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El-Harrach, cellule numéro 40 (Acte I)  

Chronique d’un confiné 

El-Harrach, cellule numéro 40 (Acte I)  

De gros nababs ayant dirigé le pays et ses finances se retrouvent encastrés dans une cellule de la célèbre prison d’El Harrach, à Alger. Une salle où l’ambiance qui y règne, en ces temps de pandémie, mérite un plongeon entre ces murs, histoire d’en rire ou d’en pleurer. C’est selon.

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Alger. El Harrach. Dans la cellule n° 40, un bruit étrange fait sursauter un détenu, tard dans la nuit. 

Aussitôt réveillé, il donna l’alerte à ses compagnons de salle.  

– Réveillez-vous, des rats envahissent nos couffins. 

Deux, trois, quatre puis plusieurs détenus sautent de leurs lits. Ils se précipitent, les pieds nus, au fond de la cellule. Plutôt attraper la rage que de se faire bouffer ses provisions. Il fait cependant tellement sombre qu’il fallait vraiment s’approcher des couffins, entassés dans un coin.  Mais que voici une imposante silhouette. 

–    A H’mimed achou T’mskhiragui  , er el yaourt sam’kanis ( H’mimed, c’est quoi ces manières, remets le pot de yaourt à sa place), s’emporte Alilouche. 

–    Akka yah a Alilouche, thtsoudh l’khir ik’khedmagh (C’est ainsi donc Alilouche, tu as oublié tous les services que je t’ai rendu), réplique amèrement H’mimed. 

Des éclats de rire fusent de partout, et s’en suit un véritable brouhaha dans la salle. Bientôt les gardiens de la prison y accourent.  

–  Vous vous croyez en Conseil des ministres ou quoi ? Que chacun regagne son lit. Pas de cirque ici ! 

Tout le monde obéit. El-Fakakir traîne cependant le pas. Il se tient maintenant au milieu de la salle, à bailler et à se frotter les cheveux. Puis, en se tournant vers les gardiens, il lâche : 

– Euh, en fait, ce n’était pas un Conseil des ministres, plutôt une soirée pyjama … hahaha ! 

 Et c’est reparti ! Des éclats de rire, des tape-cinq… et, cette fois-ci, les salles et cellules d’à côté se mettent de la partie. C’est le grand bazar. 

Les gardiens comprennent vite qu’il faut agir. Mais plutôt que de se montrer violents, ils coupent le mal à la racine. Les couffins de vivres des détenus de la cellule N° 40 sont confisqués, mais sans les rats qui ont réussi à s’échapper. 

– Thezridh a Alilou, loukan meqqar thdjidhiyi athtchegh (Tu as vu Alilou, ça t’aurait coûté quoi de me laisser manger le yaourt), regrette H’mimed. 

M. M.

Mail de l’auteur: mehdimehenni@yahoo.fr

Auteur
Mehdi Mehenni

 




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