L’éducation de nos enfants est une affaire trop sérieuse pour laisser les médiocres du pouvoir s’en mêler et la confisquer aussi ! Ci-après, quelques réflexions sur l’art et la manière de faire, si tant est que le pouvoir cesse de s’entêter et fasse appel aux véritables compétences du pays au lieu de les disqualifier ! D’autant que ces compétences sont sur la voie de disparition. Dans 10 à 20 ans, le vent du temps aura tout balayé sur son passage.
C’est maintenant ou jamais de proposer des solutions au lieu de se contenter de critiquer.
Les derniers remous concernant les résultats du bac et le remplacement du français par l’anglais ne peuvent laisser indifférents tous ceux qui ont à cœur de sauver les générations futures de l’emprise dévastatrice de l’idéologie islamiste. Une idéologie ensemencée par une arabisation empressée et très mal gérée par les tenants du pouvoir depuis Ben Bella. Du haut d’un QI qui ne doit pas excéder celui d’une poule qui caquette derrière un grillage, incapable d’avoir le réflexe de contourner la clôture pour atteindre une ration de grains placée de l’autre côté, nos responsables ne font que délimiter une ligne rouge à ne pas franchir concernant la langue arabe, la cause principale de la faillite de notre système éducatif ! Ce système absurde qui a permis aux plus médiocres de régner en haut lieu pour se retrouver à la tête de grands ministères.
Il y a quelque années, un dessin d’Ali Dilem représentait des militaires sur les traces des islamistes. Sur leur lancée, ils se retrouvent justement à l’entrée d’une école, ces lieux de savoir transformés en usines à terroristes. Ce terrorisme s’est d’ailleurs répandu sous forme verbale sur les réseaux sociaux pour prendre des proportions effrayantes. Les débats se transforment couramment en insultes grossières et autres insanités qui ne laissent place à aucun argumentaire digne d’un cursus académique opérationnel.
Même les dinosaures militaro-politiques l’avaient compris dès les années 1990. Le général Smaïn Lamari et l’ex-ministre de l’intérieur Yazid Zerhouni n’ont-ils pas, tour à tour, postulé que le terrorisme islamiste ne pouvait être vaincu si on ne s’attaquait pas à la matrice idéologique qui le produisait et en assurait la transmission d’une génération à l’autre ? Quelle autre matrice que l’École pourrait mieux assurer le transfert de ces messages d’aliénation qui ont transformé nos chérubins en bombes à retardement, au service d’une cause idéologique indigne du XXIe siècle ?
En théorie, ils sont nombreux à l’avoir compris, mais en pratique on a laissé faire Benbouzid pendant 20 ans. Ce ministre qui s’en allait gaiement discourir dans les écoles privées avec pour unique souci, en guise de toute pédagogie, celui de défendre la langue du coran ! Car c’est bien de cela qu’il s’agit. L’École algérienne n’a pas été arabisée au sens académique du terme, mais bel et bien islamisée, et de façon barbare, suite à des recrutements accélérés d’enseignants de très bas niveau, et qui ont conduit aux résultats que tout le monde connaît : Des Ali Belhadj qui n’ont pas le QI suffisant pour décrocher le bac après plusieurs tentatives, mais qui ont retenus suffisamment de versets pour s’estimer capables de diriger un pays, quitte à en éliminer toute la plèbe considérée impie. Comme du temps des références historiques barbares auxquelles on a attelé l’Afrique du Nord.
Pourtant, il suffirait d’une quinzaine d’années pour redresser la barre et former le citoyen de demain. Encore faut-il que tout le monde se conforme à une représentation absolue de l’action d’éduquer, c.a.d. à la définition qu’en donnent les dictionnaires : « former quelqu’un en développant et en épanouissant sa personnalité ». Définition à laquelle il est facile d’intégrer tout un arsenal de ramifications dont toute École qui se respecte se doit de faire germer :
– Éduquer, c’est apprendre à produire et non à reproduire !
– Éduquer, c’est civiliser et non aliéner !
