

Et puis, franchement, donner le Nobel à un écrivain, c’est dépassé. Les romans, ça trouble les consciences. Trump, lui, apaise les foules. Qu’importe les cadavres, les frontières ou la réalité : Trump offre la paix à des guerres imaginaires. Il pourrait demain revendiquer la victoire dans la guerre de Troie ou annoncer un cessez-le-feu définitif entre les Gaulois et les Romains. Et qui oserait le contredire ? Dans son monde, l’Histoire se plie, la carte se froisse, les cadavres se comptent comme des points bonus, et la paix se vend comme un produit dérivé.

Alors oui, donnons-lui son Nobel, immédiatement. Non pas pour ce qu’il a accompli, mais pour l’art magistral de l’affirmation gratuite. La paix selon Trump n’existe pas dans les faits, elle existe dans ses phrases. Et puisque ses phrases sont plus fortes que les réalités, plus absurdes que les atlas, plus spectaculaires que les bilans, offrons-lui cette médaille en or. Après tout, c’est moins dangereux qu’un porte-avions.

Zaim Gharnati

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