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Douze parlementaires français en Algérie pour reconnaître les massacres de 1945

Une partie de la délégation de parlementaires français à Alger.

Une partie de la délégation de parlementaires français à Alger.

Une délégation, principalement composée de députés de gauche et du centre, se rend en Algérie pour commémorer le 80e anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, tout en appelant à une reconnaissance officielle de ces crimes coloniaux par la France.

Le 8 mai 2025 marquera le quatre-vingtième anniversaire des massacres tragiques de Sétif, Guelma et Kherrata, qui ont coûté la vie à des milliers d’Algériens. En anticipation de cette date, une douzaine de parlementaires français ont fait le déplacement en Algérie, symbolisant un pas vers la reconnaissance des crimes coloniaux de la France. Ce voyage aux enjeux mémoriels et politiques s’inscrit dans un contexte de tensions et de débats sur le colonialisme.

Les douze parlementaires – Fatiha Keloua-Hachi, Sabrina Sebaihi, Danielle Simonnet, Karim Ben Cheikh, Belkir Belhaddad, Sophie Briante Guillemont, Raphaël Daubet, Ahmed Laouedj, Laurent Lhardit, Akli Mellouli, Adel Ziane – expliquent que ce déplacement « s’inscrit dans le cadre du groupe de travail lancé le 8 mai 2024 visant à reconnaître officiellement les massacres commis en Algérie à Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945. » Et d’ajouter : « Ce déplacement en Algérie doit marquer une étape dans la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans ces crimes coloniaux.« 

Reconnaissance des massacres : une nécessité politique

Alors que la mémoire des massacres de 1945 hante encore les esprits, ces parlementaires, parmi lesquels se trouve la députée écologiste Sabrina Sebaihi, insistent sur l’importance pour la France de faire face à son passé colonial. « Il est crucial que la France reconnaisse ses responsabilités historiques pour apaiser les mémoires », a-t-elle affirmé. Cette démarche s’accompagne d’un groupe de travail visant à promouvoir la reconnaissance officielle des événements tragiques survenus il y a quatre-vingts ans.

Une commémoration controversée

Cependant, cette initiative ne fait pas l’unanimité. Certains membres de la classe politique, notamment du camp nationaliste, critiquent ce déplacement, arguant que la commémoration devrait se dérouler sur le sol français, en hommage aux victimes françaises. L’association du 8 Mai 1945 réclame, elle depuis de nombreuses années, une reconnaissance des victimes françaises des massacres, soulignant la complexité des mémoires en jeu.

L’importance de l’apaisement des mémoires

Face à cette opposition, les parlementaires engagés dans ce projet insistent sur l’importance de l’apaisement des mémoires. « Il n’est pas question d’oublier les victimes françaises, mais il est nécessaire de reconnaître que ces événements ont touché aussi beaucoup d’Algériens », ont-ils défendu. Le besoin de dialogue entre les deux pays sur ce sujet sensible est plus que jamais d’actualité.

vers une réconciliation des mémoires ?

Ce déplacement constitue un nouveau chapitre dans les relations franco-algériennes, marquées ces derniers mois d’une tension très vive qui frôle la rupture diplomatique. Le besoin de reconnaissance mutuelle des souffrances. L’Algérie et la France gagneraient à travailler ensemble sur cette question mémorielle pour couper l’herbe sous les pieds des extrêmes.

Rabah Aït Abache

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