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Drone malien abattu par l’Algérie : crise diplomatique avec l’Alliance des pays du Sahel

Les militaires du Sahel

Les putschistes du Sahel remontés contre l'Algérie

L’incident survenu fin mars à la frontière algéro-malienne vient raviver les tensions entre l’Algérie et les régimes militaires de l’Alliance des États du Sahel (AES). Le Mali accuse l’Algérie d’avoir délibérément abattu un drone militaire en mission de reconnaissance, un acte perçu comme une provocation grave par Bamako et ses alliés, le Burkina Faso et le Niger.

En réponse à cet incident, les trois pays membres de l’AES ont annoncé, dans un communiqué conjoint, le rappel pour consultations de leurs ambassadeurs accrédités en Algérie. Cette décision marque une escalade significative dans les tensions régionales et témoigne de la rupture croissante entre l’AES et Alger.

Le Conseil des chefs d’État de l’Alliance a exprimé sa « ferme condamnation » de ce qu’il qualifie « d’action irresponsable du régime algérien », dénonçant une atteinte à la souveraineté du Mali.

Bamako accuse Alger d’un acte délibéré

Le ministère malien des Affaires étrangères affirme avoir mené une enquête qui aurait permis de conclure que le drone, utilisé pour une mission de surveillance, a été détruit dans un « acte hostile délibéré » de la part de l’armée algérienne. L’épave a été retrouvée à 9,5 kilomètres au sud de la frontière, ce qui renforce, selon les autorités maliennes, la thèse d’une violation manifeste de leur intégrité territoriale.

Silence radio du côté d’Alger

L’Algerie n’a pas encore réagi à ces nouveaux développements. Dans un communiqué diffusé fin mars, Alger a reconnu avoir abattu un « drone de reconnaissance armé » ayant violé son espace aérien dans la nuit du 31 mars, près de la localité frontalière de Tin Zaouatine. Aucune précision supplémentaire n’a été apportée par le ministère algérien de la Défense, et aucune réaction officielle n’a suivi les accusations malienne. L’armée malienne avait d’abord évoqué un crash technique, avant de requalifier l’incident comme une attaque

Des relations de plus en plus tendues

Cet épisode vient accentuer un climat déjà marqué par des différends diplomatiques et sécuritaires entre l’Algérie et les pays de l’AES, qui s’éloignent progressivement des partenaires traditionnels pour renforcer leur coopération régionale. L’Algérie, qui se positionne comme médiatrice dans les crises sahéliennes, voit son influence contestée par des régimes qui reprochent à Alger sa posture ambivalente.

La destruction du drone malien fait figure de catalyseur d’un conflit diplomatique jusque-là latent, illustrant l’approfondissement du fossé entre les ambitions sécuritaires de l’Alliance des États du Sahel (AES) et les intérêts stratégiques de l’Algérie.

Simple coïncidence ou geste calculé, la réaction coordonnée des trois membres de l’AES intervient au moment même où Paris et Alger annoncent un rapprochement stratégique, avec la relance de leur coopération en matière de sécurité et de renseignement dans la région du Sahel. Une convergence qui ne manque pas de nourrir la méfiance des régimes sahéliens envers l’Algérie, perçue de plus en plus comme alignée sur les puissances occidentales.

 Par ailleurs, cette reprise de coordination franco-algérienne pourrait également susciter des réserves chez d’autres acteurs influents sur la scène saharienne, tels que le Maroc, la Russie ou encore la Turquie, qui voient dans ce rapprochement un possible rééquilibrage régional contraire à leurs intérêts stratégiques.

Samia Naït Iqbal

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