– Éduquer, c’est mener l’enfant, l’adolescent ou l’adulte à une réflexion propre et non à des récitations de « kala Allah kala rasoul » insipides, incohérents et infertiles !
– Éduquer, c’est apprendre à reconnaître les voies d’une sagesse accomplie et universelle et non se laisser berner par l’illusion que l’on peut l’y puiser de ces textes violents et incohérents véhiculés par toutes les religions !
– Éduquer, c’est apprendre à tracer son chemin pour devenir responsable, pour soi et pour les autres !
– Éduquer, c’est jeter les bases de la tolérance afin d’éradiquer le fanatisme dangereux qui mène irrémédiablement au terrorisme !
– Éduquer, c’est apprendre à aimer les siens et les autres et ne pas réserver son potentiel affectif à ce créateur méchant, vengeur et exterminateur que présente le livre du « achraf el-mourssalines », de la sourate al-fatiha à la sourate el-khitm !
– Éduquer, c’est formater les cœurs à vibrer à l’extase et éveiller les sens pour apprécier la beauté des choses et des êtres !
– Éduquer, un enfant c’est lui apprendre à rêver, que ce soit au passage d’une jolie fille en sachant refouler d’éventuels débordements primitifs, ou en voyageant dans le ciel et les étoiles aux rythmes des découvertes scientifiques !
– Éduquer, c’est apprendre à militer pour la paix, l’égalité, la fraternité entre tous les peuples de la Terre !
– Éduquer, c’est apprendre à être conscient que notre monde, le mien, le vôtre, n’a qu’une seule origine : la femme ; seul être digne de vénération, de la mère à l’épouse, de l’épouse à la fille !
– Éduquer c’est apprendre à sourire, à rire et non à baigner dans la tristesse permanente de la soumission mystique !
– Éduquer, c’est apprendre à croquer la vie, tout en respectant celle des autres, et non à vénérer la mort !
Est-ce que le l’école algérienne a suivi ces fils conducteurs simples et universels ? Bien sûr que non ! Au lieu de cela, on a formaté des esprits vierges sur des commandements, pour le moins violents du style : « Combattez ceux qui ne croient ni en Dieu ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, en état d’humiliation ». No comment, n’est-ce pas ?
– Éduquer, c’est faire chevaucher l’intelligence aux rythmes des galops du 21e siècle et non la sacrifier sur l’autel des sornettes et autres barbaries du 7ème !
– Éduquer, c’est apprendre à construire un regard intérieur sur la vie et non se contenter de reproduire le schéma de la djahilia tel qu’il est martelé dans nos écoles par des instructeurs qui ne dépassent pas le QI de nos députés.
-Eduquer, c’est apprendre à persévérer pour être meilleur d’une année sur l’autre en développant ses propres capacités et non se laisser berner par la triche, ce sport national infécond pratiqué au vu et au su de la plupart des enseignants, du primaire au Collège, du Lycée à l’Université !
– Éduquer, c’est rehausser le niveau de conscience du citoyen pour qu’il s’implique dans les enjeux et les défis auxquels il sera inévitablement confronté dans les prochaines décennies ! Des défis qui compromettent la survie même de l’espèce humaine.
– Éduquer l’Algérien, c’est lui apprendre à reconnaître les véritables référentiels de son histoire, s’en imprégner dans le respect de chaque individu, de chaque composante de nos sociétés dont le socle commun existe mais que les dictateurs, qui se suivent et se ressemblent depuis 1962, ont décalé pour le placer en un lieu spatio-temporellement éloigné et contre-nature par rapport à l’Afrique du Nord.
En résumé, éduquer, c’est transformer l’individu passif en citoyen actif !
