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Egypte : Abdelfattah Sissi profite du Covid-19 pour renforcer l’état d’urgence

EXPRESS

Egypte : Abdelfattah Sissi profite du Covid-19 pour renforcer l’état d’urgence

L’Égypte a officiellement recensé 16 513 cas et 735 décès liés au coronavirus ce dimanche 24 mai. Ces derniers jours, le nombre de contaminations augmente avec un record de 745 cas pour la seule journée de mercredi 20 mai. Entre couvre-feu nocturne et dons médiatisés de matériel médical aux États-Unis ou à la Chine, les autorités du Caire ont voulu se montrer présentes face à la pandémie. Mais sur fond de crise sanitaire, la répression se poursuit, suscitant l’inquiétude des défenseurs des droits humains. Et l’Égypte risque de subir une aggravation de sa situation économique.

Virus sur le Nil. En ce mois de février 2020, plusieurs touristes étrangers sont diagnostiqués porteurs du coronavirus à leur retour dans leurs pays d’origine, après une croisière sur le fleuve égyptien. Le 8 mars, c’est dans une station balnéaire de la Mer Rouge qu’est signalé le décès d’un touriste allemand, première victime de l’épidémie officiellement recensée en Égypte.

« Des touristes rentraient chez eux avec le coronavirus et au même moment les autorités égyptiennes assuraient qu’il n’y avait absolument rien », se souvient un Français qui étudiait au Caire. Le jeune homme constate alors « un déni généralisé » de l’épidémie et se souvient de « la chasse aux fausses informations » que les autorités égyptiennes entendent mener. C’est ainsi que la correspondante du journal britannique The Guardian se voit contrainte de quitter le pays en mars après avoir cité dans un article une étude scientifique canadienne estimant que le nombre de cas de coronavirus en Égypte était très probablement fortement sous-estimé.

Comme d’autres expatriés inquiets, notre étudiant français fait promptement sa valise et quitte l’Égypte à la mi-mars, au moment où des mesures fortes sont finalement prises : fermeture des aéroports du pays le 19 mars, puis couvre-feu à partir du 25 mars (d’abord à 19h chaque soir puis 21h actuellement, jusqu’à 6h du matin). Écoles, universités, mosquées, églises et restaurants sont fermés. « Rien n’est comme d’habitude au Caire », nous dit un habitant de la capitale qui n’avait jamais vu autant de rideaux baissés. Comme dans d’autres pays, ce jeune Égyptien décrit le décalage entre « ceux qui peuvent travailler de chez eux et ceux qui doivent se rendre sur leur lieu de travail ». C’est « une ville fantôme », nous confie cet habitant du Caire sidéré par ce mois de ramadan qui ne ressemble à aucun de ceux qu’il a connus : « Les mosquées sont fermées et il n’y a aucune décoration de ramadan dans les rues. » En cette période traditionnellement fêtée en famille, beaucoup limitent leurs visites « surtout pour protéger les grands-parents ».

Le gouvernement a déjà annoncé le renforcement des mesures pendant l’Aïd el Fitr qui marque la fin du ramadan. Du 24 au 29 mai, le couvre-feu débutera à 17h heures locales, les transports en commun ne fonctionneront pas et « tous les magasins, centres commerciaux, restaurants, lieux de divertissement, plages et parcs publics seront fermés », a prévenu le Premier ministre Moustafa Madbouli. Le gouvernement égyptien annonce par ailleurs des préparatifs pour que 35 hôpitaux soignent les malades du coronavirus. Des centres de dépistage ont été ouverts et plus d’un million de tests ont été réalisés, selon Mohamed Awad Tageddine, conseiller santé auprès du président Abdel Fattah al-Sissi.

Auteur
RFI

 




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