La veuve de l’islamologue algérien, feu Mohamed Arkoun, a fait donation de la bibliothèque de son mari à la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc (BNRM).
L’information est rapportée par plusieurs médias marocains qui indiquent que le fonds documentaire est constitué de plus de 5 000 œuvres et 7.000 revues spécialisées couvrant différents champs littéraires et scientifiques, qui sont issues de la bibliothèque du défunt penseur Mohammed Arkoun.
La convention de donation, ajoute-t-on encore, a été signée, mercredi 1 mars 2023, à Rabat, en présence de ministres, de personnalités du monde de la culture, de membres de la famille du regretté et de ses compagnons.Le document a été paraphé par le directeur de la BNRM, Mohamed El Farran, et la veuve de feu Mohammed Arkoun, Touria Yacoubi Arkoun, lors d’une cérémonie tenue au siège de la BNRM.Le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, ont pris part à la cérémonie de donation faite par la veuve du Penseur algérien décédé à Paris le 14 septembre 2014 et enterré au Maroc. Touria Yacoubi Arkoun a, selon les comptes rendus des médias marocains, a souhaité que la bibliothèque de son défunt mari « soit placée entre les murs de cet ancien bâtiment (la Bibliothèque nationale) après un long parcours et des obstacles qui ne l’ont pas découragée de réaliser sa volonté consistant à ce que les archives littéraires du penseur Mohammed Arkoun soient immortalisées et passées de génération en génération ».
Dans par un post publié sur sa page officielle Facebook, le romancier algérien rend hommage au Penseur algérien Mohamed Arkoun dont il loue le mérite à l’apport à la pensée universelle mais se désole que la richesse et la pertinence de ses idées n’aient pas profité à son pays d’origine qu’il a quitté presque comme un pestiféré en 1975, suite à une altercation publique avec Imam égyptien, lors d’un sommet sur la pensée islamique organisé par l’Algérie, à Béjaïa. La diatribe du prédicateur intégriste égyptien élève par Algerie au rang de grand moufti de la République n’a pas fait réagir les organisateurs algériens de cette rencontre.
Dépité et outragé, Arkoun a quitté l’Algérie. Mais sa pensée a essaimé sous d’autres cieux, et ses lumières ont profité au reste du monde. C’est ce que dit l’auteur de Les Vertueux, Yasmina Khadra dans ce court message.
« De temps à autre, la presse nous apprend que tel ou tel Algérien a créé, inventé, découvert, excellé, défrayé la chronique dans un lointain pays de Cocagnes. Bien sûr, nous sommes ravis de voir les nôtres montrer l’étendue de leur talent et de leur génie. Ravis, mais navrés à la fois en songeant à ce que ces êtres de lumière, pour la plupart formés par l’université algérienne, pourraient apporter à notre patrie.
Savez-vous, par exemple, que le projet social de l’Indonésie s’inspire exclusivement de la Pensée de Mohamed Arkoun ? Attention, il ne s’agit pas d’une affabulation. La société indonésienne s’articule bel et bien autour de la pensée de M. Arkoun, l’Algérien. Je tiens cette information de l’ambassadeur indonésien à Tunis lui-même. Il était même très fier du choix de son pays.
Mohamed Arkoun, pour ceux qui ne le connaissent pas, est une comète qui ne passe qu’une seule fois dans le ciel d’une nation. Nous l’avons pris pour une étoile filante et nous avons fait un voeu improbable, mais ce n’était pas une étoile filante, c’était l’aurore boréale de la nuit du Destin. Cette générosité incarnée aurait sauvé beaucoup de générations et épargné à l’Algérie énormément de dérives et de drames.
Qu’il repose en paix en attendant la nôtre. »
Samia Naït Iqbal