Le quotidien espagnol El Confidencial a relancé, dans un article publié ce 25 septembre 2025, les spéculations autour d’une évasion rocambolesque de l’ex-patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) algérienne, le général Abdelkader Haddad, plus connu sous le surnom de Nacer el Djen (« le Diable »).
Selon ce média, l’officier, écarté de son poste il y a quatre mois et successivement incarcéré dans les prisons militaires de Blida puis de Béchar, aurait profité de sa résidence surveillée à Dely-Ibrahim pour s’enfuir clandestinement vers l’Espagne à la mi-septembre, via une embarcation rapide ayant accosté sur les côtes d’Alicante.
Selon El Confidencial, Nacer El Djinn aurait affirme avoir décidé de s’enfuir car il craignait d’être tué avant son procès et que sa mort soit maquillée en suicide. La même source soutient que sa fuite aurait eu lieu les 18-19 septembre, à bord d’un canot rapide, jusqu’aux côtes d’Alicante, en Espagne. Pourquoi cette destination ? Le journal affirme que l’ancien patron de la DGSI possèderait des biens immobiliers dans ce pays.
Des relais numériques et un écho massif sur les réseaux
Bien avant la parution de l’article espagnol, plusieurs influenceurs algériens installés à l’étranger avaient diffusé cette version des faits. Souvent considérés comme des relais de « gorges profondes » au sein de l’appareil politico-militaire, ces activistes ont amplifié la rumeur, laquelle a rapidement enflammé les réseaux sociaux algériens.
Les autorités algériennes, de leur côté, n’ont fourni aucune confirmation ni démenti concernant cette évasion présumée et l’arrestation tout aussi hypothétique, laissant ces allégations non vérifiées au rang de rumeurs.
Précautions et absence de confirmations indépendantes
Il convient de souligner que, malgré la publication d’El Confidencial, aucun autre grand média espagnol de référence (El País, ABC, El Mundo, agence EFE, etc.) n’a pour l’instant documenté ou vérifié de manière indépendante les détails de cette affaire.
Cette absence de corroboration incite à la prudence quant à la véracité des informations rapportées. Les accusations selon lesquelles le général aurait fui par peur d’un assassinat maquillé en suicide demeurent à ce jour non étayées par des preuves publiques.
Silence d’Alger, communication soutenue du ministère de la Défense
Pendant que le mystère s’épaissit autour du sort de Nacer el Djen, la direction de la communication du ministère de la Défense algérien maintient un rythme soutenu de publications sur des sujets de routine, sans mentionner l’affaire.
La dernière annonce en date, largement relayée par la presse nationale, fait état du déplacement du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général d’armée Saïd Chanegriha, à Tébessa. Il y a félicité une unité de l’ANP ayant éliminé six terroristes dans cette wilaya de l’extrême Est du pays.
Diversion ou démonstration de sérénité ?
Cette communication continue nourrit les interrogations : s’agit-il d’une simple coïncidence, d’une stratégie de diversion destinée à détourner l’attention, ou d’un message implicite visant à rassurer l’opinion sur la stabilité de l’institution militaire ?
En l’absence de confirmations officielles, le dossier Haddad demeure entouré de zones d’ombre, illustrant la sensibilité des rapports de force au sommet de l’appareil sécuritaire algérien.
Samia Naït Iqbal