Se pose alors la question fondamentale : quelle langue est à même de formater le citoyen de demain pour le rendre conforme à ces postulats et bien d’autres ? La langue d’El Djahidh et autres Moutanabi ? Et que Nenni ! Nos divers dialectes, qui divergent d’un endroit à un autre ? Non plus ! Reste la seule langue, le véritable butin de guerre, celui qui a éveillé les consciences pour dire non au colon : la langue de Voltaire et de Molière ! Et ça, la plupart des familles aisées, commerçants, cadres civils et militaires l’ont bien compris. La grande majorité des citoyens qui appartiennent à la classe sociale supérieure confie l’éducation de ses enfants à des écoles privées. Et les programmes dans ces établissements sont calqués sur des formats universels, la langue de Molière y jouant le rôle prioritaire.
J’ai eu la chance de visiter une école privée dans l’Algérois, au printemps 2013. Chaque fois que nous nous introduisions dans une salle de cours, accompagnés de la directrice, les enfants se levaient en posture garde-à-vous, comme du temps de « nos ancêtres les Gaulois ». Alors pourquoi les enfants issus de familles aisées seraient-ils ainsi favorisés pendant qu’on cherche gauchement et mollement le moyen d’extirper les enfants du peuple des bras de la bête immonde tout en la caressant dans le sens du poil ?
Il faut oser dire les choses sans complexe ni démagogie: l’arabisation, strictement basée sur une islamisation stérile véhiculée par des enseignants incultes, a été un fiasco, un facteur de division, un agent d’abêtissement, un virus qui a inhibé toute réflexion dans les cerveaux vierges de nos enfants, lesquels devenus adultes se laissent berner par les discours trompeurs du premier venu, au point de croire que servir de chair à canon est le chemin le plus court pour rejoindre le paradis et ses illusions !
Les dialectes du terroir peuvent-ils vraiment redresser la barre pour tracer les chemins d’une éducation qui puisse englober les ingrédients précédents ? Permettez-moi d’en douter ! S’il s’agit juste de faire décoder des lettres de façon différente, alors nous n’avancerons pas du moindre iota.
De toute façon, comme le sommet de la pyramide du pouvoir a toujours été le seul habilité à trancher, l’avenir de nos petits chérubins dépendra, comme toujours, des résultats des dribbles entre députés et ministres ! Ces novices politiques qui n’ont rien compris à la pédagogie d’un peuple !
Et là, quel que soit l’angle de vision sous lequel on entrevoit ces remous, on y décèle l’empreinte d’un pouvoir qui se moque allègrement de la formation des générations futures, pourvu que soit assuré l’avenir de leur propre progéniture. Pour cela, ils sauront leur léguer les codes nécessaires pour perpétuer le pillage et la rapine d’un peuple qu’il est préférable de laisser embourbé dans l’ordonnance divine.
La langue arabe est belle, nos dialectes (au sens noble du terme) ou nos langues régionales, si vous préférez, sont beaux, mais respectons-les en ne leur faisant pas porter la charge de nos échecs. Nous avons un butin de guerre, le français, sachons le faire fructifier. Cela n’enlèvera rien à nos identités, bien au contraire, nous saurons mieux les défendre et en puiser nos fiertés !
Il est peut-être utile d’insister sur le fait que l’idée développée çà et là, selon laquelle ce n’est qu’à travers la langue maternelle que l’on transmet des valeurs et un imaginaire, est inexacte ! Bien au contraire, il est admis que plus tôt un enfant baigne dans une deuxième langue, meilleur est le développement de son cerveau, lequel s’accélère dans les deux lobes frontaux suivant le même rythme.
De ce fait, apprendre une autre langue dès la maternelle est bien plus un gage de réussite que d’échec, comme voudraient nous le faire croire les partisans d’une fixation aux langues maternelles ! D’ailleurs, ne sommes-nous pas tous passés par là ?
Arrêtons de jouer à cache-cache et attelons-nous tous à la tâche pour soustraire l’Algérie de ce demi-siècle de gabegies et d’entaches ! La condition nécessaire et suffisante pour ce faire est un retour sans complexe au butin de guerre, la langue de Molière. Encore faut-il que ceux qui l’ont confisqué à leur unique profit daignent bien le partager, ce dont il est permis de douter !
Kacem Madani